[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière

Chapitre 34 : L'ascension de la sorcière

Comme Rozenn s'était allongée à temps, les Défenseurs n'y virent que du feu : son secret était préservé. D'autant plus qu'ils devaient à présent partir à la poursuite des fuyards... 

Libérée, Marie se détacha de Rozenn et s'écroula à côté d'elle. Même si cela semblait l'écorcher de le dire, cette dernière essuya ses larmes et lâcha : 

— Merci de m'avoir retenue. 

Rozenn se tourna vers elle et resta là à la dévisager, surprise.

— Tu es dans un sale état, déclara Marie après un moment.

Comme Rozenn ne répondait pas, elle poursuivit : 

— Ton nez est tordu, tu as du sang partout et, ne parlons même pas de ta robe..., grimaça-t-elle. Tu devrais voir quelqu'un au plus vite. 

Elle se releva et la regarda de haut, tout en lui tendant la main. Rozenn se mit à rire nerveusement dans sa tête : Marie était belle et bien de retour... 

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Assise sur un rocher, Rozenn attendait de se faire soigner en manipulant son collier. 

Son pouvoir la dépassait. À vrai dire, elle avait encore du mal à réaliser ce qu'elle avait fait : toute cette puissance qui l'avait traversée de toute part, tous ses liens qu'elle avait ressentis en même temps et cette connection qu'elle avait eue avec la nature… Elle n'avait pas les mots pour décrire son expérience. 

En voyant Marie arriver avec Taverson, elle se dépêcha de ranger l'amulette sous son vêtement. Hors de question de reproduire la même erreur qu'avec Corentin… 

Elle se leva pour les accueillir. 

— Enora va bien ? s'enquit-elle alors qu'ils se postaient devant elle. 

Marie hocha la tête.  

— Elle a reçu quelques brûlures, mais rien de grave, l'informa-t-elle. Enfin ça, c'est ce qu'elle m'affirme… Tu sais comment elle est… Même si elle allait mal, jamais elle ne l'avouera.

Taverson grattait sa barbe grisonnante quand il lança à Rozenn : 

— Vous devriez plutôt vous préoccuper de vous, Mlle Morvan.  

Il se racla la gorge et passa une main dans ses cheveux poivre et sel, avant de reprendre : 

— Mlle Scott m'a raconté pour la lettre et pour ce qu'elle vous avait fait. 

Le cœur battant, Rozenn se tourna vers la concernée, surprise. Son amie détourna le regard, les mains jointes devant elle. La pauvre tentait de préserver le peu de dignité qu'il lui restait dans une telle situation… 

— Je vous présente donc mes excuses pour ne pas vous avoir cru. Certes, j'ai été dupé, admit-il en adressant un reproche silencieux à Marie. Mais j'aurais dû aller directement vous voir en personne. Au lieu de ça, j'ai rejeté une preuve qui aurait permis d'éviter beaucoup de choses aujourd'hui. 

Bouche bée, elle cligna plusieurs fois des yeux : était-il vraiment en train de s'excuser de ne pas l'avoir prise au sérieux ?

À ce moment-là, une voix s'écria dans son dos : 

— Rozenn !

Elle se retourna et aperçut Egon qui courrait dans sa direction. 

Une fois arrivé à sa hauteur, il se jeta sur elle et la serra si fort que son étreinte lui arracha une plainte de douleur qu'elle camoufla par une toux : pour rien au monde elle ne voulait mettre fin à leur retrouvaille. Elle était si soulagée de le savoir sain et sauf !