Chapitre 28 : L'ombre d'elle-même

10 2 34
                                    

Après avoir passé la journée à répondre aux contrôles de connaissance, Rozenn s'écroula sur le lit avec l'impression de n'être plus que l'ombre d'elle-même. Elle ne pensait plus à rien, elle ressassait juste les questions en boucle dans sa tête. 

Elle prit l'oreiller que Katell avait fini par lui rendre et souffla dedans. Il fallait absolument qu'elle pense à autre chose ou bien alors elle deviendrait folle... Comme Katell entrait, elle se redressa et lui demanda comment cela s'était passé de son côté. 

— Aucune idée. 

Katell prit le livre posé sur la table de nuit tout en se débarrassant de ses chaussures afin de l'imiter. 

— Et toi ? 

Ne reconnaissant pas la couverture de l'ouvrage, Rozenn se pencha pour mieux voir le titre. Choquée, elle ouvrit la bouche. Elle n'en croyait pas ses yeux : elle lisait encore un livre en lien avec les cours !

— Katell, commença-t-elle en secouant la tête avec un sourire, comment fais-tu pour continuer à travailler après tout ça ? Surtout que le contrôle de Spiritisme est passé aujourd'hui... Tu peux te détendre, c'est terminé. 

— Je... J'aime beaucoup cette matière, le royaume des morts, tout ça... Je sais que ça peut paraître étrange mais... 

— Non, pas du tout. C'est juste que nous avons eu une journée éprouvante.

Elle se concentra de nouveau sur sa lecture et ajouta : 

— Oui, mais je veux aussi vérifier si j'ai commis des erreurs. 

Rozenn n'insista pas. Elle n'en n'avait d'ailleurs pas la force. Ses yeux n'aspiraient qu'à dormir. Elle s'enroula alors dans la couverture et accepta avec soulagement un repos bien mérité. 

~¤~

Quand elle ouvrit de nouveau les yeux, il faisait nuit et elle dormait encore. 

Pourtant, elle releva tout de même les couvertures et se leva, sans prendre le soin de couvrir ses pieds. Elle quitta la chambre alors que, épuisée, l'autre fille dormait profondément, la tête posée sur un dessin de l'Ankou. Celle-ci n'allait pas poser de problèmes... 

Aussi discrète qu'un chat, elle marchait avec calme et assurance. Inutile de courir, elle avait largement le temps d'y être. 

À son cou, l'amulette vibrait dangereusement, mais elle ne s'en préoccupait pas. Il y avait plus important et il fallait qu'elle s'y rende.

Des pas se rapprochèrent, une carrure se dressa à quelques mètres d'elle. Elle leva la main, serra le poing et relâcha son bras aussitôt le long de son corps. L'homme n'eut pas le temps de découvrir son identité qu'il s'écroulait par terre. Heureusement pour lui, aucun meuble n'était à proximité. Contre quoi se serait-il cogné sinon ? Aucune importance.

Elle continua sa route et descendit les escaliers en colimaçon. 

— Il y a quelqu'un ? 

Il tomba à son tour. Une fois dans la cour, elle fit de même avec les deux autres qui gardaient la grande porte. À son mouvement, la herse s'ouvrit sur son passage.

~¤~

Rozenn ne contrôlait plus son corps. Elle sentait que quelque chose n'était pas normal. Impuissante, tout était sombre autour d'elle. 

— Il y a quelqu'un ? s'écria-t-elle.

Comme elle avançait à l'aveugle, elle tendait les deux bras et, à chaque pas qu'elle faisait, elle tâtait le sol. Il ne manquerait plus qu'elle tombe dans le vide...

[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant