Chapitre 22 : Réveil mouvementé (2/2)

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Une chose était sûre, les mesures que la Directrice avaient prises étaient loin de plaire à l'unanimité. 
Surtout chez certains professeurs : M. Courtin, désespéré, les faisait dorénavant sauter sur divers obstacles autour de l'enceinte du château, le tout sous la supervision des Défenseurs ; Mme Roffrey, furieuse, râlait à tous les cours car elle ne pouvait pas se rendre dans la forêt comme elle le voulait afin de renouveler sa collection de graines et de plantes ; M. Juhel, agacé, ne pouvait plus mettre en place les duels étant donné qu'il aurait fallu beaucoup plus d'espace pour faire passer tous ses élèves en même temps, il avait donc dû se résoudre à revenir à des cours plus traditionnels. 
Quant aux élèves, deux semaines après et le sujet faisait toujours débat :

— Je trouve cela scandaleux ! s'exclama pour la centième fois Marie. Non mais vraiment, nous empêcher de sortir, à nous, les métamorphes ! 

Rozenn pensa à la contredire : cette situation était pénible pour tout le monde, chacun était touché à sa manière. Il n'y avait qu'à voir le teint d'Erwan qui, déjà très pâle de nature, avait perdu toutes les couleurs acquises à son arrivée...

Seulement, comme elles venaient de se réconcilier après l'avoir complimenté sur sa nouvelle robe, elle n'avait pas vraiment envie de revenir au point de départ avec elle. D'autant plus que, à petite dose, Marie était plutôt agréable. Et puis, s'ils étaient tous réunis dans la chambre des garçons, c'était avant tout pour s'amuser, et non pas pour commencer une énième dispute avec elle...

— Marie, tu parles beaucoup trop fort ! lui reprocha Arthur en avançant son pion sur le plateau de jeu. Vous n'avez pas le droit d'être dans cette chambre, je vous rappelle ! 

Comme l'accès à l'extérieur leur était limité à deux promenades par jour, toutes les salles étaient prises par les élèves quand ils n'avaient pas cours. Rozenn, Egon, les jumeaux, Katell et Marie avaient donc dû se replier dans l'une de leur chambre. Et, étant donné que celle des garçons était la plus spacieuse, ils avaient opté pour celle-ci. 
Elle n'était pas parfaite, loin de là : le parquet craquait à chacun de leur pas, la fenêtre claquait à cause du courant d'air qui parvenait à se faufiler dans la pièce et ses amis avaient abandonné à leur sort leurs affaires un peu partout dans la pièce, lui donnant plus un air de débarras qu'un lieu où dormir. Mais l'essentiel était qu'ils pouvaient jouer en paix. Et puis, elle n'allait pas les juger, chacun avait sa manière de s'approprier un espace : elle, c'était les livres, et eux, les vêtements, voilà tout. 

— Vraiment, Arthur, tu es le plus grand rabat-joie qui existe au monde ! s'exaspéra Erwan en secouant la tête. Même quand on s'amuse, t'es obligé de revenir aux problèmes qui fâchent... 

— Mais je dis ça pour leur bien ! 

Erwan ouvrit la bouche dans l'intention de lui répondre mais Marie le coupa d'un geste de la main.

— C'est rien. Il a raison, je vais parler moins fort. 

Le jeu reprenait. Katell lança le dé pour la troisième fois après une suite de six et reprit :

—  Je pense pas que ça fasse bien plaisir aux loup-garous non plus. Ils vont être attachés et enfermés dans des cages, vous vous imaginez ? Espérons que ça dure pas trop longtemps... 

Rozenn hocha la tête, plus que d'accord avec elle. C'est sûr que cette situation ne pouvait pas durer pendant des mois : ils deviendraient fous à ne pas sortir... Surtout avec la belle saison qui s'annonçait. Et puis, la cour était loin de suffire pour contenir tous les habitants du château... Peut-être que c’était pour leur sécurité, mais leur santé mentale comptait tout autant. Mais bon, les adultes décidaient alors ils devaient bien savoir où ils trempaient les pieds... 

[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant