Aujourd'hui est ton premier jour de la dernière partie de ta formation BAFA. Je t'accompagne en voiture car tu ne supportes pas de marcher dans la rue.
Moi, c'est toi que je ne supporte plus.
Je rentre chez tes parents et je n'ai rien à faire. Je mange avec eux et je m'ennuie. Dans ta chambre d'adolescente, en face de ton lit, se trouvent tes médicaments. Je me vois avaler la boîte toute entière. Mais je me souviens que je ne suis pas chez moi et je n'ai malgré tout pas envie de vous faire subir tout ça.
Je dis à ta mère que je vais faire un tour. Mais en réalité j'ai une idée. J'envie les bras rassurants de mes parents. J'ai envie de les voir, j'ai envie qu'ils me disent que je suis la bienvenue chez eux et que tout ira bien, qu'ils s'occupent de tout.
Je prends les clés de ma voiture et je ne prends même pas de manteau. Je ne réfléchis pas. Je fonce. Soudain me revient la visite de l'appartement et je me remémore le trajet pour y aller.
Seulement la route qui est censée m'y mener est barrée. Je mets un peu de temps, mais finalement je suis arrivée. Je stationne ma voiture un peu plus loin et je finis à pied. Les vitres sont teintées mais il y a une plante que j'arrive à distinguer. Un petit arbuste pas tout à fait arrivé à maturité. Les lumières sont éteintes. Il n'y a personne. Je suis déstabilisée. J'avais tant espéré ! Mais tous mes espoirs se sont écroulés. Alors je retourne à ma voiture. J'enclenche le contact et je démarre lorsque mon téléphone se met à vibrer. Tu m'appelles. Je décroche.
« Où es-tu ? Ma mère m'a dit que tu es partie te balader ! Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
— Je suis juste allée me balader, désolé je n'y ai pas pensé.
— Tu me trompes c'est ça ?
— Mais non pourquoi tu penses ça ?
— Tu pars comme ça et en plus tu ne me préviens pas, j'ai bien le droit de douter, non ?
— Tu ne peux pas penser ça. Et puis si je te trompais tu l'aurais vu sur mon téléphone, tu ne crois pas ?
— Je ne te crois pas, pourquoi je ne te vois pas ? Il y a quelqu'un à côté de toi ?
— Mais non arrête ta parano, je conduis c'est tout !
— Arrête toi je veux voir !
Je m'arrête sur le bas côté et j'actionne le FaceTime vidéo. Je montre tout autour de moi, te prouve et je ne mens pas.
— Tu vois ? Arrête avec ça !
— Rentre tout de suite chez mes parents ! Et viens me chercher à 17h, ne sors sous aucun autre prétexte et sois à l'heure ! »
Je raccroche et redémarre le contact. Je pleure à ne plus en voir la route. Qu'importe.
J'arrive chez mes beaux-parents, je monte les escaliers à l'allure d'un escargot. Marche après marche je me dirige vers l'appartement qui me servira de cage pour les heures qui suivent. Je n'ai plus la force d'espérer quoi que ce soit.
Lorsque je viens te chercher, tu te mets à pleurer. Tu me dis être déçue et ne plus savoir quoi penser de mon comportement.
Je ne dis rien, ça vaut mieux. Mais tu n'aimes pas ça. Tu aurais préféré que j'essaye de me justifier. Nous mangeons et allons nous coucher. Soudain j'ai pensé : « Et dire qu'hier on faisait l'Amour ».
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Et pourtant
RomanceEloïse n'a que vingt ans lorsqu'elle s'enferme sans s'en rendre compte dans une relation toxique avec une perverse narcissique. Progressivement elle dépersonnalise et se laisse mourir car elle ne supporte plus les violences. Cette relation fini par...