Chapitre 16 : Mauvaise interprétation (2/2)

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Rozenn grimaça. En plus d'être en hauteur, le chemin n'avait pas l'air d'être de tout repos. En fait, si tous deux arrivaient à remonter puis à descendre sans se casser une jambe, cela relèverait presque du miracle ! Du moins, était-ce ce que pensait la jeune fille. 

— Tu te sens bien ? s'enquit Egon. Tu es toute pâle. 

La bouche sèche, elle réussit à articuler : 

— Je… J'ai le vertige. Tu… Tu sais jusqu'où il va falloir monter pour la trouver ? 

— Aucune idée. La carte n'est pas précise à ce point-là. Et puis, je ne suis pas non plus certain qu'elle se trouve là-bas. Elle peut tout aussi bien se trouver dans un buisson, dans un arbre...

Il s'arrêta, l'air de réfléchir, puis reprit : 

— Je sais ce que l'on va faire. Je vais monter là-haut pendant que toi tu chercheras ici. La fiole peut très bien se trouver ici, dit-il avec un haussement d'épaules. 

— Merci, souffla-t-elle, reconnaissante.

Egon y répondit par un vague hochement de tête puis tous deux commencèrent leurs recherches respectives. Rozenn se mit alors en tête de regarder dans les buissons, sous les lits de feuilles et dans les arbres, tout en gardant un oeil sur Egon au cas où il tomberait. Mais, contrairement à elle dans cette situation, il avançait avec équilibre et assurance.

Soudain, alors qu'elle se baissait sur un terrier, elle entendit des cris rauques et étouffés derrière un buisson. Elle jeta un œil à Egon qui continuait à enjamber les obstacles qu'il y avait sur son chemin. La jeune fille se rapprocha, des feuilles tombaient par terre comme si elles étaient secouées. 

Elle passa à côté et découvrit deux petites créatures qui se battaient. Dans leur bagarre, elles se mordaient les oreilles et se pinçaient le nez pour faire fléchir l'autre. Mais rien n'y faisait : toutes les deux étaient déterminées à poursuivre leur lutte. 

Les deux créatures faisaient la même taille que les lutins. Sauf que leur tête était plus grosse, que leur peau était pleine de crasse - ce qui n'était guère étonnant étant donné qu'ils se battaient dans de la terre - et qu'ils avaient des cheveux - mal coiffés certes - sur lesquels étaient posé un chapeau. Leurs yeux étaient grands, mais ce n'était rien en comparaison de leurs oreilles et de leurs griffes pointues. 

En s'avançant d'un pas, Rozenn craqua une branche et ce fut ce qui la perdit : les deux créatures s'immobilisèrent et se tournèrent vers elle.

— C'est qui elle ? demanda l'une des créatures à son acolyte. 

Sa voix était rauque et pourtant, étant de petite taille, Rozenn aurait pensé qu'il serait doté d'une voix plus aiguë. Après tout, c'était bien le cas pour une grande majorité des lutins alors pourquoi pas pour ces créatures ? 

— Vous êtes quoi au juste ? 

— Des korrigans, déclara l'autre, avec un sourire bienveillant.

Son partenaire le frappa à l'arrière du crâne ce qui le fit tomber par terre. 

— Aie ! se plaignit-il en mettant une main griffue derrière sa tête. 

— Crétin ! Pourquoi tu lui parles ? 

— Et pourquoi je lui parlerais pas, Kar ? répliqua-t-il en se relevant. Je fais ce que je veux ! 

Soudain, alors qu'elle les détaillait, amusée par leur comportement, elle vit une fiole bleue dans la main du fameux Kar. 

— Hé mais tu as une fiole bleue ! Justement il faut… 

Elle se retourna vers Egon. Mais l'endroit où elle se trouvait ne lui permettait pas d'avoir une vue dégagée sur lui.  

[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant