Je passe une semaine à vadrouiller entre chez mes parents et mon appartement, ayant pour seul but de vider cet endroit qui a accueilli tous nos moments, les plus beaux comme les plus effrayants.
Comme un accord stupide on s'est promis de continuer de s'appeler, de se dire « Bonne nuit ». Pour continuer de prendre des nouvelles de l'une et de l'autre, comme pour arracher le pansement en douceur. De là, tu ne me lâches pas. S'en suivent des regrets de ne pas avoir couper le lien directement. Car j'ai tout de suite su vers quoi les choses tournaient. En effet, tu ne me harcèles plus au téléphone, tu me laisses du temps libre et j'apprends petit à petit à me réapproprier ma propre compagnie.
J'ai donc accepté de te revoir et de retourner au cinéma avec toi. Qu'importe le film, nous avons besoin de ça.
Alors nous voilà, dans cette salle obscure, comme à nos débuts. Pas en couple mais pas loin non plus. J'ai comme un sentiment de déjà vu. Tu es là, près de moi et je te trouve belle. Je te trouve douce et apaisée. Tu es cependant très tourmentée. Tu t'en veux pour ce que nous sommes devenus et tu m'expliques vouloir tout faire pour me prouver que tu peux changer. Une chose est sûre, je ne veux plus me flageller. Je ne veux pas m'en vouloir de ressentir ce que je ressens envers toi.
Qui peut me prendre mon droit d'y croire, qui peut me prendre tout mes espoirs ?
Seulement, le plus gros des problèmes est que l'emprise est toujours là. Elle ne s'en ira pas d'aussi tôt. Il faut dire que je m'y prends mal, très mal. Ma volonté de ne pas te blesser et de veiller sur toi m'emportera. Je n'ai pas réussi à te sauver la première fois et je ne veux pas retenter.
Je te regarde dans les yeux et j'y vois de la sincérité. Tu me dis que tu ne veux pas me brusquer, tu veux faire les choses dans l'ordre et prendre ton temps. Tu veux vraiment changer. Je te crois. Je t'ai toujours cru de toute façon.
Je plonge une nouvelle fois dans l'océan de tes yeux. Je ressent la douceur de tes mains autour des miennes et le confort de ton épaule droite sur laquelle je me pose. Je me sens bien si tu savais. Je m'y sens à ma place. Je veux juste profiter de l'instant, rester ici pour toujours.
Alors je relève ma tête et je te regarde, te contemple. Puis je t'embrasse. Une larme s'enfuit et mon intention n'est pas de la retenir ou quoi que ce soit. J'aime la chaleur de tes lèvres. Leur rugosité aussi. Ça me plaît. Ça me plaît plus que tout. Ce plaisir est tellement communicatif que nous en sommes toutes les deux émues.
Je crois que ce soir je suis tombée une nouvelle fois amoureuse de toi. Les papillons dans mon cœur sont revenus et tout est de nouveau devenu flou autour de moi. Puis nous nous sommes embrassées. Un baiser, tendre et sincère, doux et éphémère.
C'est moins joli qu'au début, c'est différent. Malgré la solitude des matins, dans nos lits d'adolescentes, on ne regrette rien. Nous avons parlé longtemps après la séance de cinéma. C'est dingue comme en quelques jours quelqu'un peut prendre des années. Je n'ai plus l'impression que trois ans nous séparent. Cette séparation nous a permis de réaliser que ça ne pouvait plus continuer ainsi. Est-ce que nous devons construire quelque chose de nouveau ?
L'amour blesse parfois mais les cicatrices sont faites pour se souvenir qu'on s'en est sorti n'est-ce pas ? Alors pourquoi pas déconstruire pour rebâtir ?
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Et pourtant
RomanceEloïse n'a que vingt ans lorsqu'elle s'enferme sans s'en rendre compte dans une relation toxique avec une perverse narcissique. Progressivement elle dépersonnalise et se laisse mourir car elle ne supporte plus les violences. Cette relation fini par...