Partie 5, chapitre 29

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Le lendemain, je suis réveillée à l'aube pour une prise de sang et une pesée. Ensuite, ce qui va devenir une routine au fil des jours commence. Je prends mon petit déjeuner à huit heures trente et je retourne me coucher. Pour passer le temps, je dors. Pour ne pas réfléchir aussi. Je me demande quand est-ce que ma famille viendra me rendre visite. Dès que possible j'imagine. Je m'en veux terriblement de leur avoir laissé mon appartement à vider et toute la paperasse à régler mais je n'en n'avais plus la force.

On me réveille à onze heures pour un entretien avec le psychiatre de garde. Celui-ci évalue mon état de santé et de stress, il me prescrit un traitement et me souhaite bon rétablissement.

Ensuite je me dirige vers la salle à manger où est servi le déjeuner. Je m'attable seule lorsque Valentina et d'autres patients arrivent pour me tenir compagnie. Je n'ai pas un très grand appétit, je ne me force pas. Une infirmière s'approche de moi et me demande ce qui ne va pas. Je lui délivre une moue triste et elle me rassure en me disant que c'est normal de perdre l'appétit lors des périodes de grand stress. Je lui souris et je replonge ma tête dans mon assiette, je triture les légumes et émiette mon morceau de pain jusqu'à ce que tout le monde ait fini de manger.

Ensuite je retourne me coucher.

Je me réveille dans les alentours de dix-sept heures et je décide d'aller dans les parties communes afin de lire.

Finalement, Valentina et moi nous sommes installés dans le salon pour commencer une partie de petits chevaux quand une infirmière vient à ma rencontre.

Elle s'est approché de moi et m'a dit :

« Vous avez une visite, madame Combette. »

Mon regard s'est illuminé et j'ai affiché un sourire comme ceux qui se faisaient rare ces derniers jours. Je me suis levée de ma chaise en moins de temps qu'il ne lui en a fallu pour finir sa phrase et du haut de mes 153 centimètres habillée de mon pyjama bleu marine, de mon pull long et de chaussettes enfilées à la volée lors de mon transfert en ambulance, je peux vous dire que je suis plus que ravie. J'ai peur aussi. J'ai peur du regard de mes proches. Mais j'ai envie de les voir, de les rassurer, de les embrasser. Alors je descends les escaliers en trombe et j'arrive finalement à leur rencontre. Ma mère et ma sœur sont là, avec une valise rose au format de cabine. Elles me tendent les bras et me disent des doux mots.

Maman a beaucoup pleuré même si j'ai essayé tant bien que mal de l'en empêcher. Ensuite nous sommes allées faire une petite balade dans le parc autour du bâtiment. Pas très dépaysant mais assez satisfaisant. Cela fait du bien de se dégourdir les jambes après avoir tant dormi. Puis elles sont finalement reparties.

Je suis remonté par l'ascenseur et je suis allée dans le bureau infirmier pour faire l'inventaire de toutes mes affaires. Ils ont pris mon parfum, par peur que je ne le casse et que j'utilise des bouts de verre pour me couper les veines. Ils m'ont aussi demandé si j'avais un chargeur, peut-être ont-il peur que je me pende avec. Ce à quoi j'ai répondu que je n'ai pas de téléphone.

« Mais pourquoi ? m'a-t-elle demandé

— Je n'ai pas envie de pouvoir être contactée, je me suis enfuie de ma relation et j'ai peur de mon téléphone alors je préfère éviter.

— Je comprends, si tu as besoin d'appeler ta famille tu peux venir nous voir et on fera un appel avec le téléphone fixe

— Merci beaucoup.»

Lorsque nous avons enfin fini l'inventaire, je suis allée ranger toutes mes affaires dans le placard, histoire de rendre la chambre ne serait-ce qu'un tout petit peu plus vivante. Je finis par prendre ma douche avant de manger puis je retourne dormir. Je m'endors plus optimiste qu'hier mais j'ai tout de même du mal à trouver un sens à tout ça. Pourquoi est-ce que je dois absolument vivre dans un monde dont je ne veux pas ? Pourquoi ? Pour mes proches peut-être. Pour ma famille sûrement. Pour ma sœur et pour mes parents. C'est ça. Pour eux.

Et pourtantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant