Sensitive Love V : Remontée

21. Erreur Réparée

ALISON

Quatre mois auparavant,

— Nous devons y aller.

Je lève les yeux vers Takeshi qui vient de débarquer dans mon apparemment. Je l'observe attentivement, une cuillère en main tandis que je prépare mon petit-déjeuner. Le brun sous mes yeux a l'air sous tension, presque comme s'il était paniqué, d'une certaine manière, ce qui ne lui ressemble pas. Je suis légèrement suspicieuse de le voir dans cet état, d'autant plus qu'il n'est pas du genre à venir sans prévenir.

— Allez où ?

— Caleb. C'est maintenant que nous devons le faire.

Je replonge ma cuillère dans le bol de crème fraîche devant moi, peu intéressée par cette nouvelle.

— T'es sûr ? Parce que c'est déjà ce que tu m'as dit il y a un mois.

Sans l'appui de la SSBA, Takeshi n'a pas les mêmes ressources. Il a gardé quelques contacts de gens loyaux, comme Wada san, mais ça ne reste pas aussi fiable que lorsqu'il y était. Je pensais quand même qu'on réussirait à atteindre notre objectif, mais au fur et à mesure que le temps passe et que les échecs s'accumulent, je commence à perdre espoir. Takeshi est aussi déterminé que le premier jour, mais j'ai envie de mettre fin à l'espoir qu'il me donne sans jamais rien m'apporter.

J'en ai vraiment marre de devoir me fier à des incertitudes, encore plus lorsqu'elles m'amènent à m'enthousiasmer, uniquement pour qu'il m'annonce un jour après que nous ne pouvons pas nous rendre au Mexique. Peu à peu, je réalise à quel point tout ça était stupide. C'était idiot de croire que je pourrais sauver Caleb et le retrouver. C'était débile de me faire à l'idée de pouvoir réparer cette erreur que j'ai commise il y a toutes ces années.

Parce qu'à présent que je regarde la vie en face, je ne parviens pas à comprendre comment j'ai pu y croire ne serait-ce qu'une seule seconde. Tout ce que ça m'apporte, c'est une envie encore plus intense de me défoncer.

— Tout est mis en place, cette fois-ci. Nous n'avons pas beaucoup de temps avant le départ du jet, alors nous devons y aller maintenant.

— Je passe.

Il entrouvre la bouche, étonné par ma réponse. Il devrait sûrement faire quelque chose parce qu'au fur et à mesure que le temps passe, son visage est de moins en moins impassible.

— Alison, nous allons enfin pouvoir aider Caleb, es-tu certaine que–

— Absolument. Si ça t'enchante à ce point, tu peux y aller seul. Je passe.

Il ne sait apparemment plus que dire parce qu'il reste un moment à me contempler comme si j'étais une autre personne. C'est vrai qu'il y a quelques mois, j'aurais sauté sur l'occasion, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Pas quand j'ai aussi peu d'espoir en moi.

Honnêtement, je suis juste épuisée d'attendre, d'espérer, de croire en quoi que ce soit. Je suis juste fatiguée de tout ça. Je n'ai pas envie de passer le reste de ma vie à croire – ni même à faire quoi que ce soit, si je dois être honnête. Je ne sais vraiment plus ce que je veux.

— Je vais y aller, me prévient-il, légèrement hésitant.

Je hausse les épaules.

— Cool.

— Je te laisse l'adresse si jamais tu changes d'avis. Nous partons dans deux heures.

Il écrit quelque chose sur un bloc-notes laissé dans la cuisine avant de déchirer la page et de la poser sur la table. Je ne prends même pas la peine de la regarder, continuant de manger mon petit-déjeuner. Takeshi reste de nouveau un moment à m'observer et je suis presque tentée de le sortir moi-même de l'appartement, mais il finit par le faire de lui-même.