Partie 4, chapitre 21

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Je rentre chez mes parents et mon père est là, dans le salon, il m'attend. Il me demande si j'ai déjà mangé et je lui dit que je n'ai pas faim. Je n'ai pas tellement envie de parler de ce qu'il s'est passé et de ce que nous nous sommes dit mais il me paraît tout de même important qu'il le sache. Alors je lui raconte. Je lui dis que tu ne me comprends pas mais que j'ai espoir que tu finisses par le faire. Il me dit qu'il est là pour moi et me rassure.

Nous allons préparer ma chambre. Déblayer les cartons qui encombrent le passage et faire mon lit. Je m'endors sans grande difficulté puisque cette journée a été épuisante. Malgré tout, mon sommeil reste très léger.

J'entends maman rentrer. J'entend ses pas vers moi se diriger. Elle ouvre la porte de la chambre et je sens son regard se porter sur ma couette soulevée par mon corps épuisé. Je sens d'ici ses larmes couler. Elle referme la porte et va voir mon père.

Je ne parviens pas à me rendormir. Je sens mon téléphone vibrer sous mon oreiller, je regarde l'écran et ton prénom s'est affiché. Tu m'appelles en pleine nuit, je décroche. Tu ne parviens pas à trouver le sommeil. Tu me reproches au contraire de crouler sous la fatigue trop facilement. Tu ressasses les questions et m'empêches de dormir. Mes yeux se ferment et je lutte pour ne pas te contrarier. Une heure, deux heures, trois heures, mon téléphone surchauffe et la discussion ne mène nulle part. Nous raccrochons vers six heures du matin.

J'ai réussi à prendre un rendez-vous chez le médecin le jour même à onze heures. Je me prépare en vitesse et je sors de ma chambre. Mes yeux sont rouges et mes traits semblent fatigués. Je me dirige vers la salle à manger et maman est déjà levée. Dès qu'elle m'aperçoit, elle se lève de sa chaise, elle est là, les bras ballants. Je fonds en larmes dans son cou et je me confonds en excuses. Elle me dit que je n'ai pas à être désolée. S'ensuit le même discours à livrer, les mêmes moments difficiles à ressasser.

Je lui ai dit que je devais y retourner pour une dernière mise au point. Elle propose de m'emmener. Dehors il pleut des petites gouttes. Rien de bien méchant mais assez pour donner à l'air une atmosphère lugubre. Elle se gare juste en face de l'entrée et m'y attend.

Je sors de la voiture le cœur lourd. J'avance à reculons. Je sonne à l'interphone et je baisse la tête. Je monte les escaliers en colimaçon et j'arrive sur le palier, je cogne à la porte avant d'entrer. Tu m'accueilles avec un air maussade. Je dis bonjour à tes parents et nous allons dans le salon. Nous nous assayons sur le canapé blanc et un silence troublant s'installe. Nous commençons par parler de notre nuit et de la manière dont nous avons réfléchi. Je te dis que j'ai pris ma décision et que je veux mettre un terme à notre relation. Tu t'emportes, tu avais encore espoir que je fasse machine arrière.

Tu refuses que l'on se sépare. Nous allons dans la salle à manger rejoindre ta maman, tu espères trouver en elle un quelconque soutien.

Malheureusement pour toi, elle ne trouve pas nécessaire de me forcer et ne prend pas ton parti. Ton père m'enfonce avec sa supposition de tromperie. Il te soutient, lui. La colère monte en toi, je le vois. Tu vas te réfugier dans ta chambre et me laisse seule avec tes parents. Je croise le regard de ta maman, un regard plein d'incompréhension et de pitié. Elle me fait signe de te rejoindre alors j'y vais.

Lorsque j'arrive vers toi, tes pommettes sont rouges et ton regard est fuyant, tes yeux sont petits et larmoyants. J'essaye d'avoir des mots rassurants mais ils ne suffisent pas à calmer ta colère. Tu es assise sur le lit et je t'y rejoins. Tu me supplies de te laisser une dernière chance, tu agrippes le col de mon pull et m'attire vers toi. Ton nez dégouline et les larmes rendent tes joues brillantes. Te voir dans cet état me fait réaliser que l'emprise que tu exerces sur moi est loin d'être rompue. Je fais de mon mieux pour rester objective et abréger ta souffrance.

Je me lève et te dis que ma décision est prise. Tu me suis jusque dans l'entrée où je récupère mon sac à main. Tu me demandes si tu peux me prendre dans tes bras une dernière fois et j'acquiesce de la tête. Nous nous délivrons d'une étreinte serrée et, malgré tout, pleine de nos sentiments encore présents.



Et pourtantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant