Laisse-moi t'aider.

Chapitre 5

Ma montre sonne 11h55, m'indiquant l'heure de rejoindre la classe.

Je range mes affaires et me dirige rapidement vers eux. J'aurais préféré rester de mon côté, mais mon ventre qui crie famine me convainc de les rejoindre, étant donné que c'est eux qui ont nos sacs de nourriture.

Quand j'arrive, ils sont déjà tous là à attendre.

Moi qui voulais être discrète.

"Ah, la voilà enfin. Alors, on s'est laissé prendre par l'ambiance du musée ?" essaye de plaisanter la prof.

Je ne réponds rien et nous avançons vers une sorte de parc pour manger. Je récupère ma nourriture et vais dans mon coin.

Je peaufine mon dessin en mangeant.

Une fois que j'ai fini de manger, je remarque que j'ai terminé avant les autres. Je regarde autour de moi pour repérer ma position et je reconnais la rue.

C'est tout près d'elle.

Je regarde l'heure et vois qu'il n'est que 13h08, ce qui me laisse le temps de rendre une petite visite à Angela.

Je me lève discrètement, vérifie que personne ne me voit et sors du parc.

Je me promène dans les rues avant d'atteindre ma destination et de ralentir le rythme.

Une étrange sensation m'envahit au fur et à mesure que je parcours les allées.

Je contemple les tombes qui m'entourent. Certaines sont bien entretenues, tandis que d'autres sont complètement abandonnées.

Je m'arrête devant celle de ma sœur.

Je la regarde et esquisse un sourire triste.

"Salut Angi. Ça fait longtemps. Pardonne-moi, je n'ai pas vraiment l'autorisation de venir ici."

Je fais une pause et sors la statue de mon sac.

"Regarde ça. C'est un cadeau de maman. Est-ce que ça te plaît ?"

Je m'accroupis et la pose à côté de sa photo.

Je vérifie que l'herbe soit sèche avant de m'asseoir totalement, les bras sur mes genoux.

"On est en sortie au musée à côté. Tu sais, celui que j'adore ? J'ai encore passé tout mon temps à la section histoire naturelle", dis-je en riant légèrement.

Je reste là à lui raconter mes journées pendant je ne sais combien de temps. Je ne m'en préoccupe pas. Comme avant. Le temps est insignifiant quand je suis avec elle.

"Tu me manques, Angela. Tu me manques tellement."

Je lâche un sanglot incontrôlé et essuie mes yeux.

"Maman... elle ne s'en remet pas. Et je crois qu'elle ne le fera jamais. Et papa..."

Je prends une grande inspiration pour me donner la force de prononcer cette phrase.

"C'est fini. Je me suis fait une raison. Il ne reviendra pas."

L'entendre m'a toujours affecté mais j'ai toujours cru que c'était faux. Alors là, me le dire à moi-même m'écorche la bouche.

"C'est injuste, putain ! Pourquoi tu es là alors que moi je suis toujours envie, hein ?! Alors que ce soir-là, j'y étais aussi !" M'énerve-je

C'est vrai, quoi ! On était deux quand ils sont arrivés et pourtant, elle est morte. En me laissant avec cette putain de culpabilité chaque jour. Pourquoi elle ? Elle avait déjà entamé sa vie ! Elle avait des amis, des parents aimants et une bonne santé.