Chapitre 36

12 5 0
                                    

Ses mots s'insinuent en moi comme un poison maudit. Et je n'ai pas envie de prendre le remède.

"Tu n'le penses pas."

"Je t'aime Alina Meyer. Tu es ma fille."

"Arrête !"

"Pourquoi ? Pourquoi est-ce si dur à entendre pour toi ?"

"Parce que tu ne peux pas m'aimer ! Tu n'en as pas le droit !"

"J'ai été là pour toi quand tu en avais besoin. Je t'ai tout appris quand ta mère était ivre chez toi. Je t'ai hébergée quand cela devenait trop difficile à supporter. Je t'ai donné tout l'amour dont j'étais capable, à toi et à Reinold !"

"Non. Reinold est ton fils ! Tu l'as adopté quand ses parents l'ont abandonné, moi non ! J'étais juste un putain de chien errant qui traînait là de temps en temps pour réclamer à bouffer !"

"Tu vois, c'est ça que je déteste chez toi. Cette putain d'image de merde que tu as de toi-même."

Je lâche un hoquet suivi d'un sanglot et prends une inspiration tremblante.

"Je... je suis désolée mais j'peux pas..."

Je retourne précipitamment dans la chambre et m'enferme à l'intérieur avant de m'effondrer en pleurs contre la porte.

Il est impossible pour moi d'imaginer que quelqu'un puisse tenir à moi. Ma mère me déteste, mon père me détestait. Les seules personnes qui disaient m'aimer sont décédées le lendemain. Et je refuse qu'il lui arrive la même chose.

Non, il ne peut pas m'aimer !

Des coups retentissent à la porte, me tirant de mes pensées. Je m'éloigne rapidement et retourne me recroqueviller dans le coin où j'étais tout à l'heure.

La porte s'ouvre et se referme, laissant entrer une personne qui commence à me harceler en ne me lâchant pas comme ça.

"Bordel, lâche-moi..."

"Non. Désolé, mais non. Hors de question de te laisser seule, surtout pas dans un moment comme celui-ci. Alors que tu as le plus besoin d'être entourée."

"Tu ne comprends rien !"

"Alors explique-moi ! Pourquoi tu refuses d'aller lui dire au revoir ?" s'agite-t-il.

"En quoi est-ce important ?"

"Pour moi ça l'es. Je veux t'aider, Alina."

"Mais je ne veux pas d'aide... personne ne peut m'aider..."

"Laisse-moi au moins essayer, s'il te plaît..."

"Fais ce que tu veux. Mais je n'irai pas à son enterrement."

"Tu iras même si pour ça je dois t'assommer et t'y emmener moi-même."

"Pourquoi c'est si important ?"

"Parce que tu le regretterais toute ta vie si tu n'y vas pas. C'est ta seule chance de lui dire au revoir ! T'as seule chance."

Il repart énervé et claque la porte, me laissant seule avec mes pensées.

Mauvaise idée.

Je me relève rapidement et tourne en rond en me grattant les bras.

"Merde... merde ! MERDE !"

Laisse-moi t'aider.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant