Partie 4, chapitre 17

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Si un jour j'étais dans une pièce avec tous les gens que j'ai rencontrés, je la chercherais elle, Elodie ; pas toi. Parce que jusqu'à maintenant, lorsque tout va mal, je l'imagine à ta place, je nous imagine ensemble. Elle me donne la force d'être encore celle que j'étais avant de te rencontrer. Je m'imagine à ses côtés.

Demain tu commences la dernière partie de ta formation BAFA. Pour cela nous allons dormir chez tes parents pendant une semaine puisque c'est à seulement cinq minutes en voiture de chez eux.

Cela fait deux semaines que nous avons commencé à mettre l'appartement en cartons. Deux semaines que j'ai peur que tu ne découvres des choses qui te déplaisent. Un jour, j'ai voulu garder tous mes aimants accrochés au réfrigérateur mais là tu m'a précisément demandé d'où chacun venait. J'ai dû transformer leur histoire pour ne pas te blesser. Et à la fin, tu m'a demandé de tous les jeter...

Alors comme je ne veux pas faire les cartons en ta présence, je te promets de venir tous les jours ici, pendant que toi tu seras là-bas, pour tout finir. Ainsi je pourrais garder ce que je veux ou en tout cas me débarrasser des choses qui pourraient potentiellement déclencher une nouvelle crise de ta part.

Alors voilà deux semaines que mes pulsions suicidaires sont de plus en plus présentes. Je me vois foncer dans un arbre en voiture ou me jeter sous un train. J'envie la venue de toutes mes dernières fois, même si cela me peine que ça soit avec toi. Je ne t'explique rien, tu ne comprendrais pas. Au lieu de ça je pleure tout le temps et je me laisse porter par la mélancolie.

Est-ce qu'il y a des jours qui me font changer d'avis ? Non.

La plupart du temps ton comportement me prouve qu'il vaut mieux te quitter. Ces derniers temps, ton nouveau jeu est de me faire ce que l'on appelle des olives. Cela consiste à mettre tes doigts entre mes fesses en me surprenant. Bien sûr tu sais très bien que je n'aime pas ça. Mais tu le fais quand même. As-tu déjà entendu parler du consentement ? Laisse-moi en douter...

Hier cependant, nous avons passé un bon moment. Nous avons fait l'amour pour la dernière fois. C'était un moment magique comme à nos débuts. La tension sexuelle entre nous est montée progressivement jusqu'à n'être plus soutenable. Tes doigts glissant le long de ma colonne vertébrale et tes bisous dans mon cou m'ont fait transpirer d'amour. Ton corps nu contre le mien m'a fait frissonner. Tes bras autour de moi me contentionaient. Nous avons retenu nos gémissements pour qu'ils se délivrent le plus tardivement possible jusqu'à ce qu'ils s'évanouissent à l'unisson. Le lit tremblait à en laisser des traces sur le parquet et les murs bougeaient comme pour que les voisins soient témoins de cette belle dernière fois. Tout le long, je me suis sentie bien. Comme au début. Sauf que c'était la fin. Rien que le fait de savoir ça et de le réaliser à ce moment m'a donné une boule énorme dans la gorge, de celles qui ne s'en vont pas.

En même temps que mes gémissements venaient mes larmes. Un élixir de bonheur et de tristesse ultime. Je sentais celles-ci au bord du précipice et puis d'un coup, j'ai tout lâché. J'ai perdu le contrôle de tout, même de mes pensées. J'ai joui dans ton cou puis pleuré sur ton épaule. J'ai souri en réalisant pour la dernière fois à quel point tes yeux étaient beaux et bleus. J'ai souri en redessinant tes courbes du bout de mes doigts et en comptant tes grains de beauté. J'ai souri de soulagement. C'est comme si cette dernière fois avait exorcisé tout le mal que tu m'as fait. Mais j'ai souri surtout parce que je me suis sentie plus forte que jamais, comme prête à partir. C'est comme si je pouvais toucher du doigt notre rupture comme je peux te toucher toi. Comme si Dieu m'avait donné la force d'aller de l'avant et de m'imposer face à toi. Comme s'il me disait « Tu n'es pas seule, je suis avec toi ».

Alors là, tu m'as demandé pourquoi je pleurais avec une voix d'enfant, une voix étrangement sincère et soucieuse de mon bien être. Je t'ai dis que je pleurais parce que c'était beau. Je n'ai pas menti, c'était magnifique. Je ne sais même pas quel mot employer car l'osmose est une sensation indescriptible par l'homme.

Mon osmose c'était nous deux, dans nos moments comme celui-là. Dieu que j'ai aimé ça.



Et pourtantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant