À ces mots, l'expression de Rozenn se décomposa. Les métamorphes se mirent en marche. L'un d'eux se jeta dans les flammes en hurlant. Peu de temps après, un deuxième le suivit dans les mêmes souffrances.
Horrifiée, Rozenn assista à la scène, impuissante. Le bûcher les faisait disparaître : ils devenaient cendres, poussières et puis, plus rien. Comme s'ils n'avaient jamais existé...
Elle tint son ventre pour contenir la bile qui menaçait de sortir et, tremblante, elle posa son front contre un arbre en soufflant. Son amulette se réchauffait contre sa peau. Bientôt, elle perdrait le contrôle et ses forces l'abandonneraient, elle le sentait. Mais il fallait tenir, les cris s'ensuivaient les uns après les autres, ils tombaient tous... Marie.
Elle se redressa et remarqua qu’Enora lui avait déjà faussé compagnie : celle-ci s'était élancée dans la mêlée afin de lui porter secours.
Imposante, elle essayait de se frayer un chemin jusqu'à elle au péril de sa vie. Rozenn se trouva obligée de la suivre. La loup-garou allait sûrement avoir besoin d'aide et elle n'allait pas rester là à observer les autres se déchirer entre eux...
Elle sauta par-dessus un corps et récupéra une corde effilochée. Au vue de son état, celle-ci avait sûrement dû être abandonnée par l'un des prisonniers. Mais cela importait peu : elle l'aiderait à retenir son amie de se tuer bêtement pour cette fameuse « bienfaitrice ».
En relevant les yeux, elle tomba sur un Démarqueur en robe blanche qui lui barrait le passage. Alors qu'il lui manquait une dent, il sourit bêtement. Elle se recula et marcha par inadvertance sur la main de la personne inconsciente...
— C'est avec ça que tu comptes te défendre ?
Elle regarda les liens entre ses doigts et grimaça. Certes, elle était loin d'être intimidante... Elle les lui lança en plein visage afin de faire diversion et tenta de s'échapper. Cependant, plus rapide que son ombre, il la tint en joue de son épée. Elle n'eut pas l'occasion d'esquisser un seul geste.
— On fait moins la fière, n'est-ce pas ?
À la fin de sa remarque, il fut propulsé contre un arbre dans un craquement sourd. Elle tourna la tête et découvrit Taverson. La main tendue qui tremblait sous la pression, il la regardait avec de gros yeux, probablement surpris de la retrouver là.
— Merci, parvint-elle à articuler avant de le planter sur place.
Comme elle ne voyait plus Enora, elle regarda autour d'elle : elle la retrouva en train de se battre contre une chimère. Elle se défendait bien, évitant à la fois les flammes, la queue et les crocs de cette créature mi-lion, mi-dragon. Cependant, pendant ce temps, Marie continuait son avancée vers le feu de joie.
Rozenn eut alors une idée : tant qu'à l'arrêter, elle se passerait de la douceur. Après tout, l'essentiel était le résultat, non ? Elle accéléra l'allure, esquiva le tir d'un couteau non loin d'elle et plaqua Marie au sol en arrivant par le côté.
Dans leur chute, Marie gémit. Autant par surprise que par douleur. Une fois à terre, elle se massa le bras qui avait amorti l'impact et commença à se relever.
Rozenn, qui reprenait difficilement son souffle, réagit aussitôt : elle se redressa, se plaça sur elle et la bloqua par les épaules. Comme brûlée par son contact, la métamorphe se débattit.
— Arrête, Marie ! Tu dois résister à son ordre.
Elle s'immobilisa et devint hystérique :
— Laisse-moi ! Je veux y aller !
Rozenn secoua la tête et se pencha sur le côté. Marie se déchaînait contre elle avec des coups qu'elle retenait à grande peine.
— Non, ce n'est pas ce que tu veux, trancha-t-elle en la confrontant du regard. Tu n'es pas toi-même, tu ne fais qu'obéir aux ordres.
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[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière
FantasiaAlors que Rozenn menait une vie presque ordinaire, elle est obligée de se rendre à Brocéliande, dans une école de magie qui accueille loups-garou, vampires, métamorphes et initiés. Très vite, des élèves se font agresser pour que l'école ferme. Mais...