39. Vers la Victoire

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AARON

— Je t'ai trop manqué ?

En entendant la voix de la voix d'Alison à l'autre bout du fil, je souris immédiatement. M'appuyant contre mon casier, je lâche un petit rire.

— C'est drôle que t'aies répondu si vite. T'es sûre que c'est pas toi qui es obsédée par moi ?

— Dans tes rêves, sûrement.

Je lève les yeux au ciel.

— Comment tu vas ? enchaîné-je.

— Je vais bien, expire-t-elle. Comme toujours. Enfin, pas toujours, mais aujourd'hui, oui. Et toi ?

Je fronce les sourcils.

— Tu sonnes bizarre.

Un silence me répond de l'autre côté et j'ai l'impression d'avoir visé juste. Ce timbre de voix n'est pas le sien, il est bien trop aigu. Et stressé. Alison n'est pas nerveuse lorsqu'on se parle, elle est toujours posée. Je n'arrive pas à très bien comprendre ce qui lui arrive.

— Oui. J'ai seulement un truc important juste après, m'explique-t-elle. Et toi ? répète-t-elle. Comment tu vas ? Le football, ça va ?

J'ai un moment d'hésitation, me demandant si je devrais insister davantage afin de découvrir ce qu'elle me cache ou non. Finalement, je décide que non, comprenant qu'elle me le dira éventuellement. J'observe mes coéquipiers autour de moi et checke ceux qui viennent d'arriver avant de m'installer sur le banc, mon casque entre les mains.

— C'est cool, lui réponds-je. Et je vais bien. Je t'ai parlé de notre match de ce soir, pas vrai ? C'est le premier de la saison, alors on doit commencer fort.

— Je sais que ce sera le cas.

Un petit sourire m'envahit.

— Ton opinion ne compte pas ; t'es biaisée. Et tu ne connais rien au football.

Je peux déjà entendre son outrance.

— Tu veux dire le football américain, c'est ça ? Parce que je sais absolument tout ce qu'il y a à savoir sur le football football.

— Tu vas vraiment pas me laisser avec ça, hein ?

— Jamais, sourit-elle, je peux l'entendre. Si jamais tu décides de devenir un joueur de football un jour, je pourrais peut-être arrêter.

Je me secoue la tête.

— Jamais de la vie.

— OK. Alors tu devras faire avec encore pendant longtemps.

Encore très longtemps, même.

— Yo, Davis ! Ramène tes fesses ici !

Je tourne la tête vers Austin qui m'interpelle, son t-shirt balancé sur son épaule. Je lui jette un mauvais regard, l'interrogeant des yeux quand il me pointe des coéquipiers en pleine dispute. Je lâche un soupir. Être capitaine, c'était mon rêve, oui, mais je ne m'attendais pas à ce qu'être baby-sitter vienne avec le lot.

Je ne compte même plus le nombre de disputes que j'ai dû arrêter, tout ça parce que les autres ne savent pas se comporter. Plus que jamais, la rivalité entre nous est là et, forcément, ça crée des tensions. Tout le monde est sous pression, terrifié par ce que l'avenir nous réserve. Je sais que mon plan B – même s'il est loin d'être ce que je veux –, c'est de travailler avec mes parents.

Mais pour beaucoup ici, c'est leur unique chance. C'est aussi ce dont nous rêvons depuis gamins, alors on veut donner le meilleur de nous-mêmes. Je sais que Wren, lui, est dans le même état d'esprit. Mais lui, au moins, garde son animalité pour lui et ne répand pas son stress sur les autres.

Sensitive Love V : RemontéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant