Et pourtant

Partie 3, chapitre 9

Avril

Ce matin, nous nous sommes réveillées dans mon lit.

Aujourd'hui commencent les huit jours de ta formation de BAFA. Malheureusement, n'ayant toujours pas de voiture et étant dimanche, nous n'avons d'autres choix que d'y aller à pied. Je décide de t'y accompagner. Nous devons partir assez tôt, nous avons une heure de marche. Sur le trajet, nous chantons, dansons, parlons. Nous nous disons à quel point nous nous aimons. Une fois arrivées, je repars pour une heure de marche, seule.

Il y a quelques mois, pour Noël, Lolita m'a offert deux places pour aller voir un groupe qui reproduit les concerts du célèbre groupe de rock des années 80 que nous aimons tant : Queen. Je suis plus qu'impatiente d'y aller. Lolita me rejoint à la maison. Je n'ai toujours pas de voiture. C'est donc mon papa qui passe nous chercher pour nous y emmener. Ce soir-là, je suis dépitée car je viens de recevoir le premier devis de réparation de ma voiture et elle s'élève à plus de 3000€. J'ai bien un peu d'argent de côté, mais je ne pourrais jamais payer une telle somme. Maman avait raison, je n'étais pas en capacité financière de prendre mon indépendance. Je vais devoir faire une croix sur ma voiture. En attendant, je n'y pense pas, je profite du moment. Nous mangeons un peu de riz à la va vite avant de partir pour le concert.

Nous entrons dans la salle et un homme nous dirige vers nos places. Nous passons un excellent moment. Tout est incroyable et grandiose.

« Si j'avais su, j'aurais pris une troisième place pour Lucie » me dit Lolita souriante à l'idée que je sois enfin heureuse avec quelqu'un qui lui semble respectable.

Je la regarde pleine de larmes et de tendresse, je suis émue qu'elle approuve cette relation.

Ce que je ne sais pas c'est que c'est la dernière fois que je la vois. Je vais devoir attendre sept mois avant de pouvoir entendre sa voix et la serrer dans mes bras. Ce que Lolita comprendra plus tard, c'est que cette personne n'est pas celle qu'elle en a l'air.

Comme toutes les meilleures amies, Lolita et moi avons eu des moments où nous étions en quelque sorte en froid. Mais cela fait partie de toutes les relations amicales, je présume. Ces moments difficiles ont été au centre de quelques discussions avec toi.

« Tu sais, c'est vraiment une bonne personne, elle a son caractère, mais c'est en partie pour ça que je l'aime tant. Elle a beaucoup fait pour moi. dis-je à Lucie en parlant de Lolita.

— Mais même s'il y a eu beaucoup de moments difficiles ? me dis-tu sur un ton dubitatif.

— Il n'y en a pas eu tant que ça sur l'échelle de notre amitié tu sais, et puis, notre relation est comme ça, elle est faite de hauts et de bas.

— Elle t'a tout de même reproché beaucoup de choses, dans une relation c'est

cinquante/cinquante.

— Il faut dire que j'ai souvent fait les mauvais choix.

— Oui, mais tout le monde fait de mauvais choix, tu n'es pas tout le temps responsable !

— Écoute, c'est comme ça et ça nous regarde ! Elle est ma meilleure amie et nous nous sommes choisies elle et moi. Ce qui s'est passé est passé et nous changeons, nous grandissons, nous évoluons. Il ne faut être rancunier dans aucune relation d'après moi.

— Mais pourquoi tu la défends tout le temps, admet qu'elle a sa part de responsabilité ? tu

changes de ton pour bifurquer sur un brin d'agressivité.

— Je ne la défends pas spécialement, je te fais juste part de mon ressenti.

— J'y crois pas, j'ai l'impression que tu l'aimes plus que moi. tu t'offusques