Chapitres 46

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Tout au long de mon récit sur ce que j'ai vu, à aucun moment il ne m'a interrompu ou m'a dit que c'était n'importe quoi.

"Et après, j'ai eu l'impression d'être aspirée et je me suis réveillée."

"Waouh", déclare-t-il après un moment de silence.

"Tu me crois ?"

"Oui, bizarrement, oui, je te crois."

Un sourire naît sur mes lèvres.

"Tu veux qu'on aille voir ta mère ?"

J'hoche la tête positivement.

"Je viendrai avec toi."

"Merci."

Il prend une profonde inspiration avant de se lever du lit pour se tenir debout dos à moi.

"Une promesse est une promesse..."

Il commence par enlever sa veste et la pose sur la chaise à côté de lui, sous mon regard interrogatif. Ensuite, il enlève son t-shirt. Il retire ses bras des manches et le fait passer par-dessus sa tête.

Mes yeux s'écarquillent en voyant les muscles de son dos rouler sous ses mouvements.

"Dingue..."

Ma contemplation s'interrompt lorsqu'il se retourne vers moi. Normalement, j'aurais eu une réaction tout à fait normale - ressentir une chaleur intense en voyant des abdominaux comme ceux-ci - mais pas cette fois.

Cette fois, seul le choc et une envie de vomir m'envahissent.

Alors que je fixe le bas de son ventre, je me déplace à quatre pattes sur le lit jusqu'à m'arrêter devant lui.

"Georg... c'est... c'est lui qui t'a fait ça ?"

"C'était la première fois qu'il m'a revu après ma disparition."

Je retiens mon souffle sans pouvoir détourner mon regard de la marque.

"C'est un monstre..."

Il pose sa main sur ma joue pour relever mon visage et nos regards se croisent, empreints de tristesse.

"Il aurait pu faire pire."

"Ne minimise pas ce qu'il t'a fait ! Il t'a marqué au fer rouge, Georg, comment un homme peut faire ça à un enfant !" Criai-je horrifiée en effleurant de mes doigts la cicatrice sur son bas-ventre.

"Bill a une étoile à cet endroit-là, moi j'ai une marque de bétail," rit-il faussement.

Je relève les yeux humides vers lui avant de me lever sur mes genoux pour être à sa hauteur et, sans prévenir, l'embrasser.

Surpris, il ne réagit pas mais finit par accrocher ses mains à mes hanches pour me garder contre lui. Le baiser s'éternise car aucune de nous deux ne veut l'arrêter.

Je n'aurais jamais imaginé que nous en arriverions là.

Mon ventre se tord de plaisir alors que sa langue caresse toujours la mienne.

Malheureusement, nous finissons par nous séparer par manque de souffle. Je garde les yeux fermés et la bouche entrouverte avant de lécher mes lèvres pour recueillir une dernière fois le goût des siennes.

En ouvrant les yeux, ils se plongent directement dans les siens. Il affiche une expression que je ne saurais décrire avant de reculer légèrement.

Non.

Je l'attrape par le bras et le ramène vers moi, le visage sérieux. "Ne fais pas ça," dis-je pour le mettre en garde.

"Je n'allais pas revenir en arrière," assure-t-il avec un sourire. "Je voulais juste remettre mon t-shirt. J'me sens pas vraiment à l'aise que tu puisses la voir autant."

"Tu ne devrais pas."

Il hausse les épaules, "sans doute. Mais j'ai peur que... enfin tu vois quoi. Elle n'est pas super belle. Et en plus, j'ai une nouvelle marque sur ma jambe," rigole-t-il faussement une nouvelle fois. "Je suis vraiment marqué de partout."

Pour le faire taire, je l'embrasse de nouveau plus fermement.

"Tu n'as rien à cacher, Georg. Tu es très bien comme tu es."

Il se mord la lèvre en baissant le regard pour éviter que je ne voie qu'il est sur le point de pleurer.

"Hey..."

Je le force à relever la tête vers moi avec ma main, comprenant que cette fois, c'est à moi de le rassurer.

"Tu es parfait tel que tu es, que ce soit physiquement ou mentalement. Tu n'as rien à changer en toi. Et... je suppose que cette cicatrice te rappelle des moments douloureux. Mais elle fait désormais partie de toi et je refuse que tu te caches à cause d'elle. Tu as vécu des choses horribles et ça se voit." Son ventre se contracte et ses yeux s'écarquillent légèrement lorsque je pose ma main à plat dessus, gardant le contact visuel. "C'est la preuve. La preuve que tu as surmonté tout ça. La preuve que tu t'en es sorti et que tu t'en sortiras. Je le sais."

J'embrasse sa joue juste en dessous de son œil pour recueillir une larme, empêchant ainsi qu'elle ne dévale ce joli visage.

"Ne pleure pas... Tu n'es pas seul. Je suis là. Tes amis sont là. Tu n'as plus à t'en faire."

Il enlace ses bras autour de ma taille et pose sa tête dans mon cou.

"On va s'en débarrasser..."

Je souris à l'entente de ses mots, m'imaginant déjà la scène de la destruction de Franz.

"On va le faire."

__

"Ça va aller. Je suis là si jamais il tente quoi que ce soit, je te le promets."

Tenant la main de Georg, je prends une inspiration et ouvre la porte. Nous entrons et inspectons l'entrée ainsi que le salon, mais ne voyons personne.

Georg fait un pas en avant pour vérifier avant de revenir vers moi.

"Il n'y a personne."

Nous avançons et arrivons dans la cuisine. Je bloque un instant sur un endroit en particulier.

"C'est là que tu as vu la scène ?"

J'hoche la tête en me remémorant ma mère assise là en train de recevoir des coups.

"Elle doit être à l'étage."

Nous montons et traversons le couloir. Le brun laisse son regard se balader un peu partout, n'étant jamais entré ici, ce qui me fait doucement sourire.

Arrivés devant sa porte, j'hésite un instant avant de finalement l'ouvrir.

"Maman ? Tu es là ?"

J'entre dans la chambre et regarde dans tous les coins, paniquant un peu.

Soudain, une silhouette recroquevillée contre le radiateur attire mon attention. Je fais quelques pas de plus et m'accroupis devant elle, le cœur battant.

En observant de plus près, je peux voir que la personne est attachée au radiateur par des chaînes. J'amène ma main à son visage et décale ses cheveux.

"Maman..."

Laisse-moi t'aider.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant