Chapitre 29

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Je m'assois sur son lit et le fixe en attendant qu'il commence.

"Je... déjà, c'est pas moi le dealer."

Il s'approche lentement en continuant.

"Mais je sais qui c'est. Je le sais car je lui dois une somme énorme d'argent."

Eh bien, ça alors...

"Pourquoi tu lui donnes pas ? T'es riche, non ?"

"C'est là le problème. Je lui dois 70 000 euros."

"COMBIEN ?!" M'exclamai-je un peu trop fort.

"Chut ! Parle moins fort !"

"70 000 ! C'est énorme !"

"Je sais. Mais j'aurais pu payer si mes parents ne me prenaient pas la moitié de mon salaire à chaque fois !"

"Qu'est-ce qu'ils font ?"

Il soupire et vient s'asseoir à côté de moi. Je me replace pour lui faire face et tends l'oreille.

"Quand j'avais 14 ans, il y avait une paire de chaussures que je voulais absolument. J'ai donc fait un petit boulot pour pouvoir les payer, car mes parents ne pouvaient pas. Mais ils m'ont fait signer un papier stipulant que chaque salaire que je gagnais devait leur être donné à moitié. Comme s'ils étaient l'État en gros, tu vois ?"

"Ouais, je vois."

"J'ai pas lu les conditions. Je leur faisais confiance. J'aurais jamais dû. Au début, ça me dérangeait pas, c'était normal pour moi de leur passer une partie."

J'hoche la tête et le laisse continuer tranquillement.

"Sauf que j'ai appris bien plus tard que ça ne s'appliquait pas seulement à ce travail, mais à tous ceux que je faisais et ferais tout au long de ma vie."

"Comment ça ? Tu as 18 ans, non ? Tu devrais pouvoir tout garder."

"Il faut toujours lire les consignes. Je l'ai pas fait et j'ai raté celle qui m'aurait fait refuser. « Ce contrat sera valable tout au long de votre vie, sauf si celui ou celle qui vous a fait signer renonce. » Ils n'ont pas renoncé. Et au début... avec les gars, nous ne gagnions pas suffisamment. Mes parents étaient déjà partis mener leur propre vie, de leurs cotés et m'avaient laissé avec Simone et Gordon. Mais ils continuaient de prendre mon argent." Il baisse les yeux vers le sol comme s'il avait honte. "Je voulais absolument gagner plus d'argent, ne serait-ce que pour aider les Kaulitz qui me gardaient chez eux, alors qu'ils ont déjà deux enfants et peu d'argent. peu importe les moyens. C'est là que j'ai rencontré Franz. Il m'a dit qu'il pouvait m'aider. Si nous parions de l'argent et que je gagnais, j'obtenais le double de la somme. Si c'était l'inverse, c'est lui qui prenais. J'étais trop sûr de moi. Et j'ai perdu. 35 000 euros. Je ne les avais pas, alors j'ai tout simplement disparu. Mais il y a quelques mois, je l'ai revus et il ne m'avait pas oublié. Et il veut son argent."

"Mais... si vous avez parié 35 000, pourquoi il en veut 70 000 ?"

"1000€ de plus par mois de retard. Je suis aussi riche que tu l'as dit. Donc, pour lui, c'est logique."

"Et si tu ne paies pas ?" demandais-je à voix basse.

"Il me tuera. J'ai 2 mois."

Je porte ma main à ma bouche tout en rejouant la conversation dans ma tête.

Il ne pourra jamais avoir autant en 2 mois, c'est impossible.

"Tu- c'est impossible ! Tu n'aurais jamais autant !"

"Peut-être, mais je pourrais demander plus de temps en lui donnant une première partie avec l'argent de la tournée. Il reste 2 semaines de concerts et c'est fini."

"Et tes parents ?"

Il baisse la tête et soupire.

"Je ne sais pas. J'suis vraiment dans la merde, putain..."

Il passe sa main sur son visage et je peux apercevoir ses yeux briller.

En signe de compassion, je pose ma main sur son épaule et la serre légèrement.

"Et toi alors ? Qu'est-ce que tu faisais là-bas ?"

Cette fois-ci, c'est à moi de soupirer : "Je voulais découvrir qui était ce mec. Reinold est à ses trousses avec les flics, mais ils ne trouvent rien. Je voulais être sûr de la piste que j'avais avant de lui dire, au cas où."

"Vous ne devez pas intervenir dans ses trafics."

"Bien sûr que si ! Ça pourrait t'aider en plus !"

"Non, Alina, écoute-moi."

Il me regarde, le visage grave, et pose une nouvelle fois ses mains sur mes joues pour que mon regard ne se détourne pas du sien.

"Ce mec est taré. Je suis déjà allé chez lui plein de fois. Il a une étagère avec les têtes des gens qu'il massacre, posées dessus. À chaque fois que j'y vais, il y en a une nouvelle. Ce mec n'a peur de rien. C'est pour ça que tu ne dois pas y retourner, Alina. Jamais."

Mon cœur s'accélère à l'écoute de ses mots. Et peut-être aussi à cause de ses pouces qui caressent mes joues.

"C'est un... c'est un meurtrier ?"

"Un putain de tueur en série, même."

"M-mais Reinold est sur l'affaire et..."

Je commence à trembler en imaginant ce qui pourrait lui arriver s'il venait à affronter ce malade. Je ne survivrais pas si je le perdais.

"Il doit abandonner. Tous. Passer l'éponge, explique-lui."

"Si je lui explique, il voudra encore plus le faire tomber ! Mais si je ne dis rien, il ne comprendra pas !"

"C'est nécessaire ! C'est trop dangereux."

"Mais ils ont des armes ! Ils sont nombreux !"

"Lui aussi. Il en a, et il a des personnes qui travaillent pour lui ! Essaie de le dissuader et promets-moi que tu n'y retourneras pas. Jamais."

"J'essaierai. Et toi aussi, promets-moi de ne pas y retourner."

Il soupire et se relève sans répondre ni me regarder.

"Georg ! Promets-le ! Allez !"

Pourquoi ça m'inquiète autant de savoir qu'il pourrait y retourner ? Nous ne nous connaissons même pas !

"Qu'est-ce que ça peut te faire de toute façon, hein ? C'est pas comme si on était amis ! C'est pas parce que je t'ai prévenu que ça fait de nous des meilleurs potes !"

Ouch.

"Ouais. T'as raison."

Je lui passe devant en le poussant et sors de là.

Je sors de la maison en prenant soin de ne pas claquer la porte, puis je m'en vais à grandes enjambées.

Quel connard celui-là alors !

Qu'il y retourne et finisse avec sa tête sur le meuble, je m'en branle !

Laisse-moi t'aider.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant