Chapitres 37 georg

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"Tu veux nous en parler ?" Demande Bill doucement en se redressant.

"Vous savez déjà ce qu'il s'est passé. Vous avez vu les infos."

"On s'en fiche des infos Georg. On veut savoir si toi tu as besoin de nous raconter."

"Je-" je suis interrompu par la porte qui s'ouvre, laissant entrer une Sarah toute timide.

Je lui souris doucement et me décale pour qu'elle s'installe à côté de moi.

"Salut... comment ça va ?"

"Moyen."

Elle s'approche et dépose un baiser amical sur ma joue, puis se place derrière moi, appuyée contre la tête de lit.

Je soupire et me laisse tomber en arrière, les yeux fermés, ma tête reposant sur les tibias de l'un d'eux.

"Allez, ne te gêne pas." Taquine Tom.

"En même temps, t'es vraiment confortable, Tommy chou," me moquai-je ouvertement de lui.

"Tu me dragues, G' ?"

Je ris légèrement avant de retrouver mon sérieux.

"D'accord, je vais vous raconter."

Un silence de mort s'installe et je prends une inspiration en rassemblant mes souvenirs.

"La première fois que je l'ai rencontré, j'avais vraiment besoin d'argent..."

Je leur raconte tout ce que j'ai raconté à Alina il y a quelques jours, jusqu'à la soirée d'hier.

"J'ai contourné les flics postés devant l'entrée de la rue. Je me suis caché et j'ai attendu. J'ai observé. Il y avait au moins une dizaine de poulets qui étaient là et aucun n'a jugé bon de descendre Franz ! Il... il faisait exprès de parler encore et encore pour leur montrer que c'est lui qui commandait. Et c'est là que je l'ai vue. Elle est apparue derrière une poubelle et elle avait un pied-de-biche en main. Il a tourné son arme vers elle... et je n'ai pas réfléchi quand il s'est retourné une énième fois vers elle avec son flingue. J'ai placé mon couteau sous sa gorge et putain, j'aurais dû le buter ! Je n'en ai pas été capable... j'aurais peut-être réussi à sauver quelqu'un..."

"Georg... ce n'est pas ta faute..."

"Si j'avais réussi à le tuer et que je n'avais pas été aussi lâche, Alina ne serait pas dans cet état ! J'ai une part de responsabilité. Je lui avais dit que je le ramènerais, putain ! Je n'ai pas réussi..."

"Et toi, dans quel état tu serais ?"

Je rouvre les yeux et penche ma tête en arrière pour croiser le regard de Sarah.

"Si tu l'avais tué, aurais-tu pu vivre avec ça ? Le meurtre d'un homme ?"

"Un monstre."

"Le fait est que ça reste un homme. Aussi mauvais soit-il. Je sais que tu veux l'aider, mais tu ne la connais même pas ! Tu ne peux pas gâcher ta vie pour elle, enfin !"

Je me redresse et me tourne pour lui faire face. "Ce n'aurait pas été que pour elle ! Mais aussi pour moi et pour toutes les personnes qu'il a tuées !"

"Tu n'as pas à jouer les justiciers pour eux !"

"Mais putain, de quoi tu te mêles, bordel ! Ça ne te regarde pas !"

Sarah est une amie proche, tout comme Gus ou les jumeaux, mais si elle me pousse à bout, je n'hésiterais pas à lui dire ses quatre vérités en face !

"Ne lui crie pas dessus !"

"Toi Tom, avec ce que je sais sur toi, je te conseille de pas me chercher !"

"Bon sang les gars, on était bien il y a 3 minutes, pourquoi ça dégénère tout à coup !," se plaint Bill en rejoignant son frère de l'autre côté du lit pour rester près de lui.

Oh, mon pauvre Billy... si tu savais ce qui se passe avec Tom, je ne pense pas que tu lui attraperais le bras comme ça...

"Si je veux sacrifier mon âme pour venger Alina, c'est mon problème. Et tu n'as pas ton mot à dire là-dessus !"

Je me lève précipitamment, les laissant tous derrière moi pour la rejoindre.

En ouvrant la porte de ma chambre, je la retrouve allongée par terre, endormie au milieu de débris de lampe.

Je me précipite pour vérifier qu'elle n'a rien avant de la porter et de la poser sur mon lit.

Son visage est couvert par ses mèches de cheveux en désordre, que je repousse rapidement de ma main pour mieux l'observer.

J'aimerais tellement pouvoir soulager toute sa peine, être là pour elle. Mais comment aider quelqu'un qui refuse de l'être ?

C'est inconsciemment que mon corps se rapproche du sien, mon bras s'enroule autour de sa taille pour la maintenir près de moi.

Je sais que je risque d'être rejeté demain, mais après tout, on est pas encore demain.

Puis je suis trop fatigué pour dormir sur le canap'.

Ma respiration se calme, s'harmonisant avec la sienne, apaisant totalement mon esprit, me permettant de fermer les yeux sans craindre une vision d'horreur.

Je me sens si bien près d'elle. C'est... rassurant.

C'est étrange, pourtant nous ne nous connaissons pas vraiment. Mais j'ai vraiment envie que ça change.

Et je sais que ça arrivera. Il suffit de laisser le temps faire les choses.

Pour l'instant, je dois élaborer un plan pour la convaincre de venir demain. Ce ne sera pas facile, mais je sais que je peux y arriver.

Ensuite, je l'aiderai à surmonter tout cela. Cela aussi, je peux le faire.

Ensuite, je me vengerai.

Je la vengerai de lui.

Et de tous ces autres pauvres gens qui sont tombés entre les griffes de Franz.

Il crèvera.

Je le promets sur ma vie.

Et s'il faut que j'y laisse aussi ma vie pour que cela se produise, je n'hésiterai pas.

Même si je préférerais ne pas en arriver là... après tout, je ne suis qu'un jeune de 19 ans...

Ma main se porte naturellement vers le bas de mon ventre, là où je garde la trace de sa cruauté.

Sans m'en rendre compte, mes doigts retracent la cicatrice que je connais par cœur maintenant.

Chaque courbe, chaque trait, chaque croisement.

Je pourrais facilement dessiner un corps et placer les yeux fermés exactement au bon endroit, au millimètre près.

Oui. Il doit payer.

Laisse-moi t'aider.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant