Partie 2, chapitre 7

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Je m'assieds à côté de toi mais nous sommes chacune tournée l'une vers l'autre. Je fais maintenant face à ta beauté, à ta simplicité. Nous sommes habillées, mais j'ai l'impression de me retrouver nue devant toi. Nous sommes comme figées, incapables de bouger. Incapable de faire le moindre mouvement, même pour témoigner de nos sentiments. Nos yeux suffisent. À eux seuls, ils surpassent tous les mots. Seuls les yeux sont indispensables lorsque deux personnes s'aiment comme nous nous aimons. D'un amour dont vous avez forcément entendu parlé une fois dans votre vie. C'est un amour simple, beau, sain, pur et enivrant. Il nous emporte loin, nous fait voyager sans prendre aucun billet. « L'argent ne fait pas le bonheur », à cet instant précis je ne suis pas des plus riche financièrement mais je suis riche de sentiments. Je t'aime tellement. Je fixe tes pupilles, elles qui me rappellent que tu existes et que tu es belle, que tu m'aimes et me désires. Ces mêmes pupilles qui me donnent des frissons et me réchauffent à la fois, qui me font sentir le parfum de l'amour. Tu fixes les miennes, je m'interroge sur ce que tu en penses. Je me demande si tu te plonges dans celles-ci comme je me plonge dans les tiennes. Si tu les trouves aussi envoûtantes que je trouve celles qui t'appartiennent. Elles sont à ton image. Nous restons là, à se regarder, à se dévorer du regard, une heure, deux, peut-être trois, je ne sais pas.

Et si c'était notre repas de ce soir ? Malheureusement ça ne suffit pas.

Nous nous parcourons maintenant du regard, nos yeux nous servent de mains. C'est un jeu facile pour deux personnes n'ayant pas pour habitude de se toucher. Seulement, nos corps se désirent tellement que nos yeux ne suffisent plus. Je pose ma tête sur ton épaule et je ferme les yeux.

J'aimerais mettre le temps sur pause.

Je te sens qui prends ma main, la retourne et retrace les lignes du bout de ton index. Tu chatouilles ma paume et je frissonne de plaisir. Je rouvre les yeux et penche ma tête en arrière pour admirer tes yeux. Je me vois dedans. Je t'enlace de mes bras fins et courts puis je resserre progressivement l'étreinte. Comme si je pouvais te presser pour en extraire une sorte d'élixir de notre amour, pour matérialiser ce sentiment, le jauger. Ma main glisse le long de ta colonne vertébrale, mon majeur sur le sillon que dessine ton dos jusqu'à te faire frissonner. Tu glisses ta main dans mon cou puis balade tes doigts sur le côté de celui- ci, de la base de mon oreille jusqu'à l'extrémité de ma clavicule. Elle me fait frissonner à mon tour.

Nous sommes restées silencieuses plusieurs heures avant d'avoir faim. Je nous ai fait cuire une poêlée de légumes surgelée avant de retourner vaquer à nos occupations.

Le temps passe, mais nous n'en avons rien à faire. Profiter de l'instant présent nous semble être la chose la plus importante. Il n'y a que nous, plus de parents, ni d'amis, encore moins de coach, de travail, d'études, plus rien. Seulement nous et nos sentiments naissants. Tu m'as simplement touché la main et j'ai eu l'impression que mon corps était en feu.

Maintenant que j'ai ressenti ça je ne peux plus m'imaginer ne plus le ressentir du tout.

Nous regardons nos téléphones, il est trois heures du matin. Nous n'en revenons pas. Je suis fatiguée. Je croule sous l'envie de dormir mais je donne le change. Je te propose de dormir ici. Déjà parce que je n'ai pas la force de te ramener et ensuite parce que je veux encore profiter de ces longues minutes à nous regarder et à nous toucher. Tu acceptes. Je prépare donc le lit où nous allons passer les prochaines heures. Tu préviens simplement Marie que tu dors ici, afin qu'elle ne s'inquiète pas.

Il est quatre heures lorsque nous nous endormons, côte à côte dans ce lit que j'occupe d'habitude seule. Cela me rend toute chose, je n'ai pas l'habitude.

Il ne se passa rien cette nuit-là. Rien à part une crise d'angoisse qui a commencé vers six heures du matin, lorsque nous dormions encore. Tu t'es mise à avoir du mal à respirer, à prendre de plus grandes bouffées d'air sans pour autant mieux inspirer. Ton cœur battait la chamade, je l'entendais à travers ta cage thoracique. Je t'ai alors aidée à aller jusque la salle de bain afin que tu puisses te rafraîchir à l'aide d'eau claire. Ensuite, nous sommes retournées au lit et tu t'es rendormie.

Et pourtantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant