Chapitre 16 : Mauvaise interprétation (1/2)

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Alors que Rozenn, Egon, Arthur et Erwan quittaient l'enceinte du château pour se rendre au cours de soutenance physique, ils s'écartèrent brusquement les uns des autres. Un lutin fonçait droit sur eux, des bûches dans les bras, et clairement, il ne se préoccupait pas de savoir s'il y avait quelqu'un devant lui ou non. 

Le risque de percuter un lutin par inattention était grand à Deerschool. Et gare à ceux qui avaient le malheur de les déranger ou de ne pas respecter leur travail... 

Erwan en savait quelque chose. La veille, il avait eu l'erreur de se cogner contre une table dans le réfectoire où les lutins avaient dressé une pyramide de pains. Alors, autant dire que sans l'intervention d'Ernest et des autres druides, il ne resterait plus grand chose du garçon aujourd'hui...

Après l'avoir laissé passé, Rozenn, Egon, Arthur et Erwan poursuivirent leur route. La pelouse avait été coupée et la pluie avait enlevé toute trace de l'inscription ensanglantée. Dorénavant, seules les rondes que les Défenseurs effectuaient autour de l'école montraient qu'un événement inhabituel s'était passé ici. 

— Ah tiens, qu'est-ce que je vous disais, ils sont tous déjà là ! s'exclama Arthur.

— Mais non... Je suis sûr qu'on n'est pas les derniers. 

— Oui c'est ça... Si t'avais pas passer tout ton temps à manger aussi… 

Rozenn et Egon échangèrent un regard complice, tout sourire. Ces deux-là étaient vraiment incorrigibles. Ils ne pouvaient pas s'empêcher de se chamailler à longueur de journée. Enfin, ils commençaient à y être habitués à présent...

Arrivés à l'orée de la forêt, M. Courtin un homme petit à la barbe mal rasée les attendait. Mais il n'était pas seul : Mme Roffrey, la professeure de potions et de soins l'accompagnait, affublée d'un de ses chapeaux extravagants. 

— Vous devez très certainement vous demander ce que je fais là, déclara-t-elle en remettant bien en place son chapeau à plumes grises. La raison est simple, pour cette séance, moi et M. Courtin avons décidé de faire un cours collectif. 

M. Courtin se racla la gorge et se redressa, le buste en avant, comme dans une tentative pour se grandir.

— Oui, Mme Roffrey et moi avons pensé qu'il serait judicieux de faire deux cours en un car elle sera absente la semaine prochaine... 

— Ouais ! lâcha Erwan dans un murmure. 

Arthur lui envoya un coup de coude.

— Non mais tu vas pas bien de réagir comme ça ? Je vois pas pourquoi tu te réjouis, c'est pas comme si on avait pas suffisamment de temps libre... Et puis, tu pourrais te montrer un peu plus respectueux, les autres eux ne…

Mais il s'interrompit en voyant la bonne humeur générale : Alan s'était tourné vers ses amis avec un air rayonnant, Alaric et Alwena qui n'écoutaient pas un traître mot de ce que disait M. Courtin étaient devenus subitement très attentifs et Marie avait sautillé sur place puis avait chuchoté quelque chose à Katell qui y répondit par un sourire. Arthur secoua la tête et soupira, exaspéré. 

À la fois amusée et compatissante avec lui, Rozenn lui tapota l'épaule, l'ombre d'un rictus sur le visage. 

Comme elle lui avait donné son soutien, il désigna M. Courtin du menton et poursuivit :

— Regarde-le, il ne peut même pas parler avec tous ces bavardages. Non mais je te jure… 

Elle hocha la tête. Le professeur Courtin voulait continuer son propos : ses lèvres prunes s'ouvraient et se fermaient à la manière d'un poisson. Mais il avait perdu l'attention et Mme Roffrey se tenait agenouillée près d'une plante et fouillait l'herbe haute, distraite. 

[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant