Chapitre 17 : Métamorphose (2/2)

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Rozenn se frotta les yeux, fatiguée physiquement et émotionnellement.

— Je ne sais pas comment faire avec lui, avoua-t-elle à Katell alors qu'elles mangeaient leur soupe dans le réfectoire.

— Il t'a toujours pas parlé depuis hier ? s'enquit cette dernière.

Rozenn jeta un coup d'œil à Egon et les jumeaux. À dix places d'elle, ils parlaient tous les trois, même si le fils Redfern ne lâchait que des syllabes entre deux prises de bec... Elle hocha négativement la tête, résignée.

— Tu devrais lui laisser du temps. Tu pourras essayer de lui reparler quand il sera calmé. 

Katell avait raison, la colère d'Egon était trop importante encore pour pouvoir arriver à quoi que ce soit avec lui… Elle soupira et prit son bol des deux mains pour terminer ce qu’il restait.

— Et puis, ce qu'il a dit sur ton père était vraiment pas gentil, t'as le droit de lui en vouloir, tu sais ? 

— Oui. Mais c'est de ma faute aussi, c'est moi qui l'ai mis en colère, répondit-elle en haussant les épaules.

Elle ne digérait pas le comportement qu'il avait eu. Mais à chaque fois, elle arrivait à lui trouver des excuses. Peut-être parce qu'elle avait l'impression de ne pas le mériter… 

Après autant de temps à rester dans son coin toute seule, on finissait par se convaincre que le problème venait de nous. Et sa situation en était un exemple flagrant : c'est vrai, elle avait eu une seconde chance de pouvoir lier des amitiés en venant dans cette école et elle n'avait pas été capable de garder ses amis plus d'une semaine et demie… 

— Non, je suis pas d'accord. Les fautes sont partagées. Il a pas à te traiter comme ça. Il faut surtout pas que tu lui trouves des excuses, toi et ta famille vous avez le droit au respect et c'est pas ce qu'il a fait avec toi hier. Donc lui aussi il te doit des excuses. Et s'il le fait pas alors que t'es prête à lui pardonner après ce qu'il t'a dit, il te mérite pas. 

— C'est gentil, mais… 

— Il y a pas de mais qui tienne. Je veux juste que tu réfléchisses. Ne lui pardonne pas pour de mauvaises raisons. C'est pas parce qu'il a été blessé le premier qu'il doit faire comme si tout lui appartenait et s'en prendre à toi sans se remettre lui-même en question. Tu mérites mieux que ça. 

Songeuse, Rozenn hocha la tête. Katell n'avait sûrement pas tort. 

— Et puis, ça se voit que tu tiens à lui. Par contre lui, vu comment il t'a traité, on dirait pas. Il faudrait que ce soit à lui de faire un pas vers toi.

— Et tu me conseilles de faire quoi ?

— Ignore-le, fais-lui regretter son geste. 

— Et s'il ne fait rien du tout ? 

— Dans ce cas-là, t'auras évité d'être avec une personne qui te respecte pas, répliqua-t-elle avec assurance.

Une fille surgit aux côtés de Katell, essoufflée. Marie Scott. 

— Oh, tu es là ! Désolée d'avoir pris autant de temps, j'ai essayé de parler à Gwenaël mais il est tellement évasif dans ses réponses… 

Elle soupira exagérément.

— Les métamorphes sont si difficiles à approcher ! 

— Ils sont discrets, rectifia son amie. 

Katell se redressa et s'essuya les lèvres de sa manche déjà bien tachée.

— Au fait, je te présente Rozenn. Tu sais, c'est ma camarade de chambre ? Elle va rester avec nous un moment. 

Rozenn ouvrit la bouche, dans l'intention de protester, mais Katell ne la laissa pas terminer :

[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant