Chapitre 7

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"Bonjour madame, je voudrais acheter une place de concert s'il vous plaît, ainsi que ce CD."

"Pour voir qui ?"

"Les Tokio Hotel."

Elle sourit et prend l'argent que je lui tends avant de me rendre la monnaie, le CD et la place.

"Merci."

Je quitte la librairie et me dirige vers chez moi en observant le billet.

Est-ce une bonne idée ? Je n'en sais rien. Mais si je veux le voir et le remercier, je n'ai que ça.

Je m'en veux d'être partie la dernière fois alors qu'il voulait simplement m'aider.

Je vais donc le remercier et m'excuser. Mais sachant que je ne pourrai jamais m'approcher de lui, j'ai prévu quelque chose qu'il ne manquera pas.

Du moins j'espere.

Je rentre dans le magasin de bricolage et ressors avec une pancarte, de la peinture et des paillettes.

Je rentre chez moi et m'installe directement sur la table.

J'écris d'abord les lettres au crayon puis repasse avec de la peinture fluorescente.

Et bien sûr, j'ajoute des paillettes.

Après 1h30 de peinture, des paillettes partout, de l'eau renversée et des accidents. J'ai enfin terminé.

« Pour Georg : merci 100 fois et désolé de m'être enfui. »

"Pas mal, pas mal."

Je la pose dans un coin du salon pour qu'elle sèche et range tout mon bazar.

Je monte dans ma chambre avec pour la planquer derrière ma porte, allume mon poste radio et insère le CD de leur tournée à l'intérieur.

Zimmer 483.

Quitte à aller voir leur concert, autant connaître quelques chansons.

Les musiques défilent les unes après les autres jusqu'à arriver à une qui m'est familière.

Mais oui ! Spring Nicht. On l'a vue en cours !

Arrivée à la fin de l'album, j'éteins et range soigneusement le CD avec les autres.

Je mets un CD de Metallica et l'allume à fond.

Je saute, je chante, je m'agite.

Les voisins vont encore péter un câble.

Ma mère aussi d'ailleurs. Elle déteste ce genre de musique. À cause de sa gueule de bois systématique, le moindre bruit lui fait exploser la tête.

Je n'entends plus rien d'autre que la musique et ne vois plus rien d'autre que la salle de concert que j'imagine.

Les lumières éclairent le groupe sur scène, les corps qui se heurtent, les cris des fans.

Je donnerais tout pour les revoir encore une fois.

"ALINA MEYER, COUPE ÇA TOUT DE SUITE !"

Je fais semblant de ne pas l'entendre et continue de chanter.

"JE SAIS QUE TU-"

"COME CRAWLING FASTER
OBEY YOUR MASTER
YOUR LIFE BURNS FASTER
OBEY YOUR MASTER, MASTER"

Je hurle pour couvrir sa voix infernale et lui tourne le dos, me détournant ainsi de mon poste.

Soudain, la musique cesse et un gros bruit de casse se fait entendre.

Je me retourne horrifié et vois mon poste radio par terre, totalement détruit.

"NON MAIS ÇA VA PAS ?!"

Je m'accroupis et en ramasse les bouts, pour voir si je peux en faire quelque chose, mais je dois me rendre à l'évidence. Il est fichu.

"Je déteste ce genre de chanson."

"Et c'était une raison pour le détruire ?" crachais-je au bord des larmes.

"Oh, je t'en prie, ce n'est qu'un foutu poste."

"C'était mon papa qui me l'avait offert pour mes 8 ans, juste après la mort d'Angi !"

Je remarque une lueur de regret traverser ses yeux avant de disparaître et de laisser place au mépris.

"Encore une raison de s'en débarrasser."

"Tu ne connais pas la valeur sentimentale ?"

Je me redresse, laisse tomber les débris de la radio et me positionne devant elle.

"Redescend immédiatement, jeune fille. Ton père n'est plus là et rien qui me rappelle lui ne devrait être présent ici."

"Et voilà." Je souris faussement. "Encore toi. Tout ce qui se passe ici doit être en fonction de toi, mais flash info, je suis là aussi, je te signale !"

Elle lève la main pour me gifler, mais ayant anticipé, je me baisse et la pousse hors de ma chambre.

"CASSE-TOI ! RETOURNE TE BOURRER LA GUEULE ! C'EST CE QUE TU FAIS DE MIEUX DE TOUTE FAÇON !"

"SANS MOI, TU N'AS PLUS RIEN !"

"EH BIEN, JE PRÉFÉRERAIS !"

Un coup fait trembler ma porte et j'appuie de tout mon poids dessus pour qu'elle ne s'ouvre pas.

Je pleure sans m'arrêter pendant qu'elle continue de frapper à la porte et de crier.

Je me bouche les oreilles et me laisse tomber contre la porte pour mieux la tenir, grâce à ma coiffeuse juste à côté qui me donne un appui sur lequel pousser pour garder la porte fermée.

De terribles souvenirs remontent à la surface, m'effrayant davantage.

Un hurlement strident sortant de mes entrailles résonne dans toute la maison avant que le trou noir ne s'installe.


J'ouvre les yeux d'un coup et me redresse avant de porter ma main à mon front suite à une douleur intense.

"Qu'est-ce que..."

J'écarquille les yeux en voyant du sang sur mes doigts.

J'essuie mon front avec l'autre main et du sang se dépose également dessus.

Je m'appuie contre la porte et la coiffeuse pour me relever.

Maria. C'est elle qui m'a assommée.

Je me dépêche de sortir d'ici et de la rejoindre dans le salon.

Je déboule et attrape un verre posé là que je balance juste à côté de sa tête, contre le mur, mais cela ne la fait même pas réagir.

"Tu avais promis !"

"Tu me cassais les oreilles à crier comme ça."

"Tu te fous de moi ?! C'est toi qui hurlait ! Tu avais juré de ne plus me toucher et là tu m'assommes ! Mais t'es complètement malade !"

Elle se retourne et me regarde blasée.

"Tu vas t'en remettre. Ce n'est qu'un peu de sang."

Je n'en reviens pas. Comment peut-elle oser dire ça ? Je suis sa fille, merde !

Je me précipite jusqu'à ma chambre, attrape quelques affaires et l'argent, puis je sors de cette maison de l'horreur.

Où je vais aller ? Aucune idée, mais ce sera toujours mieux qu'ici.

Je me dirige vers un arrêt de bus et j'observe la carte.

Il y a un hôtel non loin d'ici, à seulement 30 minutes de bus.

Je mets mes écouteurs et monte à bord du dernier bus de la soirée pour qu'il m'emmène à l'endroit où je passerai la nuit.

Laisse-moi t'aider.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant