Chapitre 63

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Après un bon repas entouré de tout mon petit monde, je suis reboostée. C'est tellement agréable de se retrouver et de partager des moments avec sa famille et ses amis. Demain est un jour OFF pour moi et je préviens, à qui veut l'entendre, que je fais la grasse matinée. Naomi ne se fait pas prier pour rester tranquille et Carlos va à une ouverture de boutique à Milan en collaboration avec Ferrari.
Douchée et en peignoir, je regarde mon australien revenir de la salle de bain et se vautrer sur le canapé auprès de moi.
- Bon, tu es P2 .. tu le vis bien ? me demande-t'il gentiment.
- Oui pourquoi cette question ?
- Tu es toujours première alors je me demande si tu n'es pas perturbée par ce qui arrive. Et puis tu n'as pas fait le quad cet après-midi.
- Je sais, merci de me le rappeler Dany. Mais j'avais mes raisons.
- Et qui sont ?
- J'avais pas une bonne impulsion, j'ai senti en décollant que j'arriverais pas à faire 4 tours. J'ai donc assuré avec un triple. Programme net, sans bavure. J'ai été programmée pour gagner ces dernières années mais sincèrement je m'en fiche maintenant. Je remplis la part de mon contrat et c'est bon. J'avoue que mon amour propre me pousse à être sur la plus haute marche du podium mais tout est relatif au final.

Un silence s'installe et je ferme les yeux pour me détendre après cette longue journée. Je sens la main de Daniel se poser sur mon ventre et  le regarde très surprise.

- What ? j'ai de la peine à réaliser. J'amorce le contact et ce petit mec sera un parfait Cutly and Badly Boy.
- Au putain, je sens que c'est toi qui va être le plus chiant ces prochains mois. Et qui te dis que c'est un garçon ?
- On parie ? me défie-t'il avec un clin d'œil.
Je reste silencieuse quelques instants puis je reprend :
- Une fille, je te dis.
On se serre la main puis je lui fait un petit bisous avant d'aller me coucher. Daniel me rejoint et m'entoure de ses bras. Je l'entends murmurer :
- Un petit mec, Sweetheard.
- Dany .. shut !

Dormir, quel merveilleux verbe. J'ai fait le tour du cadran et c'est un réel bonheur de se lever à midi. Mon australien m'avait laissé tranquille et c'était même éclipsé de la chambre d'hôtel. Je me retrouve donc toute seule et surtout à me demander que faire de mon temps libre.

J'allais empoigner mon téléphone quand j'entends la porte s'ouvrir et voit apparaître  mon Baby Shark suivi par Sabina.
- Bonjour vous deux. Comment ça va  ce matin ?
Daniel vient me faire un petit bisous et me tend un gobelet contenant un bon café latte tandis que Sabina me pose un croissant sur les genoux.
- Mais quelle chance, merci vous deux. J'avais ...
- FAIM, on sait ma belle !

On éclate de rire puis nous bavardons un peu le temps que je me restaure. Sabina ne peut s'empêcher d'aborde LE sujet :

- Alors Lauren .. Daniel m'a dit que vous aviez parlé et que vous vous étiez mis d'accord. Je suis tellement heureuse pour vous. Je sais que tu as peur Lauren, mais crois-moi que tu seras une super maman. Quand à toi Daniel, je ne doute pas sur tes capacités à épauler ma filleule et de lui donner tout ton amour.

Daniel vient lui faire un gros câlin et je ne peux m'empêcher d'être très émue par ses mots. Je souris béatement en mastiquant mon croissant.

- Bon sur ces belles paroles, on fait quoi ? je suis d'attaque à bouger. Daniel, Sabina ?

Daniel lève les yeux au ciel et ne peut s'empêcher de faire une petite remarque à Sabina :

- Elle est tranquille, reposée. Elle peut "chiller" aujourd'hui mais non, Mlle préfère courir à droite ou à gauche.

- Mon coeur, je profite tant que je peux. D'ici quelques mois, je serais dans l'incapacité de faire grand chose, alors ...

- OK OK OK. On va aller se balader dans le Centro. Tu demandes à Naomi de venir et endiamo ou c'est avanti ? demande Daniel en fixant Sabina.
Elle sourit et taquine le pilote :
- Tu peux dire les deux. Bravo tu progresse mais faut le dire aussi en français.
Daniel se gratte la tête et soupire.
- C'est super compliquer .. attend c'est .. comme let's go .. « je partir » ?!
Il grimace, je soupire et Sabina rigole. Il est pas au bout de ces soucis de traduction !
Il fait pas très beau et nous décidons d'aller à la Plazza Dan Carlo et de remonter la Via Roma. C'est la rue piétonne du centre et pour le plus grand malheur de Daniel, toutes les boutiques s'y trouvent. Je le tire dans une d'elles de prêt à porter masculin et décide de lui faire plaisir en lui trouvant un costume bleu marine, une chemise et une cravate. Évidemment je ruse pour qu'il ne me voit pas régler le tout. C'est sans compter sur Daniel qui revient à la charge en sortant de la boutique.
- Lauren, je te remercie mais tu sais bien que j'aurais pu payer.
- Tss cela me fait plaisir et pour une fois que je peux t'offrir quelque chose !
Il s'arrête de marcher et je le regarde surpris.
- Sweetheard tu me fais le plus beau des cadeaux en étant avec moi et en portant notre enfant.
- Daniel shut ! Je viens lui planter un baiser et prie pour que Naomi n'aie pas entendu notre échange.
La soirée se fait au restaurant de l'hôtel et nous retrouvons Carlos et Mattia.
- Alors cette journée à Milan ? C'était comment ? demande Daniel.
- Pas mal de monde pour la nouvelle collection Ray Ban et l'ouverture de la boutique. D'ailleurs Lauren, je dois te faire un bisou de la part de Charles qui te dit « merde » pour demain.
- Oh c'est sympa. Je vais pas lui dire merci autrement cela va me porter malheur.
Daniel fronce les sourcils et paraît surpris par ma réponse. Sabina est plus vive que moi et lui explique :
- C'est normal Daniel. Dans le monde du spectacle, que ce soit la danse, le théâtre ou autre prestation artistique, il est de coutume de dire le mot « merde » aux artistes pour leur porter chance. Mais pour ne pas rompre ce porte-bonheur, il ne faut surtout pas dire merci. Tu comprends maintenant ?
- OK mais pourquoi le mot « merde » ? C'est un juron dans votre langue.
Daniel paraît étonné et un peu perdu. Je reprends la parole et lui explique ce que je sais à ce sujet :
- Cela date du 19eme siècle quand il y avait les calèches. Les jours de représentation au théâtre ou à l'opéra, les personnes riches venaient en calèches. Plus il y avait de monde, plus il y avait de calèches devant et les chevaux faisaient leurs besoins. C'était signe que le spectacle allait se donner avec beaucoup de monde, signe de succès. Tu comprends maintenant ?
- Merci Lauren pour ces explications. C'est marrant vos traditions. On a pas ça en Australie. Hé Carlos, lors d'une prochaine course, je gueule « merde » dans tout le paddock. T'en penses quoi ?
Carlos se prend la tête dans ses mains et fait mine d'être désespéré. Évidemment on éclate tous de rire.

Voici la journée qui va définitivement clore ma carrière, derrière compétition, dernier programme libre noté par des juges. J'ai vu des messages sur mon téléphone, sur les réseaux sociaux et des mails de soutien. Je sais qu'il y aura les pontes de l'ISU et très certainement les officiels de ma fédération. J'ai horreur de ça. Ils sont tout mielleux devant les caméras et te cassent par derrière dès que cela ne leur convient pas. Business is business. Je vais faire le maximum et advienne que pourra. J'espère que mon programme plaira en premier lieu au public et que les juges noterons correctement. La jeune patineuse japonaise est devant moi mais il y a même pas un point d'écart entre nous. Tout peut donc se jouer cet après-midi.
Daniel dort encore et je profite pour commander un petit-déjeuner au room service. Puis je prends le temps de me maquiller et de boucler mes cheveux. Occupée à la salle de bains, je vois Daniel émerger, les cheveux en pétard et les yeux encore tout collés.
- Sweetheard pourquoi tu es levée si tôt ? Tu arrives pas à dormir ? Il est que 9 heures.
- Bonjour ! je peux m'empêcher de lui sourire et viens lui faire un câlin. J'ai assez dormi et je voulais me pomponner tranquillement.
- Hmm .. tu es belle et tu sens bon ! J'aime bien ce maquillage rose et violet. On voit encore plus tes yeux verts.

Au même moment, on toque à notre porte pour le petit-déjeuner. Daniel réceptionne le chariot et je m'installe en m'apprêtant à faire ma fameuse expression mais sur ce coup, Daniel me devance et s'exclame :
- Que j'ai faim ! On attaque ?
- Mais non, tu peux pas dire ça. C'est ma phrase !
Il me regarde bêtement puis nous rions tellement qu'il nous faut quelques minutes pour manger nos tartines.

- Bon sérieusement Lauren, ça va aller ? Tu te sens bien ?
Daniel me paraît encore plus stressé que moi. Étonnamment je suis sereine, ma boule au ventre est là mais c'est rien en comparaison à d'autres compétitions. Je suis prête !

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