29. Réparations

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ALISON

Aujourd'hui,

De retour à Los Angeles, tout est tellement différent. J'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée depuis que j'ai mis les pieds ici. Je dois avouer que ça me fait énormément de bien de revenir ici, de rejoindre un endroit que je connais, un lieu dont je me sens de nouveau à ma place.

Ça fait trois semaines que je suis ici, à tenter de m'adapter peu à peu parce qu'énormément de choses ont changé depuis que j'ai réellement vécu ici. Sans drogue, sans alcool, sans aucune substance illicite dans mon sang, c'est difficile de m'adapter. Néanmoins, cette ville, je l'ai dans le sang. Elle fait partie de moi à jamais, alors j'ai rapidement retrouvé mes repères.

Et pour la première fois depuis tellement longtemps, je me sens de nouveau chez moi. J'ai récupéré mon appartement, mais j'ai surtout pour ambition de le vendre. Parce que si c'est un cadeau de mes parents, un souvenir qu'ils m'ont laissé, c'est essentiellement un rappel d'où vient l'argent avec lequel ils l'ont payé et de ce qu'ils faisaient. Je ne peux pas le garder.

J'ai aussi trouvé un travail, loin du bar et des tentations, je travaille dans une épicerie à l'autre bout de la ville où je suis certaine de ne croiser personne que je connais. Et ces changements me conviennent ; ils me font du bien. Ma vie se réarrange peu à peu, je retrouve mes repères et en construis de nouveau afin de récupérer toute ma forme.

Avec Caleb aussi, c'est un peu mieux. Je passe la plupart du temps avec lui quand je ne suis pas au travail et que Takeshi est occupé – ce qui est le cas vingt-heures sur vingt-quatre. J'avance doucement avec lui, essayant de lui prouver que je ne suis rien de cette fille qu'il a retrouvée. Il s'ouvre un peu plus, de son côté, me racontant des bribes de souvenirs de son temps passer avec son père.

Je suis rassurée d'entendre que rien de grave ne lui est arrivé, mais il a tout de même passé du temps dans un environnement effrayant, où les armes, les drogues, et tout ce qui peut être trafiqué circulait librement. La plupart du temps, il était confiné dans sa chambre à ne rien faire. Puis il me raconte qu'il a rencontré une fille de son âge qui l'a aidé à passer un peu de temps. La fille d'un associé, apparemment.

Il ne m'en a pas dit plus et je ne crois pas qu'il soit prêt à le faire. C'est une confession mutuelle : je lui avoue quelque chose me concernant et il admet un de ses secrets. Je lui ai donc raconté pourquoi je suis retombée dans la drogue. Il m'avait déjà vue au plus bas trois ans auparavant, juste quand j'essayais d'échapper à Damien. Mais j'avais réussi à m'en sortir en me convainquant qu'il avait besoin de mon aide et que je ne pouvais pas le faire sous l'emprise de la drogue. Il n'a donc rien vu, pas comme cette fois à l'hôpital. J'ai vu à son regard, ça m'a rappelé celui d'Aaron.

— Bon, je vais te laisser avec ta série, dis-je en me levant de ma chaise. Je dois y aller. Takeshi arrive bientôt.

Caleb fronce les sourcils, mettant la télévision en pause.

— Je suis pas un enfant, tu sais ?

Je plisse les lèvres.

— Tu l'es quand même un peu.

— Peu importe, souffle-t-il.

Je lui souris et prends mon sac à main que j'ai laissé à l'entrée.

— Qu'est-ce que tu veux faire, demain ?

— N'importe quoi tant que ton ami n'est pas là.

Je fronce les sourcils, retenant un soupir. Ça recommence.

— Takeshi ? Pourquoi ? Takeshi est gentil.

— Peut-être, mais je passe la moitié de mon temps avec lui. Et son silence est pesant, à la longue.

Sensitive Love V : RemontéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant