Laisse-moi t'aider.

Chapitre 19

La voiture se gare dans la rue et j'observe avec appréhension les élèves vadrouiller devant moi.

Je sais déjà à quoi m'attendre. Et je n'ai vraiment pas besoin de ça.

La ville n'est pas très grande, donc une voiture en feu ne passe pas inaperçue. Pas plus que le coupable.

"Ça va passer vite."

"On voit bien que ce n'est pas toi qui y vas. Ce lycée est vraiment merdique."

"Alors pourquoi t'es venu ? Si ça ne te convient pas, retourne là où tu étais."

"Nan j'peux pas. J'ai été renvoyée."

Il hausse les sourcils, surpris mais sans plus, et me demande d'expliquer.

"J'ai insulté une prof et elle l'a mal pris, cette garce m'a viré ! C'est elle qui a cherché en plus !"

Il éclate d'un rire moqueur, tape dans ses mains puis ébouriffe mes cheveux.

"T'es vraiment un cas toi ! Allez, vas-y !"

"Na na na, ouais ouais, c'est ça, salut."

"Bonne chance, p'tit elfe."

Je m'écarte de lui en râlant lorsqu'il ébouriffe encore une fois mes cheveux.

"Rah, lâche-moi bordel !" Je me recoiffe rapidement en râlant toujours autant. "Et ne m'appelle pas comme ça, je n'ai plus 6 ans !"

Il rit sincèrement avant de me faire signe de sortir.

Je l'embrasse sur la joue puis sors après avoir pris une inspiration pour me donner du courage.

"C'est parti."

J'avance parmi les élèves en ignorant leurs regards insistants et les remarques qui fusent autour de moi. Occupez-vous de vos affaires, non ?

Chaque conversation s'arrête, chaque tête se tourne vers moi, me fixant de leurs grands yeux à la fois choqués que j'aie pu manquer de brûler ma propre maison et à la fois dégoûtés que je sois allé aussi loin.

Je n'ai jamais été intégré ici, mais là c'est encore pire.

Puis merde, ce n'est qu'une voiture, non ? Je n'ai pas tué ma mère !

Quand je passe, les gens m'insultent ou reculent.

"Sale taré !"

Je serre les dents et les poings pour ne pas essayer de lui refaire le portrait et risquer d'abîmer le mien.

"Folle."

"Putain, votre vie est si nulle à chier pour porter autant d'intérêt à la mienne ?"

Les visages se détournent de moi et je m'aventure rapidement vers la salle.

Nous nous installons et quand j'ai l'espoir de passer le cours seule de mon côté, Sandra s'avance et se place à ma gauche.

"Alors, tu connais les Tokio Hotel ?"

Je lève les yeux au ciel et lui demande comment elle le sait.

"Ils étaient là quand ta maison a brûlé. Et tu étais dans le bus avec eux alors..."

"Je les connais un peu, ouais."

"C'est génial ! Tu crois que tu pourrais m'obtenir un autographe ? Ou une entrevue avec eux ! Une photo ? Un concert privé !"

Je l'observe en train de se perdre dans une multitude de scénarios les uns plus fous que les autres, avant de me lasser et de tourner mon regard vers la fenêtre. Mes yeux sont aussitôt captivés par une silhouette pressée mais légèrement boiteuse qui traverse la rue pour rejoindre une ruelle au loin.