Chapitres 52

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Le métal froid de son arme pressé contre mon dos me fait trembler de peur. Une peur que je n'ai ressentie qu'une seule fois dans ma vie.

Je serre les poings pour que personne ne puisse voir mes mains trembler, puis relève les yeux vers le bassiste, tout aussi paniqué que moi.

"Alors, on va faire simple. Tu m'amènes c'qui m'revient de droit. Et j'la laisse en vie. Ou bien, elle r'joint sa sœur et j'récupérerai tout de même mon argent après t'avoir tué, toi et tes potes. Tu choisis quoi ? Coopération ou force ?"

"Georg..."

Le brun se retourne vers ses amis en retrait, totalement perdus et effrayés.

"Donne-lui ce qu'il veut. Il le faut."

"Non !" Les regards se tournent vers moi alors que j'avance d'un pas, avant d'être rapidement rattrapé par l'homme qui me menace. "Vous avez travaillé si dur pour avoir gagner tout ça ! Vous ne méritez pas qu'on vous prennes tout !"

Un éclair de fureur traverse ses yeux, me faisant légèrement sursauter.

"Tu crois vraiment que ta vie vaut 70 000 euros ?! Tu vaux bien plus que tout l'or du monde, bordel ! Avant, ça ne concernait que moi, mais maintenant c'est ta vie qui est en jeu, Alina. Et s'il faut que je lui donne tout se que j'ai et plus encore pour ça, alors je n'hésiterai pas."

Je grimace les larmes aux yeux, mon coeur se gonflant. Mais de quoi ? Amour ou peur ? "Je-"

"Waouh." Franz s'avance vers lui en applaudissant de manière exagérée. "Tellement émouvant. C'est vrai ! Qui aurait cru qu'mon p'tit Georg grandirait si vite !"

Maintenant face à lui, il me tourne le dos et avant même que mon cerveau n'enregistre l'information, mon corps a déjà réagi. Je donne un grand coup de coude dans le nez de celui qui me tient et fonce vers ce salaud qui a détruit mon existence.

"Pas assez rapide."

Il se tourne vers moi, pointant son arme vers moi après avoir enlevé la sécurité. Je m'arrête net, le pistolet à quelques centimètres de mon visage, et lui lance un regard plus sombre que l'obscurité elle-même.

"Tic tac, Georg. Ta copine n'arrange pas son cas."

Je le vois hésiter encore un peu avant de se précipiter vers les coulisses.

Le silence règne dans la salle et seul le bruit de nos respirations se fait entendre.

Je tourne la tête pour parcourir la pièce des yeux. Le public s'est entassé vers le fond, certains tremblent et pleurent tandis que d'autres semblent prêts à en découdre. Les agents de sécurité sont dépassés par la situation et ne peuvent intervenir, à cause des armes braquées sur eux. Les garçons se tiennent regroupés sur la scène et nous fixent, apeurés.

"J'aurais jamais pensé qu'tu t'en r'mettrais", lâche Franz en m'observant attentivement, la tête légèrement penchée comme un chien qui ne comprend pas se qu'on lui dit.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir.

"Cette nuit-là. J'aurais jamais pensé qu'tu surmonterais ça."

Ma haine s'intensifie en comprenant de quoi il parle. Quel connard bordel !

"Tu parles de la nuit où t'as tué ma sœur ?"

"Oui", sourit-il. "Cette merveilleuse nuit-là."

Je ferme les yeux et prends une inspiration pour ne pas répondre quelque chose qui ne ferait qu'aggraver ma situation ainsi que celle des personnes présentes ici. Cependant, Franz ne semble pas vouloir me lâcher car il s'avance vers moi et m'attrape violemment les cheveux pour me tirer la tête en arrière. Je pousse un cri de surprise en ouvrant les yeux et j'amène mes mains à attraper ses poignets pour tenter de desserrer sa prise.

Son regard fou et son sourire sournois me fait avaler difficilement ma salive et reculer.

"Tu t'souviens ? Moi oui. Les cris d'ta sœur quand on l'a attrapée pour la tuer... c'était sacrément excitant..."

Il se lèche les lèvres et son regard trahit ses pensées avant qu'il n'approche sa bouche de la mienne. Je recule ma tête mais sa poigne se resserre au point de m'arracher les cheveux. Sa bouche se retrouve à quelques centimètres de la mienne et ma respiration saccadée se répercute sur elle, me faisant gémir de dégoût et de peur.

Non, non, il va pas faire ça ?

Soudain, un poing atterrit sur son visage, le faisant lâcher prise. Je tombe à genoux et écarquille les yeux en voyant Tom le frapper autant que possible, puis se faire attraper par les hommes de Franz.

Ce dernier se relève et pointe son arme chargée vers le blond qui le regarde avec haine. Assise par terre, je regarde la scène sans réussir à bouger.

"Putain, tu crois qu'tu peux m'frapper comme ça ?" Un rire s'échappe de sa gorge et il pose son arme sur la tête de Tom. "À genoux."

Le jeune homme à la chevelure tressée s'agenouille sans le quitter des yeux.

"Non... non, arrête !"

Le brun ne m'écoute pas et continue de menacer mon ami. Celui-ci m'envoi un regard qui fait augmenter ma culpabilité avant qu'il ne se relève brusquement, donnant un coup dans l'arme et l'envoyer valser plus loin. Un coup de feu retentit et je me bouche les oreilles en baissant la tête pour ne pas être confrontée à la scène devant moi.

Du sang coule sous mes yeux, tachant mes genoux alors que je suis pétrifiée et incapable de bouger.

"Hans !"

Des pas se précipitent à côté de moi et j'ose relever la tête pour voir Tom tremblant debout, tenu par un homme, alors que Franz s'agenouille devant le cadavre de l'un des siens.

Un gémissement de peur et de dégoût s'échappe de ma gorge. À genoux dans la flaque de son sang, la respiration saccadée, l'esprit en vrac, je suis pitoyable à voir. Tout ce que je déteste.

Mes sanglots redoublent lorsqu'il frappe Tom au point de lui casser le nez. Bill se recroqueville sur lui-même dans les bras de Gustav en voyant son frère se faire massacrer sans pouvoir l'aider.

Georg revient en trombe avec un sac plein.

"Non ! Laisse-le ! J'ai l'argent, laisse-le !"

Il crie à en perdre sa voix en agitant ses bras. Franz pousse Tom qui tombe à terre presque inconscient et fonce sur Georg, lui arrachant le sac qu'il dépose à terre pour compter l'argent.

"Il en manque, Georg."

"Je sais. J'avais pas tout mais tiens." Les mains tremblantes, il sort une carte de sa poche et la lui tend. "Le reste est là-dessus. Tu pourras aller le chercher."

Le dealer fait un signe de tête à l'un de ses gorilles pour qu'il récupère la carte et le sac.

L'odeur du sang me prend aux tripes, me rappelant deux souvenirs que j'aimerais oublier à jamais. La soirée avait si bien commencé... il y a quelques heures, Frank me montre des papiers d'adoption et là je me retrouve à genoux dans du sang. À quel moment ça a pu dégénérer si vite ?

J'aurais dû partir avec ma mère... non, mieux encore, je n'aurais jamais dû me cacher dans ce foutu placard. Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais pas à assister à ça.

Ma tête commence à tourner et mes yeux luttent pour rester ouverts. Des picotements se font ressentir dans mes doigts, mon cœur résonne dans toute la salle. Peuvent-ils l'entendre ?

En sentant que je tombe en avant, je sens ma main claquer le sol, provoquant une force qui fait jaillir un peu de sang partout.

Des voix parviennent à mes oreilles, mais je ne parviens pas à les déchiffrer. Je crois qu'on m'appelle, mais j'en suis pas certaine. Je suis épuisé de lutter. J'ai simplement envie de me laisser aller... d'écouter mon cœur et d'arrêter les frais.

Un bruit métallique résonne dans l'air lourd, suivi d'un coup de feu.

Je ferme les yeux et mon bras cède, me faisant chuter au sol. L'obscurité m'enveloppe et, pour la première fois de ma vie, je trouve cela réconfortant.

Plus de problèmes. Plus de peur. Plus rien.

Laisse-moi t'aider.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant