Chapitre 16

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J'entends des coups à ma porte et vais ouvrir. Mon grand brun aussi changé et douché vient me rejoindre pour manger. Il n'y a plus qu'à attendre le room-service.

- Dany ?! merci d'avoir répondu aux gars. Ils sont vraiment lourds. C'est toujours comme ça ?
- Avec moi oui. Je suis le premier à lancer des conneries et faire le clown. Alors s'ils peuvent m'épingler en retour ... par contre j'accepte pas qu'on dise n'importe quoi sur toi ! Il a l'air sincère dans sa réponse.
- T'inquiète pas, je suis une grande fille qui sais se défendre. Ils vont moins rigoler demain. Crois moi !
Je vois Daniel se marrer et va ouvrir la porte de ma chambre pour réceptionner notre repas. Il avait commander plein de bonnes choses et l'on profite de manger en discutant de nos vies. Il me parle de sa famille, de sa ville natale Perth en Australie et de ses débuts de pilote. Il vit pour ça tout comme moi pour le patinage.
- Et toi ? Je sais pour ton père pilote, son accident. Mais ton enfance, ta famille ? Me demande-t'il.
- Je suis fille unique. Je suis née à Londres car mon père était pilote développement pour Williams avant de reprendre en Rallye. C'est en Angleterre que mes parents se sont connus. Ma mère est italo-anglaise, enfin était .... Elle est morte en janvier dernier d'un cancer foudroyant.
J'arrête de parler, une boule de chagrin dans la gorge. Zut je veux pas pleurer. Je reprends doucement:
- Elle a été courageuse, depuis l'accident jusqu'à sa mort. Elle me manque énormément. Le piano était sa passion, elle aimait donner des concerts et transmettre sa passion à des jeunes pianistes au conservatoire.
Daniel m'écoute attentivement, sans rien dire, respectant mes silences.
- Après l'accident, on a du apprendre à vivre sans lui. 6 mois avant le crash, on venait d'en ménager en Suisse. Ma mère s'est réfugiée dans la musique et moi dans le patinage. Heureusement ma grand-mère, celle de la photo sur le piano, a toujours été présente pour nous deux. Je souris tendrement en pensant à ma nonna.
- J'étais tellement fucus sur le patinage, ma bouée de secours en fait, que j'ai très vite progressé et atteint un niveau de compétition nationale en junior puis tout c'est enchaîné. Européens et mondiaux en junior puis compétitions en élites avec des médailles et les jeux olympiques.
Je vois dans le regard de Daniel de la fierté et me prend mes mains dans les siennes.
- Lauren, tu as passé par des moments difficiles étant enfant mais aussi ces dernier mois. Je ne sais pas si j'aurais gérer cette situation comme toi. Tu as réussi à être la meilleure à Pékin.
- Non je suis pas la meilleure, j'étais tellement focalisée sur cette compétition et j'étais pas très présente pour ma mère. J'étais même pas à ses côtés quand elle s'en est allée. Je m'en veux tellement ! Des larmes coulent sur mes joues et j'éclate en sanglots.
Daniel se lève et viens me prendre dans ses bras. Je m'écroule littéralement, tout mon chagrin contenu depuis ces mois sort d'un coup. J'entends Daniel me murmurer des mots réconfortant et me caresser mes cheveux et mon dos. Après plusieurs minutes, je me calme enfin et relève ma tête vers lui. Nos regards ne se quittent pas, il prend mon visage dans ses mains, essuie mes dernières larmes et me donne un baiser. Pas celui de pitié ou de réconfort. Un vrai baiser  passionné.
Toujours enlacés, nous sursautons en entendant des coups à ma porte de chambre.
Daniel me demande si j'attends quelqu'un mais je lui réponds par la négative. Il va ouvrir et découvrons Carlos. Les deux garçons se toisent sans parler. Je m'approche de la porte et lance :
- Carlos, ola. Que me vaut ta visite ?
Il me fixe en fronçant les sourcils puis lance un regard assassin à Daniel.
- Tu as pleuré Lauren. Il t'a fait quoi ? me demande Carlos en montrant Daniel de la tête.
Je vois Dany se redire et serrer ses poings.
- Mais rien Carlos. On parlait de nos vies et j'ai craqué.  Arrête de ... mais zut Carlos !
Je lui tourne le dos et retourne vers la fenêtre. Je me calme puis regarde les deux hommes toujours silencieux.
- svp asseyez-vous au lieu de faire les statues au milieu de ma chambre.
Carlos parait gêné tout à coup mais prend la parole en premier :
- Désolé Laurena. Je voulais prendre de tes nouvelles après avoir vu ton message sur le groupe. C'était pas sympa de la part des mecs. J'espérais que tu viennes manger au restaurant de l'hôtel mais t'étais pas là. Alors je suis monté et c'est Daniel qui ouvre ... et je te vois avec les yeux rouges.
Il regarde Dany et lui tend un main en ajoutant: - je m'excuse !
Ah mon Carlos ... je me lève et lui fait un gros câlin sous le regard amusé de mon Daniel. On termine la soirée en discutant tous les trois, ils me racontent des potins du paddock puis me donnent plein d'infos sur le circuit de Monza, sur les expériences quand ils étaient aussi en F4.
Carlos me demande des informations sur mon programme de demain matin et propose de m'accompagner puisqu'il est disponible. J'interroge Daniel qui trouve que c'est une bonne idée et qu'il peut aussi me soutenir. J'accepte avec plaisir et propose qu'on abrège cette soirée pour dormir et être en forme demain.
Réveillée par la sonnerie-réveil de mon téléphone, j'émerge difficilement.  Il est 6 heures du matin et j'ai la boule au ventre. Cette matinée va être riche en émotions. Je m'apprête comme il faut et me maquille surtout. J'enfile un jeans noir, le T-shirt confectionné pour l'événement, une paire de baskets noires et un blouson bumbers avec le chiffre 66 dans le dos. On va être filmé depuis le petit déjeuner car c'est une matinée importante avec les essais des Guest-VIP. 
J'arrive au buffet du petit déjeuner, je suis la première... étonnant.  Absorbée dans mes pensées tout en sirotant mon thé brûlant, j'entends des clics d'un appareil photo. C'est Fabio qui me mitraille. J'éclate de rire. Quelle discrétion !
Il vient s'assoir à côté de moi et me lance :
- J'adore te prendre en photo même quand tu poses pas, tu es photogénique. Regarde.
Il me tend son appareil et je vois l'image puis une autre. Il me montre aussi une série de photos prises hier à l'entraînement. Une photo retient mon attention. Je me vois avec Carlos. On se tient au milieu de la glace, côte à côte. Lui s'appuyant sur mon épaule et moi les bras croisés en train de le regarder souriante, détendue.
J'étais absorbée à contempler les images lorsque j'entends mes coéquipiers arriver suivi par Roger, David et Fabio Q.
Nous sommes rejoints par des responsables FIA pour un débriefing avant de se rendre au circuit. J'avoue que plus j'écoute les conseils et les informations importantes, plus je stresse. Cela doit se voir car je sens qu'on me serre discrètement ma main sous la table. Merci Dany.
Une heure plus tard, me voici dans le paddock de Monza. 4 belles voitures F4  avec des livrées spéciales pour la Charity Race 2022 sont présentées à la presse. Nous avons également reçu notre combinaison et équipement afin de faire les photos officielles. On a tous fière allure. Je suis un peu gênée car ma combinaison est super moulante. Je porte le numéro 66 en hommage à mon père. C'était son numéro de pilote et son année de naissance. Le numéro est inscrit dans le dos de la combi mais aussi sur le devant. Mattia m'avait fait la surprise de m'offrir un casque identique à celui que mon père avait porté. Seuls les logos des sponsors de cet événement ont été ajoutés. Je suis très émue en l'essayant. Je me regarde une dernière fois dans le miroir de la driver-room et c'est le choc. Je réalise pour la première fois à quel point je lui ressemble physiquement.
- Papa j'espère que tu es fier de moi! dis-je à haute voix à mon reflet.
Prenant mon courage à deux mains, je rejoins les voitures. Les mécanos et ainsi que l'ingénieur de course Lucas finalisent la préparation de ma voiture. J'attends en les regardant faire lorsque j'entends un sifflement admiratif dans mon dos suivi par deux mains sur mes épaules qui commencent un léger massage pour me détendre:
- Alors Minimoys es-tu prête ? Cela va parfaitement bien se passer. Tu y vas gentiment sur les 2 premiers tours pour chauffer les pneumatiques et tu prends du rythme par la suite. Carlos arrive aussi et hoche la tête confirmant les paroles de Daniel.
Ils me regardent tous les deux des pieds à la tête et je vois Carlos sourire en voyant le numéro 66 ainsi que mon casque qu'il prend dans ses mains pour le regarder de plus près. Il a compris, il se souvient.
- Tu as bien fait Lauren. C'est un bon numéro le 66 et il te portera chance. Allez va t'asseoir sur la voiture pour la photo. Lauren ... tu oublies pas quelque chose pas hasard? Et il me tend mon casque. On éclate de rire tous les 3.

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