Chapitre 24

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Mes yeux sont aveuglés par une lumière vive et s'humidifient naturellement.

Je me redresse tout en gardant les yeux fermés au maximum, laissant seulement filtrer un mince rayon de lumière pour m'orienter.

Une fois que mes yeux se sont adaptés, je les ouvre complètement et je reconnais ma chambre. Les murs sont toujours d'un blanc éclatant, la décoration minimaliste, le bureau simple est toujours dans un coin, et mon armoire grise est restée à sa place. Oui, je suis bien chez moi.

Je l'observe et quand j'essaie de me lever, je rencontre une résistance au niveau des chevilles et du poignet gauche.

Je reste bloqué, le regard dans le vide, priant pour me tromper.

Je me retourne lentement et écarquille les yeux en voyant des chaînes cadenassées au barreau de mon lit, m'empêchant de me lever.

J'hallucine, bordel de merde !

"AH ! PUTAIN !"

Je tire de toutes mes forces sur le bras gauche, mais ça ne lâche pas.

"ALLEZ ! MARIA ! DÉTACHEZ-MOI, PUTAIN !"

Je commence à pleurer en hurlant, mais personne ne se décide à venir.

Je m'étouffe et me fais mal, mais continue de tirer de plus en plus fort.

Je reste assise là, ne sachant combien de temps, en train de me débattre avant de me calmer et de reprendre ma respiration.

J'en ai plus que marre ! Je la déteste, je la déteste, JE LA DÉTESTE !

Je ferme les yeux tout en passant ma main droite sur ma gorge irritée, lorsque soudain la porte s'ouvre.

Je ne prends même pas la peine de la regarder et fixe un point invisible devant moi, la vue embrouillée.

"Je t'apporte à bouffé. Fais-en ce que tu veux."

Le seul bruit qui suit est le claquement de la porte me laissant à nouveau seul.

Un son retentit dans la pièce. Mon regard se pose sur mon téléphone qui vibre sur ma table de nuit.

J'étends le bras et l'attrape pour le coller à mon oreille sans regarder.

"Allo ?"

"Alina ? Où es-tu ? Pourquoi ton pote aux cheveux longs est-il venu au poste dire que tu avais été retenu en otage, putain ?"

Je recommence à pleurer sans retenue en essayant de lui expliquer.

"Rein... c'est elle qui... putain elle... elle m'a... et je-"

Il ne semble pas comprendre et me demande de me calmer pour parler clairement.

"ELLE M'A ATTACHÉE PUTAIN ! JE NE PEUX PAS PARTIR, AIDE-MOI, JE T'EN SUPPLIE !"

Il y eut un court silence durant lequel seuls mes sanglots le transpercent.

"J'arrive", dit-il d'une voix ferme.

La communication se coupe et je m'essuie le nez avec ma main droite en reniflant.

Il va arriver et me sortir de là. Je dois juste attendre quelques minutes.

Je ne sais pas combien de temps est passé depuis l'appel mais un bruit sourd me ramène sur terre.

Je sursaute en entendant des cris en bas et des pas précipités.

"OÙ EST-ELLE ?"

La voix de ma mère n'atteint pas mes oreilles, mais cela semble avoir irrité Reinlod car un bruit sourd retentit, suivi de l'ouverture brutale de ma porte.

"Alina..."

Il s'approche et fixe mes chaînes, choqué, réfléchissant à comment les enlever.

"Tu n'as pas de clés ?"

"Non, ils ne veulent pas dire où ils les ont mises."

Il se mordille légèrement la lèvre avant de reculer et me fixer droit dans les yeux.

"Tu me fais confiance ?"

"Oui", acquiesçai-je sans hésiter.

Il sort son arme de service et la pointe vers moi. Mon cœur bat la chamade comme jamais auparavant.

"Qu'est-ce que tu..."

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'une détonation retentit, faisant siffler mes oreilles. Une autre suit, puis une troisième. Ma tête tourne et mes oreilles me font mal. Il s'approche et retire les chaînes des barreaux de mon lit, les laissant pendre à mes chevilles et à mon poignet.

Incapable de marcher en raison des chaînes qui entravent mes jambes et limitent tout mouvement, il me soulève en glissant ses bras sous mes jambes et mon dos pour me serrer contre lui.

Il redescend et en arrivant dans l'entrée, mon regard croise celui meurtrier de ma mère.

Je ne pourrai jamais pardonner ça.

"Tu n'es qu'un p'tit con", lâche ma mère en direction du policier.

Celui-ci serre les dents et me pose à terre à côté de Friedrich qui me demande comment je vais.

"Ça va, merci..."

Il me sourit et reporte son attention sur l'altercation qui se déroule devant nous.

"Faites attention à ce que vous dites," dit-il en la pointant du doigt. "La seule et unique raison pour laquelle vous n'êtes pas en prison, c'est parce que je refuse qu'Alina aille en famille d'accueil, mais je vous jure qu'à ses 18 ans, je ferai en sorte que vous pourrissiez là-bas."

Elle le fixe durement sans ciller avant de détourner son regard vers moi.

Je la fixe avec dégoût et déception avant d'être entraîné de force hors de cette maison maudite.

"Ça va aller ?"

"Ça ira quand je n'aurai plus ces putains de chaînes accrochées à moi."

Il ouvre la porte passager d'une voiture de police et me fait monter à l'intérieur.

Le trajet jusqu'au commissariat se fait en silence, me laissant le loisir de réfléchir à tout cela.

J'ai trop pardonné leurs erreurs. Je refuse de le refaire.

La goute de trop. Comment a t'elle pu me faire une choses pareil ? J'ai cru qu'elle... qu'elle m'aimait encore un peu... Mais j'avais tord apparemment. Alors pourquoi moi je l'aime toujours ?

Nous arrivons à destination et il se dépêche de me porter à l'intérieur. Notre arrivée ne passe pas inaperçue et la plupart des policiers viennent vérifier mon état et demander ce qui s'est passé.

Je leur réponds de manière évasive que tout va bien, n'ayant aucune envie de m'étendre sur le sujet et préférant éviter leurs regards insistants.

"Ne bouge pas, je reviens."

Il me pose sur un canapé dans la salle de repos et repart rapidement me laissant seule

J'essaie de contrôler les tremblements de mes mains et de ma respiration. Ma vision devient floue et des vertiges se manifestent. Je porte mes mains à ma bouche pour étouffer mes sanglots du mieux que je peux. Descendant du canapé, je m'agenouille en avant, laissant échapper un cri de rage. Puis un autre, et encore un autre. J'exprime toute ma douleur à travers mes hurlements, sans me préoccuper du monde qui m'entoure.

Je pose une main à plat sur le sol tandis que l'autre se maintient au niveau de ma poitrine. Tout le poste doit m'entendre mais je m'en moque. J'ai besoin de relâcher la pression.

La porte s'ouvre et des bras m'enlacent. Reinhold me ramène à lui et me serre de toutes ses forces en me murmurant des mots rassurants.

Laisse-moi t'aider.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant