Laisse-moi t'aider.

Chapitres 44

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"Bon Ali. Tu veux faire quoi maintenant ?"

"Hummmmm."

Je porte ma main à mon menton pour réfléchir avant d'avoir une idée brillante.

"Un film !"

"Encore ? On en a déjà regardé 4 aujourd'hui !"

"Il n'y a jamais trop de films."

Angela soupire, me montrant que j'ai gagné et nous nous installons pour allumer la télévision.

"On met quoi ?"

"Jurassic Park !"

"Oh non non non Alina. Tu es trop petite pour ça."

"Du tout ! Amélie l'a vu elle !"

"Eh bien, si ses parents sont d'accord, c'est leur problème, mais moi je refuse. Alors ?"

"Jurassic Park. Jurassic Park. Jurassic Park. Jurassic Park. Jurassic Park. JURASSIC PARK !!"

"D'ACCORD ! Mais arrête de crier !"

Je lui souris et prends un oreiller pour me cacher si jamais j'ai peur.

"Ne compte pas sur moi pour dormir avec toi si tu fais des cauchemars."

"M'en fiche, je suis une grande fille !"

"Mais oui, mais oui."

Le film commence et je dois avouer que je ne suis pas au meilleur de ma forme. Je me rapproche petit à petit de ma sœur jusqu'à être complètement contre elle.

"Je t'avais dit, Ali."

"Moui... t'avais raison..."

Un dinosaure apparaît soudainement, me faisant sursauter. Étrangement, ma sœur sursaute aussi.

"Angi, ça va ?"

Aucune réponse ne me parvient, donc je me redresse pour la voir paniquer en fixant la porte d'entrée.

"Angela, qu'est-ce qui se passe ?"

Elle plaque sa main sur ma bouche, me faisant froncer les sourcils de mécontentement, puis éteint la télévision, toujours fixant la porte.

"Bon, t'arrives à l'ouvrir, oui ?"

Mon cœur s'emballe en entendant cette voix masculine inconnue.

"Ouais, ouais, 30 secondes."

Un bruit de serrure résonne dans la maison désormais silencieuse, avant qu'Angela m'attrape par la main et m'entraîne vers la cuisine.

"Qu'est-ce qui se passe ? Tu as invité des amis ?"

Elle s'arrête devant les placards de cuisine, se retourne vers moi, les yeux brillants.

"Oui, et nous allons jouer à cache-cache avec eux."

"J'ai pas envie de jouer. Je veux finir le film !"

"Alina !" Cria-t-elle en chuchotant.

Mais trop tard, je suis déjà réinstallé sur le canapé, bien décidé à finir ce film.

Mon regard se perd dans la fenêtre et mon sang ne fait qu'un tour quand il croise les yeux d'une ombre plantée là, me regardant.

"Angela..."

Incapable de bouger ni même de détourner le regard, je ne peux qu'écouter les battements frénétiques de mon cœur battre dans mes oreilles.

Angela arrive et me lève du canapé de force, n'ayant pas vu l'homme, et me ramène à la cuisine. Je la regarde ouvrir un placard en comprenant ce qu'elle veut faire.

"Bonne idée ! Mais on rentre dedans toutes les deux ? Y'a assez de place ?"

Ma sœur s'agenouille en tenant mes mains dans les siennes, les yeux plein de larmes.

"Non... C'est pour toi."

"M-moi ? Mais et toi ?"

À son sourire pincé, je comprends qu'elle compte sacrifier sa vie pour sauver la mienne.

"Non, je ne veux pas."

"Ma chère Alina..." elle lâche l'une de mes mains pour caresser mes cheveux de sa main tremblante. "Tu es intelligente. Alors tu vas faire absolument tout ce que je te dirai de faire."

Je secoue la tête en pleurant à mon tour et je ne veux plus l'écouter.

"Tu vas rentrer dans ce placard et ne pas en sortir sous aucun prétexte. Jamais. Tu ne sors pas tant qu'on ne vient pas te chercher, d'accord? Et si tu ne connais pas la personne." Elle se lève et sort un couteau de cuisine pour me le donner. "Tu sais ce que tu dois faire."

"Non, je veux pas..."

"Il le faut. L'enfance est finie, Ali... Je suis désolée."

Je fonds dans ses bras, profitant de cette étreinte.

"Tu vas t'en sortir ?"

"C'est promis, Alina. On va s'en sortir."

La détermination que je lis dans ses yeux quand elle me lâche me redonne confiance. Assez pour sécher mes larmes et rentrer dans ce placard, le couteau bien serré contre moi.

"Je t'aime."

"Moi aussi. On se voit tout à l'heure ?"

Elle hoche la tête puis referme la porte, me laissant totalement plongé dans l'obscurité.

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé, mais le temps semble différent ici. Je crois que les hommes ont réussi à entrer car des cris à l'étage m'intimident.

Soudain, des hurlements stridents atteignent mes oreilles.

Je me les bouche avec mes mains et ferme les yeux, voyant des taches jaunes. Je tremble de tout mon être dans ce petit espace confiné. Je mets ma main devant ma bouche et enfonce mes ongles dans ma joue pour ne faire aucun bruit.

Après une éternité qui semble s'écouler, des pas se font entendre derrière la porte du placard où je suis caché, avant de s'arrêter juste devant.

J'ai chaud.

J'arrête de respirer et mon cœur cesse de battre. Ma joie de vivre s'éteint, et l'envie de continuer disparaît.

L'homme devant le placard tient quelque chose dans sa main. Quelque chose que je connais que trop bien. Une chose qui n'a rien à faire dans la main de cet homme.

"Agela..."

Je replace mes mains pour étouffer mes sanglots et enfouis ma tête dans mes genoux.

Elle a menti. Elle a dit qu'il ne nous arriverait rien.

Menteuse...

"Allez, on se casse."

"Où est l'autre fille ?"

"Elle était là ?"

"Ouais, on s'est fixé un moment quand j'regardais par la f'nêtre."

"Attends, c'est ça qui t'a excité ?"

Il éclate d'un rire gras suivi d'une tape dans le dos de son ami.

"Elle a un d'ses regard..."

"Franz !"

"Peu importe, elle a pas plus de 6 ans, elle ne dira rien ! On se barre, sinon on va se faire choper !"

Les pas finissent par s'éloigner et j'entends la porte de chez nous se refermer violemment.

Je ne bouge pas.

Je retiens mon souffle.

Je meurs un peu plus en réalisant la situation.

Ma grande sœur est morte... et c'est de ma faute.