15. Une Meilleure Image

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ALISON

Je me sens tellement libre.

Jamais je n'aurais imaginé que je me sentirai aussi bien après lui avoir fait cette première confession, mais c'est bien le cas. Ses mots me reviennent encore en tête, « Je suis fier », et j'ai envie de me cacher sous terre tellement ils m'abattent. Je n'aurais pas pu prévoir cette phrase venant de lui, surtout pour une confession aussi petite que celle-ci.

Dans le fond, il savait déjà tout ça ; je lui ai seulement donné le contexte. Mais ça n'a pas l'air de lui importer. Il ne paraît pas gêné que je prenne mon temps pour lui dévoiler des parties de moi. Et c'est ce que j'aime autant chez lui. C'est ce qui me pousse à abaisser d'autres de mes murs parce que je sais qu'il ne sera pas là pour me juger, seulement pour m'écouter. Je ne l'avais pas suffisamment intégré, avant. Désormais, toutefois, je suis certaine de ne pas lui oublier.

« Je suis fier ». Il n'aurait pas pu me dire de plus beaux mots que ceux-là parce que j'en avais besoin. J'ai passé ces deux derniers mois à lutter seule dans ma guérison et entendre quelqu'un d'autre que ma propre personne me féliciter, ça m'apporte une profonde joie.

C'est d'ailleurs pour ça que je peine à effacer mon sourire depuis hier soir. Aujourd'hui encore, il est là et je ne trouve aucun moyen de m'en débarrasser.

Lorsque j'arrive dans la salle à manger, la table est garnie d'assortiments typiquement argentins, des empanadas à l'asado qui me rappellent immédiatement mon père, qui en faisait souvent. L'arôme de la nourriture emplit la pièce et je sens déjà mon ventre crier famine. Comme prévu, Aaron est là, lui aussi, toujours auprès de Camila.

Je déglutis avant de m'installer à la table auprès de ma famille, avec un mélange d'excitation et de nervosité. Ramiro n'est pas là, ce soir, et je crois qu'Abuela a compris que ça ne servait à rien d'essayer de me caser avec lui. La soirée devrait en principe mieux se dérouler, bien que je ne puisse pas en être certaine étant donné les éclairs qu'elle lance à Aaron.

J'observe ce dernier en sentant toujours cette même pointe de jalousie dans ma poitrine. Il y a eu une avancée, hier, mais c'est loin de la presque complicité qu'il a avec Camila tout de suite. J'essaie donc de me concentrer sur la conversation autour de moi, mais j'ai toujours autant de mal de suivre le rythme rapide des phrases en espagnol.

— Isabella, querida, m'interpelle ma grand-mère. Que prévois-tu de faire les prochains jours ? Ton séjour va bientôt prendre fin, me rappelle-t-elle avec une touche de regret dans la voix.

— Eh bien, j'ai encore quelques endroits à aller voir, mais je serai ravie de juste profiter de vous tous.

Elle acquiesce en me souriant, visiblement satisfaite de ma réponse, bien qu'une question lui échappe :

— Et ton... ami sera là, lui aussi ?

Je me tourne immédiatement vers Aaron qui est loin d'entendre notre discussion. Je me mords la lèvre.

— Je ne sais pas.

— Je ne parviens pas à comprendre pourquoi tu l'aimes autant, Isabella, m'avoue-elle comprendre d'un air désapprobateur. Il est loin du genre d'homme qui est fait pour toi.

Abuela, il n'est pas ce que tu penses qu'il est, m'empressé-je de le défendre. Et ce n'est pas comme ça, entre nous. On est juste amis.

Je sais qu'elle veut seulement me protéger. En tant que sa petite-fille – la plus âgée, en plus de ça – je sais qu'elle veut uniquement prendre soin de moi comme elle n'a pas pu le faire avec son fils. C'est pour ça que je ne le prends pas personnellement, elle projette simplement ses propres regrets sur mon cas.

Sensitive Love V : RemontéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant