Chapitre 15 : Fatigue

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Alors que Katell dormait, un livre à la main, dans une position mi-allongée, mi-assise, Rozenn se retourna pour la énième fois dans son lit. Elle ne parvenait pas à adopter une bonne position pour s'assoupir et les reflets de la lune qu'elle recevait en plein visage la maintenaient éveillée.

À un moment de la nuit, il lui avait même semblé entendre des bêtes hurler dans la forêt. Mais à vrai dire, elle était tellement dans un état fiévreux à cause de la fatigue qu'elle n'était plus sûre de pouvoir distinguer le rêve de la réalité. 

Enfin évidemment, le problème n'était pas là. Depuis qu'elle avait eu le malheur de revoir Corentin la veille, elle n'arrêtait pas de penser à lui. Difficile de dormir dans de telles conditions... 

Allait-il de nouveau se mêler de ses affaires et faire en sorte que plus personne ne l'approche ? Pourquoi la vie s'acharnait-elle à mettre Corentin Vance sur son chemin ? Et surtout, que pouvait-elle faire contre lui ?

Rozenn n'en revenait pas. Même ici, dans le lieu le plus insolite qui puisse être, il fallait qu'il soit là ! 

En tout cas, avec cette découverte, elle comprenait mieux ce qui s'était passé au village avec les enfants : Corentin était un élu. 

Enfin, était-il normal qu'il parvienne à contrôler les autres ainsi ? Pas forcément. Elle n'avait pas eu la chance de rencontrer beaucoup d'élus et encore moins de les voir en pleine démonstration de leurs pouvoirs, mais ça lui semblait étrange. Elle se promit de se renseigner sur ce point: Corentin ne pouvait pas srn tirer aussi facilement… 

Toujours était-il qu'elle se sentait idiote de ne pas y avoir songé plus tôt. Avec tout ce qui s'était passé, elle n'avait pas pensé à un seul moment à Corentin alors qu'il y aurait eu des liens plus qu'évident à faire entre lui et la magie…

Elle appréhendait déjà le dimanche prochain, si seulement il… Des pas retentirent dans le couloir et un filet de lumière se faufilait sous la porte, l'informant que les torches venaient d'être allumées.

Katell se redressa alors d'un seul coup, à croire qu'elle ne dormait que sur une oreille.

— Tu étais déjà réveillée ? s'enquit Katell dans un bâillement.

Elle releva sa couverture et se tourna vers Rozenn, les jambes qui pendaient dans le vide.

— Non, je n'ai pas dormi du tout, soupira-t-elle.

— T'es malade peut-être, non ?

— Je…

Katell s'était mise debout et s'assit sur le lit de Rozenn afin de toucher son front.

— T'as pas l'air d'avoir de fièvre pourtant. À moins que ce soit la lune, mon père me dit toujours de m'en méfier, elle n'amène jamais rien de bon en général.

Rozenn haussa les épaules, avant de se sentir absurde : comment Katell pourrait-elle voir son geste dans le noir ?

— Peut-être.

Puis elle reprit :

— On devrait se dépêcher avant de ne plus rien avoir à manger au réfectoire…

Des éclats de voix résonnaient dans le couloir et des portes claquaient quand elle sortit de son lit pour tâtonner dans le meuble qu'elles partageaient toutes les deux. Accroupie, elle attrapa une robe pour elle et pour Katell et la tendit à cette dernière avant de commencer à s'habiller.

Une fois qu'elles furent prêtes, elles se rendirent au réfectoire et prirent un bout de pain avec un morceau de fromage sur un buffet que les lutins avaient dressé pour le petit-déjeuner. Puis elles rejoignirent Egon, Arthur et Erwan qui étaient déjà assis à leur place et discutaient. 
Alan arriva peu de temps après, accompagné d'une fille avec un masque en bois qui recouvrait l'entièreté de son côté droit et un garçon noir aux cheveux crépus.

[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant