Chapitre 18 : Inconscience

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— Depuis que vous êtes arrivés ici, je vous parle des créatures. Aujourd'hui, c'est à votre tour. Et nous allons voir ce que vous avez retenu de tout ça, déclara M. Juhel. 

Rozenn échangea un regard anxieux avec Katell puis tendit la main vers sa plume.  

— Je vous arrête tout de suite. 

Elle se figea dans son geste et releva les yeux vers son visage défiguré. Il soutint son regard sans ciller quand il affirma :

— Ce ne sera pas ce type de contrôle. 

Alors qu'elle fronçait les sourcils, il se déplaça dans un coin de la pièce où était amassé un tas d'épées en bois. Il le désigna du menton. 

— Rien de mieux que la pratique. 

Il repoussa ensuite son bureau dans un bruit assourdissant qui arracha des grimaces à certains.

— Qui veut commencer ? 

Il marcha dans les rangs entre les différents bureaux, silencieux, et faisait ainsi le tour de la classe. 

— Personne, vraiment ? Je ne suis pas là pour balayer du vent, vous savez. 

Comme personne n'intervenait, il reprit : 

— Dans ce cas, puisque personne ne se décide. Je choisis M. Madec et Mlle Morvan. Allez chercher votre arme. 

Rozenn déglutit avec difficulté. Qu'attendait-il d'eux au juste ? Alors que Alaric s'avançait d'un pas décidé vers les épées, la jeune fille l'imita avec beaucoup moins d'assurance. 

Une fois près du garçon albinos, il lui en tendit une et tous deux rejoignirent le centre de la pièce où les attendait M. Juhel. 

— Le but va être de répondre à mes questions le plus rapidement possible tout en essayant d'atteindre votre adversaire. Vous n'avez pas le droit de toucher l'autre à la tête, ni d'utiliser vos mains. Par contre, pour clore ce combat, il faut que l'un de vous deux soit à terre.

Le coeur de Rozenn s'affola dans sa poitrine : combattre ? Les seules fois où elle en était venue au mains avec quelqu'un, c'était avec son frère ou avec sa sœur. Mais cela avait davantage pris la forme d’enfantillages, alors que là... 

 — Mais vous ne nous avez jamais appris à nous battre..., protesta-t-elle. 

Il se pencha vers elle.

— Que feriez-vous si demain vous vous faisiez attaquer ? 

Elle resta sans voix. 

— Je vais vous le dire, Mlle Morvan : vous seriez dans la même situation qu'aujourd'hui. Vous auriez le savoir sans l'expérience qui va avec. Je suis juste en train de reproduire une situation qui pourrait vous arriver. 

— Mais pourquoi... 

— Pourquoi je vous demande de faire ça ? La raison est simple : pour vous sauver la vie. 

Elle plissa les yeux, pas convaincue pour un sou.

— Il se trouve que si jamais le pire vous arrivait, vous ne seriez pas prête. Comme maintenant. Et dans le feu de l'action, la mémoire peut soit vous revenir avec vivacité et vous vivrez, soit vous faire défaut et vous mourrez. J'essaie juste de débloquer des mécanismes de défense automatiques, se justifia-t-il en leur tournant le dos pour rejoindre les autres élèves de la classe. 

Alaric fit un pas en arrière et empoigna davantage le manche de son épée. Avait-il déjà utilisé une arme ? Si c'était le cas, elle courait au désastre... 

[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant