43. Réparations

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AARON

— Tu te rappelles quand tu disais être misérable et que ta vie était pathétique ? me lance Wren. Eh bien, je commence à vraiment le voir, là.

Je lâche un grognement dans mon oreiller.

— Sérieux, A.D. Ça fait une semaine. Tu comptes vraiment rester comme ça ? Je veux dire, je comprends que tu sois triste. Crois-moi, je vis la même chose avec Aaliyah chaque fois qu'elle doit se rendre à New York ou à l'autre bout du monde, mais... Vous allez vous revoir, non ? Et puis, vous vous appelez tous les jours aussi, pas vrai ?

— C'est pas la même chose, contesté-je. Je hais ma vie, de toute façon. Putain, je la hais tellement.

Il lâche un soupir, secouant la tête d'exténuation. Wren a raison : ça fait une semaine qu'Alison est partie et je devrais peu à peu m'y habituer avec le temps, mais c'est loin d'être le cas. J'ai l'impression de ne plus rien être lorsqu'elle n'est pas là, un peu comme si je chutais dans mon propre désespoir.

Je savais que ce serait dur ; j'en avais conscience. Pourtant, je n'imaginais pas que ça atteindrait ce point-là. Je suis vraiment au plus bas depuis une semaine et tout le monde me le fait remarquer. Je ne compte plus le nombre de mes coéquipiers qui sont venus me voir pour s'assurer que j'allais bien.

Ça me touche qu'ils s'inquiètent – j'imagine que je joue bien mon rôle de capitaine et qu'ils se soucient de chaque membre de notre équipe –, mais ça me tape davantage sur le système qu'autre chose parce que je n'ai certainement pas besoin d'en avoir le rappel constant. Je sais que je suis mal ; je le sens chaque fois que j'ai envie de faire quelque chose et que l'absence d'Alison me rappelle que je ne pourrais pas le faire avec elle.

Putain, quelle torture.

— Tu sais, Coach nous a rassemblé pour nous demander si tout allait bien chez toi, m'informe mon ami.

— Et qu'est-ce que tu lui as dit ? lui demandé-je en me retournant.

Il rit.

— Qu'on t'avait brisé le cœur. Il nous a demandé de te remettre à niveau avant le prochain match.

— Je suis à niveau.

— T'en es sûr ? Je me rappelle t'avoir vu manqué plusieurs passes à l'entraînement ce matin. Et tu t'es pris deux ballons. Après, c'est seulement un constat, me taquine-t-il.

Je lève les yeux au ciel.

— Peu importe. Je ne risque pas faire des erreurs le jour du match, crois-moi.

— C'est pas moi que tu devrais convaincre, mais Coach.

Il enfile sa veste sur ses épaules avant de s'observer une dernière fois dans le miroir. Ça fait un moment que je l'ai remarqué, mais il semble bien plus soucieux de son apparence ainsi que de ses tenues depuis qu'il sort avec Aaliyah. Il met beaucoup plus de temps dans la salle de bain et je l'ai vu revenir plusieurs fois avec des sacs remplis de vêtements.

Je ne suis pas sûr d'où ils sont dans leur relation, mais je suis certain d'une chose : c'est bien plus qu'un crush pour Wren. Il m'a dit qu'ils se sont rencontrés à Los Angeles, l'année dernière. C'est pour elle qu'il se rendait toujours dans ce café. De fil en aiguille, ils ont fini par se rendre compte qu'il étudiait dans sa ville d'origine, ce qui les a poussés à garder contact. Et, aujourd'hui, ils sont plus proches que jamais. Il se prépare sûrement pour un rencard avec elle – il n'essaie même pas de cacher sa nervosité.

— Bon, je vais y aller, m'informe-t-il. Je risque de rentrer tard, mais je ferai attention à ne pas te réveiller.

— Protège-toi bien, gamin.

Sensitive Love V : RemontéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant