Studio

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Jeudi, matin 

A pas de course Kaya fonce au 3371 Coldwater Canyon situé dans les hauteurs de Los Angeles. La villa du couple est immense bordé d'arbre dans laquelle Asa a emmené ses voitures, et ses guitares. Pour la création du studio 5150 inséré dans la propriété Asa a misé gros pour ne plus être frustré. En a plus qu'assez d'être castré à la moindre occasion dès qu'il a envie de se lancer dans un projet, même si la presse dira qu'il a volait de ses propres ailes, travailler ailleurs. Produire des solos de guitare que Devon juge trop long ce n'est pas une démarche artistique. C'est un frein. Désormais au commande plus personne n'est un obstacle.

Le portail noir s'ouvre vers une allée goudronnée, boisée sur les côtés, verdoyant. Les rayons généreux du soleil frappent les fins barreaux sculptés. Dans sa Ferrari 308 GTSi un cadeau des frères Hawken le jour de son anniversaire, Kaya monte cette pente raide pour se garer. Elle ne la voulait pas, seul leur présence, les amis, le gâteau à trois étages fait maison par sa mère, et la famille compté. Garé à côté de cette voiture acheté le jour de son arrivait à Pasadena.  Les frères l'ont désigné en même temps. Un bolide. L'ont guidé vers le volant et passé les clés. Sa mère n'a pas arrêté d'appuyer sur le bouton de son appareil photo. 

Accueilli par Asa dans sa salopette beige, cigarette coincé entre les lèvres, le dos voûté, s'empresse d'ouvrir la portière, embrasser sa joue et éteindre le moteur : « Je serai ton guide. Qu'en dis-tu ? »

-Tu seras le meilleur. Attrape sa pochette jaune qu'était sur le siège passager.

Entre deux bouffés de cigarette il explique que se laisser-aller dans son idéologie d'un musicien qui pilote son navire, a accès aux potentiomètres, table de mixage (qu'un ami est venu réparer) ce n'est pas son domaine même si il aime bidouiller : était primordial. Intérieurement cette flamme le consumer. Franck Zappa a son studio ! Un scaphandrier a besoin d'air pour aller sous l'eau. Lui aussi.

-Bruce a de suite était charmé par cette idée de studio. Ils pourront s'ériger en maîtres dans ce studio.

Son index montre la façade ou les buissons se développent l'été, fane l'hiver, ainsi que des palmiers. S'octroie un luxe qui ne plaît pas à tous. Ted Temple a eu peur de ne pas être écouter par Asa  s'il fouler les pas de ce studio. Les frères s'investissent depuis des années sur chacun des albums, pendant que David et Michael quitte les locaux ils ont enracinés dans cet univers qui dégouline dans leur veine.

Les concerts sont pharaoniques, les sauts de Devon spectaculaire, empreint d'une démonstration de son talent de danseur. Sous ses leggings multicolores ses fesses remuent, sa main agite son sexe face au public qui hurle son nom. La vulgarité, la démesure outrancière, l'alcool fait des ravages puisque parfois Asa joue faux. Professionnel,  il se rattrape en un temps record sans que l'on ne s'en rende compte. Durant ses solo de basse Mitch se roule en boule, se tord, saute sur son instrument. Le dos de Bruce fume derrière ses futs. Les shows sont rapides, brutaux, à la limite de suffoquer, pas de lenteur. Ils y ont allergiques.

La formule magique d'Oti  : « Se déchirer les oreilles et le corps. »

Interprète I'm So Glad de The Cream devant une foule qui hurle à chaque seconde de silence qu'Asa, Mitch, Bruce, et Devon leur autorise. Lorsqu'ils ont conçus leur nouvel album ce n'était pas la joie, ont manqué la route qui aurait pu conduire à un nouveau succès. Le groupe va se rattraper.

Sur ses mules à talon aiguille, derrière ses lunettes de soleil, Kaya mâche son chewing-gum saveur Cola. Le bâtiment est fini. Avant avec les photos Asa a montré comment c'était. Au téléphone à plus de minuit lui a raconté pendant des heures ses ambitions : « Un musicien doit être comme à la maison. » Il y a eu des complications qu'il a fallut taire : « L'argent ce n'est pas un problème. » Asa n'est pas radin. Si elle l'a voulue Kaya aurait pu demander de l'aide lorsqu'elle était en difficulté financière mais un ami n'est pas un porte-monnaie.

Aux anges sa main rugueuse par des heures de pratique à la guitare tout d'abord effleure lentement la sienne, s'imprègnent de sa peau veloutée, puis l'empoigne franchement pour l'emmener à l'intérieur : « Les tournées c'est vivifiant contre l'ennuie chimique, chronique. » Il  est  au bon endroit. Les arrêts à l'aéroport un thermomètre pour prendre la température sur le nombre de fans qui se sont déplacé pour réclamer un autographe. Son épouse l'appelle, se déplace jusqu'à son mari. Trouve une solution pour qu'ils passent du temps ensemble, qu'aucune route, kilomètres, espace ne les sépare.

C'est la tanière d'un Hawken. L'odeur de cigarette est vive, celle du bois agréable, des manches qui ne sont pas encore peint posés sur des tables, des corps suspendu au plafond, les instruments à leur place, les espaces homogènes ont été optimisés, tout est fonctionnel, il y a même une cuisine.

-C'est super. L'applaudit.

-J'ai tout prévu. Le voilà qui s'émerveille.

Un chien trottine, elle  se baisse pour caresser son dos. Par la même occasion se rendre vers les innombrables tables de mixage. Galant il tire le siège pour qu'elle s'installe. Tous les deux se regardent pendant un petit moment.

-Tu en as fais du chemin. Son poing se case sous son menton, le coude sur le bord de la table de mixage. L'adolescent est ses rêves est-il toujours là ?

-J'en saisis la portée maintenant. Son dos s'appuie sur le dossier, ses mains sur son ventre. Je l'espère. 



Little Sign ( CORRECTION ! )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant