Chapitre 14

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Traverser le centre ville de Milan, en pleine semaine et à l'heure de pointe, relève du défit mais avec un peu de patience on arrive finalement à l'Arena. Voyant des jeunes s'entrainer au hockey, je demande à tout hasard à Lando s'il sait patiner. Il me répond positivement et je m'exclame tout fort : "- Enfin un dans cette fichue équipe rouge, merci mon Dieu !".

Lando s'exclame : - Hé, tu vas pas me dire qu'on est tous nul ? Pour Carlos, je peux comprendre, un espagnol sur des patins ... je me marre déjà en l'imaginant. Par contre, je sais que Daniel et Max doivent se démerder. Il y a une vidéo de Red Bull qui a tourné sur les réseaux. Et Yuki ?

J'analyse ces paroles et j'espère sincèrement que mon équipe puisse tenir devant des Magnussen ou des Bottas. Eux, ils ne vont pas faire de cadeaux. On patiente devant un café, le temps de voir arriver les personnes en charge de l'organisation. Sofia est aussi de la partie et me fait de grands signes pour que je la rejoigne un peu à l'écart.

Elle me donne des infos sur les patineurs pour vendredi et me balance par mail son mémo. Quelle efficacité. J'espère qu'elle est très bien payée par Ferrari, car son organisation est sans pareille. Elle me donne un petit coup de coude en me montrant du menton Lando :

- Il te couve du regard, le petit Lando. Il y a quelque chose ? me demande-t'elle en souriant.

Si elle savait ... - Non, non. On fait connaissance, il est très cool. Il fait jeune mais il a la tête sur les épaules. Je crois qu'il se met une trop grande pression chez McLaren. Il se rend pas compte.

- Jeune !? tu as quoi 2 ans de plus que lui non ? tout est relatif. Toi aussi tu t'es mise une pression de dingue ces derniers mois avec les JO.

- Justement, je peux parler avec lui et donner mon avis sur un sujet que je connais. La gestion mentale dans le sport est hyper importante, c'est un travail psychique que tous les sportifs d'élite doivent pouvoir développer.

- Alors aide-le. C'est dans tes compétences non ? me demande Sofia.

Oui, elle a raison. Je n'ai pas fait des études en parallèle à ma carrière pour rien. Je dois encore faire mon travail personnel de Master afin d'avoir mon diplôme universitaire. C'est ma priorité dans mes prochains mois.

Ce choix d'études a posé problème pour ma mère qui voulait que je continue dans une voie plus "classique" telle que l'histoire, ou l'histoire de l'art. A défaut de faire du piano tout comme elle. Mais non merci. J'ai opté pour du management en sport, coaching et développement personnel. Autant mettre mon expérience dans le patinage en avant.

Laissant Lando à la cafétaria le temps d'avoir notre mini-séance, je le retrouve en train de jouer sur un jeu d'arcade avec des jeunes autour de lui. Qui est le gamin dans l'histoire ?

N'étant absolument pas une fervente adepte du Padle, je laisse la priorité à mes coéquipiers pour s'éclater sur les mini-terrains de tennis adapté à cette activité. Le niveau est bon, même très bon. Je m'active à crier, les encourager, les engueuler aussi quand ils font les imbéciles. Tout ceci dans une bonne ambiance. Roger ne ménage pas ces joueurs, qui appliquent à la lettre les consignes comme si c'était la Coupe Davis. Le public adore ces pilotes qui se donnent en spectacle. Et c'est que le début ... demain après-midi, c'est course de karting avec notre Fabio Q. en maître de cérémonie. Je me réjouie déjà de voir ces pilotes revenir "aux sources" puisqu'ils débutent tous dans cette discipline. Mais avant de s'amuser avec eux, je vais me retrouver dans une vraie voiture de F4 sur le circuit de Monza. Les 4 fantastiques (selon Fabio Q.) devront prendre leurs repères avec les conditions de course. Je stresse un maximum. Pourquoi j'arrive pas à dormir au fait ?

Bon ... que dire de plus ... on est bon dernier dans ce tournoi de padle. Franchement je comptais sur eux pour cumuler des points au classement mais ils ont préféré faire les clowns. Désespérant ces garçons ! Mais je vais prendre ma revanche maintenant en les regardant souffrir avec des patins aux pieds. Gare aux chutes et à vos fesses messieurs les pilotes.

Je suis déjà sur la glace à faire des exercices et des séries d'appuis, quart-intérieur, quart-extérieur puis entame une série de sauts. Finalement au bout de 10 bonnes minutes, je les vois arriver à la queue-leuleu  tels des pingouins sur la banquise. Pas très rassuré de marcher sur des lames de quelques millimètres d'épaisseur. L'entrée sur la glace est laborieuse, heureusement que la balustrade est bien fixée pour qu'ils puissent se tenir. Je les regarde et je suis pliée en deux. Je ris tellement que je pleure.

- On fait moins les malins ! je leur crie depuis le milieu de la patinoire. Vous pouvez me rejoindre, enfin ceux qui le peuvent.

Je vois arriver Max avec un style parfait, Daniel le suivre mais avec encore un peu d'hésitation. Yuki se débrouille bien et Lando reste à côté de Carlos. Comment décrire ce que je vois ? Un Carlos mortifié, les genoux en X, ces lames sont inclinées à l'intérieur. Impossible pour lui de faire un pas en avant dans cette position. J'entends pas les explications de Lando, mais je suppose qu'il lui donne des instructions. J'ai envie de rire mais j'ai un peu pitié pour lui. Cela doit pas être facile.

Je donne des consignes pour les autres en leur demandant de faire des tours de patinoire et de s'exercer à freiner et relancer. Je laisse Max gérer le début de l'entraînement. Pendant ce temps, je viens auprès de Carlos et lui dis doucement : - Don't worry Carlos. Redresse-toi un peu mais ne mets jamais tes épaules en arrières autrement c'est la chute assurée. Trouve ton point d'encrage sur tes pieds, ne te penche pas trop en avant. Tu sais fait du ski ? du ski de fonds aussi ?  essaye le long de la balustrade et ne réfléchi pas. Si tu tombes, c'est pas grave. On a tous appris comme ça.
- Ils vont se foutre de ma gueule ! regarde-les Lauren ! ils sont bons, même cet andouille de Lando. Tu me fais faire l'impossible. Comment veux tu que je patine en seulement un entraînement ?  il ronchonne, s'énerve mais il se rend même pas compte qu'il avance. C'est lui l'andouille.

Je le regarde avec un demi-sourire et cela l'énerve encore plus. Ah ce fameux caractère méditerranéen - autant il peut être calme et réfléchi, autant il peut monter dans les tours mon espagnol.
- Lauren, arrête de sourire. C'est pas drôle.
- Tsss ... Carlooossss ..... tu vas te taire ou c'est moi qui te fout sur la glace ?! sérieusement, regarde ou tu es bon sang. Tu te trouves au milieu de la patinoire en train de me suivre en gueulant après le monde entier. Tu patines mate ! il est tellement surpris, qu'il en perd son équilibre, heureusement  je le retiens par le bras.
- Concentre-toi donc. Tu veux finir sur les fesses ? je te parie un bon repas que le premier qui tombe sera Daniel. Mis-à-part toi évidemment, lui dis-je en faisant un clin d'oeil. Les paris sont ouverts.

Après 5 bonnes minutes, je vois mon Carlos évoluer sur la glace. C'est pas "ouf" mais cela fera l'affaire pour être dans les cages. Il aura pas besoin de patiner, juste savoir s'étaler de tout son long pour bloquer les tirs. Eh oui, il va y aller ... mais il ne le sait pas encore. Je suis morte de rire en imaginant sa tête quand il l'apprendra.
Concentrée sur mes patineurs, je pousse un hurlement en me sentant soulevée et tourner dans les bras de quelqu'un. C'était Tim, mon hockeyeur préféré. Il m'a fait peur mais maintenant je ris en m'accrochant à lui. Je vois mes pilotes nous regarder surtout Daniel. Son sourire a disparu. Serait ce de la jalousie ? Je me calme de suite et fait les présentations.
- Messieurs, je vous présente Tim Brunner, hockeyeur professionnel suisse, défenseur dans l'équipe actuellement 1ère du championnat national et ancien international. C'est aussi un très bon ami. Il est la pour vous donner des astuces. Tim, c'est à toi, bonne chance !
- Merci Lauren. Je vous laisse prendre des cannes et des palets. Montrez moi ce que vous savez faire. Au fait qui est dans les cages ? Demande Tim.
Aïe, le pauvre Carlos, c'est pas sa journée. Je le montre du doigt, il est blanc comme la surface de la glace.
- Mierda de mierda. No puedes hacerme esto Lauren ! (Bordel de merde, tu peux pas me faire ça) gueule Carlos.
- Je suis désolée mais vois le point positif, tu n'auras pas besoin de te déplacer. Tu restes devant la cage et tu défends, c'est tout !
- Tu te fout de ma gueule.
Carlos est maintenant aussi rouge que sa voiture. Heureusement Max vient à la rescousse :
- Mec, elle a raison. Tu sais pas patiner alors autant être notre pilier défensif. Tu as de bons réflexes alors easy.
Je remercie Max par un regard et tire Carlos pour qu'il s'équipe en conséquence. Il arrête pas de grogner, jurer en espagnol et me lancer des regards noirs. Pour me faire pardonner, je m'occupe personnellement de son entraînement et tire au moins une bonne soixantaine de palets. Le pire c'est qu'il se débrouille bien. Au bout d'une heure trente, on clôture la séance. Tim est super confiant pour vendredi. Moi un peu moins.
Occupée à enlever mes patins, Daniel vient vers moi et me demander discrètement: - je peux faire le trajet de retour avec toi ?
Je lui fait un oui de la tête et lui donne mes clés de voiture : - j'arrive d'ici 20 minutes, attends moi dans la voiture.
Il me fait son magnifique sourire « baby sharke ».

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