La notion du temps avait toujours paru abstraite aux yeux de Rozenn. Mais là, c'était pire. Elle ne pouvait pas dire depuis combien de temps ils avaient trouvé refuge dans ce souterrain. Quinze minutes ? Trente minutes ? Une heure ?
Tout ce qu'elle voyait était que son ami continuait de souffrir par manque de soin, que les racines avaient l'air de s'être endormies depuis un bon moment et que eux, ils restaient là à attendre des secours qui pouvaient très bien ne jamais arriver...
Elle épongeait le front d'Arthur avec un mouchoir humide mais celui-ci était brûlant et tremblait à cause de la fièvre qui ne baissait pas. Il était d'ailleurs tellement mal qu'il clignait des yeux, luttant pour les garder ouverts...
— Nous pourrions essayer de sortir maintenant, non ?
— Non, ce n'est toujours pas sûr dehors, trancha Gwenaël alors qu'il tendait la gourde à Katell.
La gorge nouée par la frustration, elle renifla par manque d'air et l'odeur de la terre humide envahit ses narines. Cet endroit était si étouffant, elle voulait sortir. Elle n'avait rien contre les espaces clos mais l'étroitesse du passage dans lequel ils se trouvaient la fatiguait presque tout autant que l'immobilisme du métamorphe…
Après avoir bu tout son soûl, Katell rendit la boisson à l'apprenti-druide avec reconnaissance.
— Mais ils ont peut-être besoin de notre aide là-bas ! reprit Rozenn pour le secouer.
Agacé, il leva les yeux au ciel et répliqua, cinglant :
— Bien sûr que non, tu ne ferais que les retarder dans leur travail.
Comme pour essayer de lui changer les idées ou de la faire taire une bonne fois pour toute, il lui proposa de l'eau. Seulement, cela n'eut pas l'effet escompté car elle ignora son geste et poursuivit, sans se décourager :
— Mais les Défenseurs sont tous enfermés dans l'abbaye, il n'y a personne !
— Ils ont dû pouvoir se libérer. Je te rappelle que la plupart ont des pouvoirs.
Encore des suppositions. Elle ne pouvait pas vivre là-dessus, il fallait qu'elle fasse quelque chose, qu'elle agisse, et non qu'elle reste là, à attendre sans rien faire ! Agenouillée auprès des jumeaux, elle se releva, bien décidée à affirmer son point de vue jusqu'à le faire plier.
— Et si ce n'est pas le cas ? Je suis désolée mais je ne peux pas rester ici. L'état d'Arthur s'aggrave, il a besoin de soins et ce n'est pas ainsi que sa jambe va guérir toute seule..., grimaça-t-elle en soutenant son regard.
— Peut-être, mais le plus sûr pour nous tous est de rester ici et d'attendre qu'ils viennent nous chercher. Et si ce n'est pas le cas, nous n'aurons qu'à remonter le passage pour rentrer à l'école.
— Mais pourquoi attendre ? Ils ne vont pas forcément nous trouver ici !
Et puis, qui savait ce qui leur était arrivé ? Peut-être étaient-ils blessés, morts... Comment le savoir ? Ils se cachaient au lieu de sortir pour le découvrir…
— Le chemin est long alors que les Défenseurs pourront nous aéroporter directement jusqu'à l'école.
Rozenn fit la sourde d'oreilles et continua :
— Nous perdons du temps ! Je vais aller voir et je reviens.
Gwenaël souffla, agacé.
— Si tu meurs, ce ne sera pas de ma responsabilité.
— Très bien, répliqua-t-elle.
— Rozenn..., commença Katell, hésitante dans un coin. Tu vas pas y aller comme ça, qui sait ce qui peut encore se produire ? Là elles ne bougent plus mais elles pourraient très bien se réveiller...
VOUS LISEZ
[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière
FantasyAlors que Rozenn menait une vie presque ordinaire, elle est obligée de se rendre à Brocéliande, dans une école de magie qui accueille loups-garou, vampires, métamorphes et initiés. Très vite, des élèves se font agresser pour que l'école ferme. Mais...