- II -

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Hayleen

Je lève les yeux sur le bâtiment. Un énorme néon sur la façade affiche le nom de la boîte de nuit en rouge.

Red Light.

Je hausse les sourcils.

Je parie qu'il n'y a que des néons rouges, là-dedans...

Mon regard se pose sur la petite carte de visite que m'a donnée Nikolaï hier. Je ferme ensuite les yeux en prenant une profonde inspiration. Je jette un dernier coup d'œil à mon portable, pour m'assurer qu'il est bien sur vibreur.

Dix-neuf heures trente... C'est l'heure, Leen.

Je range mon téléphone dans la poche de ma veste, puis je m'avance jusqu'à la porte d'entrée. Un immense colosse en costume me dévisage, les bras croisés sur son torse. Je prends alors ma voix la plus assurée.

— Bonsoir, je suis venue pour un entretien d'embauche. J'avais prévenu Niko...

— C'est bon, je suis au courant, tranche-t-il. Entre.

Trop aimable.

Sans demander mon reste, je franchis le seuil du night-club.

C'est sans grand étonnement que je me vois accueillie par une vive lueur rouge, projetée par des dizaines de néons fixés aux murs et aux plafonds. Le rez-de-chaussée est composé d'une immense piste de danse, et d'un comptoir tout aussi immense qui se dresse contre un pan de mur décoré de bouteilles en tous genres. Des escaliers en colimaçon mènent à l'étage, qui n'est ni plus ni moins qu'un immense balcon surplombant la piste, où se dressent les tables et fauteuils de cuir noir. L'endroit arbore un style industriel, avec ses rambardes et descentes de fer forgé.

La musique qui me vrille les tympans n'est rien de plus qu'un amas de boom boom. Les basses sont si fortes que la mélodie en est inaudible.

Si je suis embauchée, je vais devoir racheter une usine de Doliprane...

Je plaque mes mains contre mes oreilles en me faufilant dans la foule, déjà bien excitée malgré l'heure précoce. Je cherche Nikolaï du regard, quand je réalise qu'il ne m'a pas précisé quel poste il occupe. Et évidemment, je n'ai pas pensé à demander.

Mon regard passe de visage en visage, à la recherche de ce regard noir qui caractérise tant mon ancien bourreau de lycée. En vain.

Il y a trop de monde, je me sens oppressée.

Mon cœur s'emballe à mesure que la foule se resserre autour de moi. À savoir que je ne suis pas adepte de la populace. Moins il y a de monde, mieux je me porte.

Je sens pointer une crise de nerfs à force de me faire bousculer, mon sang bat si fort contre mes tympans qu'il couvre presque le vacarme craché par les caissons. Tout se met petit à petit à tourner, et une violente envie de vomir me retourne l'estomac, en cadence avec les ballottements que m'imposent les gens. Le soulagement se répand dans mes tripes, telle une douce chaleur réconfortante, lorsqu'on me tire par le bras. Je ne rechigne pas, puisque la personne qui m'a attrapée semble vouloir m'extraire de ce troupeau beaucoup trop compact.

Une fois hors de l'amas humain, je découvre enfin le visage de mon sauveur. Une grimace exaspérée déforme aussitôt mes traits, tandis que je lâche un soupir blasé.

Dites-moi que je rêve.

La bouche de Nikolaï s'agite, probablement pour me dire quelque chose, mais je lui fais signe que je ne l'entends pas. La musique est beaucoup trop forte, ce qui m'empêche de comprendre ses paroles. Il hausse les épaules avant de me prendre la main. Il me tire à nouveau à sa suite jusqu'à déboucher dans un couloir insonorisé, caché derrière le comptoir. Seules les basses persistantes nous parviennent encore.

Red Light - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant