17. Traditions d'Adieu

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ALISON

En arrivant devant la ferme, j'observe les différents animaux que je croise en me disant qu'ils me manqueront certainement une fois de retour aux États-Unis, en pleine ville, et loin de la nature qui m'entoure ici. Mais ils sont loin d'être les seuls qui me manqueront. Ici, je suis entourée d'une famille que je n'ai découverte que récemment et dont les sourires chaleureux et les étreintes m'ont fait comprendre que je n'étais pas à part et que je faisais entièrement partie de la famille. Je me sens tellement bien ici, finalement.

Maintenant que je suis près de rentrer, je le réalise. Parce qu'avec personne d'autre je me sens aussi comprise et aimée qu'ici, et ça va énormément me manquer. L'amour que pouvait avoir mes parents, je le retrouve ici. Et il est fort. Jamais de la même intensité, mais toujours de la même façon : c'est exactement comment je le ressens. Et ça me convient. Ça me donne envie de rester. Ça me laisse penser que mon nouveau départ appartient à cette ville.

Mais il y a aussi lui.

Et il y a aussi une sorte de lien que j'ai avec lui que jamais je ne pourrais recréer avec qui que ce soit. C'est aussi pour ça que je ne peux pas me résoudre à rester ici.

— La ferme appartient à notre famille depuis plus d'un siècle, intervient une voix dans mon dos.

En me retournant, je croise Abuela qui me rejoint.

— C'est un témoignage de notre résilience et du lien profond qui nous unit à ce terrain, poursuit-elle. Ton père l'avait oublié, mais la terre subvient à nos besoins, alors il est vital que nous en prenions soin en retour. C'est pour cela que nous sommes aussi fiers de notre patrimoine.

— Pourquoi tu me dis tout ça ? lui demandé-je, intriguée.

Elle me sourit.

— Parce que si ton père l'a oublié, je suis certaine que ce ne sera pas ton cas. Tu reviendras nous voir, pas vrai ?

— Bien sûr !

Son sourire s'agrandit.

— Bien. Et si je te montrais un petit quelque chose ?

Elle m'invite à avancer avec elle vers le jardin derrière la maison décorée par des fleurs éclatantes de mille feux. À chaque fois que je passe devant, je me demande si je ne suis pas en train de rêver. Abuela m'indique une parcelle d'herbes aromatiques et commence à m'expliquer leur utilisation dans les plats. Elle m'explique que mon père venait souvent ici pour recueillir des saveurs afin de tester de nouvelles recettes. Ce souvenir me fait sourire.

Sous ses indications, je ramasse une poignée d'herbes fraîches et nous rentrons ensuite à la maison afin qu'elle me montre comment les infuser dans l'un des plats préférés de mon père. Arrivées à la cuisine, l'air est empli de l'odeur enivrante de la viande rôtie, qui se mêle aux herbes aromatiques qui tapissent le rebord de la fenêtre. L'odeur me rappelle légèrement mon temps passé avec Aaron, il y a deux jours, et je ne peux m'empêcher de sourire, tout en sentant une bouffée de chaleur dans ma poitrine à la remontée de certains souvenirs.

— Isabella, m'interpelle ma grand-mère, laisse-moi te dévoiler notre secret familial pour préparer le chimichurri parfait.

— Du chimichurri ?

Je me rappelle lorsque mon père en faisait et la pensée me rend affamée.

— Viens voir.

Elle choisit soigneusement un bouquet de persil dans la botte que nous venons de rapporter du jardin.

— On commence par le persil, m'indique-t-elle en manœuvrant son couteau sur la planche à découper. Il doit être finement haché, sans pour autant l'être trop. Il faut qu'on en conserve la texture et l'arôme.

Sensitive Love V : RemontéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant