Sensitive Love V : Remontée

25. Le Poids des Secrets

AARON

L'humain est une créature curieuse par nature. Je ne peux pas argumenter sur ce fait ; nous sommes tous attirés par ce qui obtient notre attention. Néanmoins, des personnes sont plus insistantes que d'autres. Sans nommer quelqu'un en particulier – Aria –, certains ne savent pas s'arrêter dans leur indiscrétion et vont au-delà du simple désir de savoir.

Je ne faisais pas partie de cette catégorie, avant. Je ne peux plus en dire de même à présent, pas lorsque j'ai en moins ce désir presque fataliste de savoir et comprendre.

L'humain est de nature curieuse par nature, mais il est également jaloux. Et c'est vrai que j'ai été emporté par ces deux émotions. Je n'ai pas su réfléchir quand j'ai vu ce mec derrière la porte. C'était un sentiment putain d'égoïste après ma tentative de fuite, mais je pensais qu'il était mieux que je garde mes distances parce que rien ne se passe comme prévu. Je n'avais pas prévu de coucher avec elle. Pas quand tout est toujours un putain de bordel entre nous.

Maintenant, c'est ma tête qui est embrouillée ; je n'ai aucune idée de ce qui arrive autour de moi. Je suis coincé entre mes interprétations et ce qui défile sous mes yeux.

— Euh, qu'est-ce qui se passe, là ?

Personne ne prend la peine de ne serait-ce que me regarder. Avec intrigue et attention, j'observe le gamin qui vient de débarquer dans la chambre. Ses yeux sont concentrés sur Alison et il l'examine avec précaution, presque comme s'il était en train d'estimer s'il devrait s'approcher ou non.

J'ai du mal à comprendre ce qui est en train de se passer entre eux. Il est évident qu'ils se connaissent, mais qui est ce petit ? Et comment se connaissent-ils ? Et qu'est-ce que l'autre mec à avoir avec quoi que ce soit ? Trop de questions résonnent dans ma tête et bien plus de suppositions tambourinent.

— Caleb, je...

Alison s'arrête lorsque le Caleb en question fait un pas en arrière, la main devant lui, comme pour maintenir une distance.

— Takeshi m'a dit que tu... avais changé.

— J'ai changé, répond-elle avec une certaine hésitation. Je... Je vais mieux.

Je m'approche de la scène en faisant passer mon regard du garçon à la brunette, tout en jetant quelques coups d'œil à Takeshi, qui fait la même chose.

— Vraiment ?

— Oui, affirme-t-elle, plus sûre d'elle.

Et j'entends à son ton qu'elle le pense réellement.

— Mais, euh... Comment tu vas ? poursuit-elle. Tu vas bien ?

Finalement, Caleb avance dans la pièce, la détaillant d'un regard curieux. Il s'approche du salon, là où il s'installe sur l'un des fauteuils. Alison le rejoint, mais reste debout, de l'autre côté. Takeshi et moi restons derrière le canapé, en tant que spectateur. Je crois qu'il est aussi intéressé par la scène que je le suis.

— Je vais bien, dit-il nonchalamment. Je veux dire, je m'y habitue encore. Ton ami est chelou, au fait.

Il s'adresse à Takeshi qui ne réagit même pas. Alison se tourne vers ce dernier, avant d'en revenir à Caleb.

— Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a fait ?

— Justement. Il fait rien. Il est putain de bizarre.

À ces mots, le concerné s'éloigne, les mains dans les poches. Il ne sort pas de l'appartement, trouvant refuge dans une autre pièce. J'observe son dos s'éloigner, puis Alison et Caleb qui se préparent à une grande discussion, et je décide alors de le suivre, comprenant qu'il veut sûrement leur laisser leur intimité – et peut-être a-t-il été blessé.