Chapitre 13 : Conflits

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Rozenn n'en revenait pas : une menace, une menace qui s'adressait à tous les élèves de Deerschool ! Elle se frictionna les bras pour se réchauffer comme le vent devenait de plus en plus froid.

— À peine arrivés ici et quelqu'un veut déjà nous voir partir, commenta Erwan. 

Rozenn continuait de fixer les lettres comme pour se convaincre qu'elles étaient réelles. 

— Oui mais qui ?  

Arthur haussa les épaules.

— Si ça se trouve, il s'agit juste d'une farce. 

Rozenn se tourna vers lui pour le dévisager avec insistance : pensait-il vraiment ce qu'il disait ? Quelqu'un aurait-il pris la peine de faire tout ça juste pour rire ? Dans ce cas-là, cette personne n'avait pas de limites, et avait un humour… très particulier.

— Une très mauvaise, dans ce cas-là…, lâcha-t-elle. 

Seuls les chuchotements s'élevaient dans les airs quand retentit le claquement des talons de Gaïa Langfort. Rozenn imita les autres et se tourna en direction du château. La Directrice, accompagnée du haut chef druidique Frédéric et des quatre référents en sortaient. Et ils fonçaient droit sur eux. 

Les élèves s'écartèrent afin de leur laisser un passage jusqu'à l'origine du chaos. Arrivés devant, Rozenn observa leur réaction : Élisabeth mit une main devant sa bouche, le visage d'Ernest se durcit, Sylvain devenu très pâle se détourna du sang et Loïc se balança sur lui-même comme s'il ne parvenait pas à garder l'équilibre. Rozenn se détourna d'eux et déglutit difficilement, peu rassurée. Si même les adultes avaient peur, ils étaient mal partis…

Seule Gaïa Langfort gardait un semblant de calme. Elle lisait encore et encore la phrase, pensive. 

— Qui a fait ça ? s'enquit Frédéric en passant une main dans sa barbe poivre-sel.

Il replia une longue mèche blanche derrière son oreille et parcourut l'assemblée de ses yeux bleus. Mais en retour, il n'obtint que des haussements d'épaules.

Ernest s'éclaircit la voix :

— C'est une menace qui s'adresse à des initiés, lui rappela-t-il en s'appuyant sur le pommeau de son épée.

Alors que la Directrice avait gardé le silence jusque-là, elle se tourna vers les référents :

— Il faut que quelqu'un aille prévenir les Défenseurs. Ils doivent être au village de Folle Pensée à l'heure qu'il est.

Le druide joufflu aux longues boucles brunes qui était habillé tout en gris s'inclina.

— Je vais demander à mon apprenti d'aller les prévenir.

— Merci, Sylvain. Prenez aussi l'apprenti de Loïc avec Owen, il sera toujours mieux accompagné que tout seul.

Il acquiesça et fila, suivi de près par deux garçons. L'un avait la peau noire brûlée sur certaines parties de son corps, et portait une dague à la ceinture alors qu’il était habillé en marron comme les Vate, et l'autre était Owen Le Goff, l'apprenti-druide en robe grise qui leur avait fait la présentation du château la veille.

Ernest se rapprocha de la Directrice.

— Vous pensez que c'est une mauvaise plaisanterie ?

Mais au lieu de lui répondre, elle balaya les élèves du regard et garda le silence. À ce geste, le druide-guerrier réagit aussitôt :

— Vous pouvez vous en aller, il n'y a plus rien à voir. La situation est sous contrôle.

Sous l'initiative des druides qui les poussaient à revenir dans la cour, Rozenn s'exécuta comme les autres. Une fois les élèves à l'intérieur, la grille s'abaissa, clôturant cet événement comme si rien ne s'était passé.

[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant