Sensitive Love V : Remontée

48. Conversation

ALISON

Je continue de caresser les cheveux d'Aaron tandis que ses yeux sont accrochés aux miens. Allongés l'un en face de l'autre dans mon lit, je lui souris avec une telle sincérité que je m'en surprends moi-même. Je ne peux pas exprimer ce que je ressens en cet instant même, auprès de lui, avec sa bague autour de mon annulaire. Tout est tellement intense en moi que c'est difficile d'exprimer quoi que ce soit de cohérent.

Tout ce que je sais, c'est que pour la première fois depuis tellement longtemps, je me sens enfin à ma place. Il n'existe aucun meilleur endroit qu'auprès de lui et je n'arrive pas à croire que ça m'ait pris autant d'années pour le réaliser. Quoi qu'il en soit, je ne regarde pas le passé avec regret, mais plutôt avec reconnaissance. Je me sens tellement en paix auprès de lui. Aucun stress. Aucune peur. Aucun doute. C'est lui et personne d'autre. Du début jusqu'à la fin, ce sera lui. C'est ma plus belle certitude. Aaron est mon unique et plus belle certitude.

J'ai pas mal réfléchi avant de faire cette demande. J'étais hésitante quant au fait qu'il accepterait parce que, en y repensant, ça ne fait que six mois que nous sommes « vraiment » ensemble. Et peut-être que c'est trop tôt. Peut-être que c'est trop précipité. Mais peut-être que ce n'est pas le cas. Peut-être que c'est le bon moment – peut-être même qu'il n'y en a pas vraiment.

La vérité, c'est que je n'ai pas besoin de faire face aux faits pour savoir qu'Aaron est fait pour moi. Je n'ai pas besoin d'années pour être rassurée que je veux passer le reste de mes jours avec lui. Tout ça, je le sais déjà. Je le sais depuis un moment, en réalité. À l'époque, j'avais trop peur. J'étais trop bancale, pas assez forte pour tenir à la vie. Seulement, maintenant que je me suis libérée de mes chaînes, plus rien ne peut m'arrêter. Et j'ai été rassurée de comprendre qu'il était en accord avec ça et qu'il pensait à la même chose. Je ne pense pas que ce soit précipité ; je pense au contraire que j'ai attendu bien trop longtemps avant de réaliser qu'Aaron était là, tout juste sous mes yeux.

Mon seul regret, ce serait celui-ci.

— Tu sais, si je continue à me réveiller avec ton visage en champ de vision, je pourrai plus rentrer chez moi.

Je glousse.

— Je sais. C'est un peu mon plan.

— Tu es diabolique, Alison. Le mal à l'état pur.

Je me contente de l'embrasser avant de continuer à mâcher le chewing-gum que j'ai dans ma bouche. J'en propose également un à Aaron, qui l'accepte sans trop hésiter.

— Puisque t'es enfin réveillé, j'ai pensé qu'on pourrait parler.

Son visage se décompose immédiatement.

— Oh, non. Pas ça. Ali, s'il te plaît. Tu peux pas me faire ça maintenant ; on vient juste de se fiancer !

Je fronce les sourcils.

— Faire quoi ?

Il passe son bras derrière ma tête en me rapprochant de lui.

— Parler. Tout le monde sait qu'un « on doit parler » n'est jamais bon signe, surtout après hier.

Je me redresse immédiatement.

— Pourquoi t'es aussi pessimiste ? Je n'ai aucun regret. Je veux juste te parler de... choses.

Il hausse un sourcil, soudainement intrigué.

— De « choses » ? répète-t-il. Quelles « choses » ?

Je me mords la lèvre.

— Oui, tu sais...

— Je sais pas, non.