Partie 4, chapitre 25

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J'ai envie de me faire du mal. Mais à quoi ça servirait ? Ça ne me sortirait pas de ce labyrinthe et ça ne me délivrerait pas de ton emprise. J'ai déjà essayé de partir mais je n'ai pu m'empêcher de revenir.

Un chien qui court après son bâton, voilà ce que je suis devenue. Je suis dépendante de toi comme un fumeur a besoin de sa cigarette, comme un alcoolique a besoin de sa bouteille et comme un drogué à besoin de sa dose. Comment rompre une addiction ? En sortant de ce cercle vicieux bien évidemment. Mais c'est justement parce que ces choses font tant de bien sur le moment que les personnes qui en sont addictes ne voient pas les répercussions sur le long terme. Je pourrais me passer de toi mais il faudrait que je passe par une désintoxication d'emprise.

Pour ça, j'ai besoin d'aide. Seulement, j'ai déjà utilisé ma carte joker et mes proches sont déjà autour de moi. C'est à ces moments-là que mes amies manquent. Je leur dirais qu'à deux on se rend malheureuses et que l'une sans l'autre on fera surement beaucoup mieux. Qu'est ce qui nous a manqué ? Qu'est ce qui nous a écrasé ? On s'est bien battu mais ça ne suffit pas. J'ai perdu une bataille et ce soir je perds la guerre. Je rends les armes.

Alors je me lève de mon lit, j'allume la lumière et je prends ma gourde. Je vais la remplir dans la salle de bain. Je me regarde dans le miroir, qu'est ce que je suis devenue ? Je fais le chemin inverse et je me renferme dans ma chambre. J'allume une petite lumière et j'éteins la grande. Je m'assieds en tailleurs sur mes draps propres et lisses. Je regarde les boîtes de médicaments longuement, je réfléchis calmement. Mes pensées fusent et je ne parviens pas à les arrêter. Alors je me munie de mon téléphone et je mets une playlist réconfortante. Demain j'ai promis de venir te chercher avant d'aller à l'échographie mais c'est décidé, il n'y aura pas de lendemain, ni pour nous, ni pour moi.

J'ouvre la première boîte de médicaments et je prends la bouteille d'eau, toujours en les fixant. Je les débales et les avales uns par uns puis deux par deux, et puis merde. Je continue trois par trois et puis par poignées. J'ouvre la deuxième boîte. Je mélange les calmants et les antidépresseurs en espérant arriver à mes fins. J'ai l'estomac repu d'eau et je crois que la dose que j'ai prise est suffisante. Je décide de ne pas prendre la dernière boîte. Je m'endors donc paisiblement avec de la musique à côté de mon oreiller et une petite lumière tamisée.

Lorsque je m'endors, un flash de moi regardant le biopic de Dalida me revient. Je n'étais pas très âgée lorsque je l'ai vue pour la première fois et je ne me souviens pas de l'effet qu'à eu sur moi la scène où elle en finit avec la vie mais une chose est sûre, la sensation que je ressens maintenant est de l'apaisement. Je ne pense plus à rien. Je me laisse emporter par les bras de Morphée. 

Et pourtantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant