Sensitive Love V : Remontée

19. Échos Solitaires

ALISON

Mon téléphone en main, je poursuis mon chemin jusqu'à l'hôtel qui se dresse sous mes yeux. Il est légèrement plus sombre que l'image que j'ai vu sur Internet, mais il a l'air d'être plutôt accueillant. En y entrant, je suis immédiatement saluée par la réceptionniste qui m'amène ensuite jusqu'à ma chambre. Elle me fait part de toutes les informations nécessaires pour mon séjour et me donne un prospectus pour que je puisse avoir une idée de ce que je veux visiter ; je me retiens de lui dire que je ne suis pas vraiment ici en vacances.

Une fois dans ma chambre, je pose ma valise sur mon lit et m'empresse de ranger mes affaires afin d'en être débarrassée. Après ça, je m'allonge sur mon lit tout en détaillant le plafond, essayant de vider mon esprit de tout le reste. Je me sens bizarre d'être ici, en particulier parce que je me souviens très distinctement de ce qui s'est passé la dernière fois que je suis venue. Je n'étais pas au mieux de ma forme, loin d'être dans mon meilleur état.

Cette ville est loin d'être la tentation qu'est Los Angeles, mais elle en reste une dans laquelle je n'ai aucun réel repère. J'ai prévenu Aaron que j'étais arrivée, mais je n'ai reçu aucune réponse de sa part. Je lui ai promis que je ne m'immiscerais pas dans sa vie, alors je ne compte pas débarquer à sa fraternité. J'aimerais, oui, mais je ne le ferai pas. Je ne veux pas envahir son espace personnel.

Je suis donc condamnée à attendre dans cette chambre d'hôtel. J'ai le numéro de son ami Wren, mais il ne doit pas avoir de temps pour l'inconnue que je suis redevenue. Il doit aussi sûrement m'en vouloir, même si j'ignore ce qu'Aaron lui a vraiment dit. Quoi qu'il en soit, tout le monde me ramène à une seule chose : la solitude.

Je vis avec depuis pas mal de temps, mais j'ai surtout réalisé qu'elle était ma pire faiblesse. Et tout de suite, seule, dans cette chambre d'hôtel, dans cette ville que je ne connais pas, avec cette culpabilité qui ne me quitte pas, je ne sais pas ce qu'elle provoquera en moi.

Pour m'éviter la peine de le découvrir, je m'empare de mes écouteurs et les enfonce dans mes oreilles en lançant une playlist censée m'apaiser. Je me retrouve sur mon lit, cette fois-ci les yeux fermés, et me concentre sur les paroles qui défilent dans mes tympans. En coupant mes pensées du monde extérieur, j'essaie de ne pas me laisser aux tentations. C'est une bulle que je ne veux pas éclater, alors j'y mets autant de force et de détermination qui m'en est possible.

Et pendant un moment, ça fonctionne. Pendant un moment, je me détache entièrement de la réalité et me retrouve avec cet apaisement dans mon esprit. Et ça fait tellement de bien que, pendant un moment, je crois que c'est suffisant. Néanmoins, l'instant d'après, tous ces espoirs s'effondrent. Parce que je le sens, au fond de moi. La sensation est si forte, si intense, si submergeante que je ne peux pas l'éviter. Elle ne me prend pas par surprise, mais par manque d'attention. Parce que je sais.

Je sais ce que me retrouver aussi seule que maintenant provoque en moi ; ça n'a rien de nouveau.

Lorsque je sens alors que la musique ne fait qu'empirer les choses, je retire mes écouteurs et cherche dans mes contacts quelqu'un appeler. Tout de suite, je pense à Aaron. Mais toujours aucune réponse de lui. Après ça, Jayden et Aria me passent en tête, mais après une année entière sans leur parler, je pourrais difficilement entamer une conversation avec eux. Takeshi n'est pas non plus joignable, alors la seule personne qui me reste, c'est Ruby. Sauf que je sais qu'à cette heure-là, à Los Angeles, elle ne risque pas de me répondre.

Je me retrouve donc sans option. Sans idée de quoi faire. Sans personne à appeler. Sans rien. Je ne voudrais pas déranger ma famille en Argentine. Alors je me rassois sur le lit et me prends la tête entre les mains en essayant de respirer calmement. Sans surprise, ma tête me fait mal. Elle me crie son mal-être et je ne peux qu'acquiescer sans rien faire.