Chapitre 27 : Les stigmates du passé

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Deux semaines après, la douleur avait disparu, mais les marques étaient toujours là. Tout comme les Démarqueurs près de la frontière, elles n'étaient pas décidées à s'en aller de sitôt. 

Personne ne comprenait la raison de leur présence et, pour ce qui était des nouveaux inquisiteurs, aucune information ne filtrait de la part des hommes de Taverson. 

D'ailleurs, Rozenn voyait bien qu'ils prenaient un soin particulier à ne rien divulguer : ils murmuraient entre eux, se taisaient dès qu'un élève se rapprochait et, chaque jour, ils s'enfermaient pendant des heures dans une salle de classe pour parler de sujets dont eux seuls avaient le secret. 

De leur côté, les professeurs tâchaient de faire bonne figure. Ils répondaient comme ils pouvaient aux nombreuses questions des élèves. Mais, le plus souvent, ils les esquivaient en les noyant de devoirs : les contrôles de connaissance se rapprochant, la diversion était parfaite...

Débordée, Rozenn avait donc dû mettre de côté ses recherches personnelles. De toute manière, elle avait bien vu que cela ne la menait nulle part : sans preuve supplémentaire, difficile de savoir ce qu'il fallait chercher exactement... Et, comme ils ne pouvaient toujours pas se rendre dans la forêt, impossible pour elle de vérifier son hypothèse.

Elle et ses amis passaient donc le plus clair de leur temps à la bibliothèque afin de revoir toutes leurs notions. 

— Je ne vois pas l'intérêt du cours de Spiritisme..., soupira Erwan.

Pour une fois, et à la surprise de tous, Arthur ne le contredit pas. Concentré à terminer un devoir, il ne prit même pas la peine de lever les yeux. 

Il avait toujours pris son travail à cœur. Cependant ces derniers temps, il était devenu moins bavard : il ne leur adressait pas plus de dix syllabes par jour, et encore... 

Rozenn ne voulait pas le brusquer. Entre l'attaque, les douleurs dans sa jambe et la fatigue des dernières semaines, il avait des raisons de ne pas être au mieux de sa forme. Toutefois, elle ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter. Elle se doutait que, même s'il n'en disait rien, cela devait le travailler de l'intérieur... 

— Arthur ? l'appela son jumeau. 

Ce dernier sursauta et frotta ses paupières rougies de fatigue. 

— Désolé, que disais-tu ? 

— Tu es sûr que tu te sens bien ? s'enquit Rozenn. 

Il replongea la tête dans son document et rétorqua :

— Oui, pourquoi cela n'irait-il pas ? Je suis juste occupé par les cours. Comme vous devriez l'être, d'ailleurs... 

Rozenn, Egon et Erwan échangèrent un regard entendu. Après un moment, Egon poursuivit :

— Arthur, tu aurais des raisons de ne pas être bien et tu nous inquiètes... 

— Arrêtez ! se plaignit-il alors que sa voix tremblait. Je veux que vous arrêtiez de faire ça, de... de me regarder comme si j'allais me briser d'une minute à l'autre... Je ne suis pas en sucre, alors occupez-vous de vos affaires. S'il-vous-plaît. 

— NON MAIS JE RÊVE ! 

Ils sursautèrent. Clarisse surgit derrière le dos de Rozenn. 

— Que comprenez-vous quand je dis de ne faire aucun bruit ? Vous avez décidé de devenir Ulysse et de mettre de la cire dans vos oreilles ? Je ne vois que ça étant donné que je passe ma vie à répéter la même phrase à lonnngueur de journée ! Et même là, je ne sais pas comment vous faites pour ne pas comprendre : j'ai accroché des papiers dans toute la pièce ! Alors ? Expliquez-vous !

[T.1] Les Sentinelles de l'Ombre : L'Ascension De La Sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant