Red Light - Tome 1

- XVI -

Hayleen

Nous pénétrons dans la boîte, déjà bien peuplée, puis nous nous dirigeons vers le bar, où Keida nous fait de grands signes de bras. Je serre les dents pour ne pas me laisser submerger par mes émotions, alors que la foule se referme sur nous. À chaque bousculade, j'ai l'impression que ce sont mes organes qui se font comprimer entre deux corps.

— El Mexicano est déjà arrivé, Nikochou, informe Keida.

Nikolaï prend un air des plus blasés, et se retient de la reprendre quant à l'utilisation de ce surnom ridicule. Je pouffe de rire tandis que Keida pose ses yeux sur moi. Ou plutôt, ses yeux tombent sur moi. Ils pourraient rouler de leurs orbites tant elle les ouvre en grand.

— Leen ?! Mais t'es magnifique !

Elle contourne le comptoir pour me rejoindre tandis que Nikolaï se penche sur ce dernier pour attraper une bouteille de rhum et une paire de verres. Je me fais secouer dans tous les sens, c'est limite si Keida ne soulève pas ma robe pour vérifier si j'ai assorti mes sous-vêtements à cette dernière. Autant d'attention me gêne, je sens mes joues qui rougissent, et je suis heureuse qu'on ne puisse pas le voir grâce aux néons écarlates. Je finis par soupirer en secouant la tête.

— Kei, je t'en prie arrête, supplié-je avec des pupilles de golden retriever. J'ai déjà l'impression d'être à poil, tu n'es pas obligée de me regarder de tous les côtés comme ça.

Elle glousse en se retirant de mon espace vital, et je soupire une nouvelle fois.

— Ta cible est dans le fond, à côté de la piste de danse, m'explique-t-elle. Il est à une table contre un mur, tu ne pourras pas le louper.

J'acquiesce d'un signe de tête, quand je sens qu'on tire sur la manche de ma veste en cuir. Nikolaï est en train de la faire glisser de mes épaules. Je me crispe en essayant de récupérer mon vêtement, mais il le fourre dans un compartiment derrière le bar.

— Tu dois attirer son attention, Hay, râle-t-il. Donc mets toutes tes chances de ton côté, tu veux ?

— Mais j'ai froid ! hurlé-je par-dessus la musique assourdissante.

— Ça tombe bien, je t'ai servi un verre.

Joignant le geste à la parole, il pousse un fond de rhum sur la surface du bar, et garde le deuxième verre pour lui. Je fronce les sourcils en attrapant ma boisson, que je vide d'une traite. Je me penche ensuite sur Nikolaï pour m'emparer de la sienne, que j'avale à la même vitesse que la première.

— Tu sais combien coûte cet alcool, Hay ? grogne-t-il sur un ton dur, le visage crispé.

— Je n'en ai rien à foutre, bouffon, rétorqué-je. Tu veux que je drague un mec pour que tu puisses le coincer ? Bah vaut mieux que je sois sous alcool, parce que sinon ça foirera, tu peux en être sûr. Je n'ai jamais réussi à séduire quoi que ce soit, pas même un pot de fleur.

— Ne raconte pas de conneries, chaton. Jusqu'à preuve du contraire, tu m'as bien attiré dans ton lit, moi, susurre-t-il.

Mon regard devient assassin alors que je me mords la lèvre inférieure pour ne pas péter un câble. Comme si les dégâts qu'il avait faits n'avaient pas suffi, il faut aussi qu'il remue le couteau dans la plaie en me rappelant cette erreur dont je n'arrive déjà pas à me défaire.

Mes poings se serrent d'eux-même, et je me fais violence pour ne pas en envoyer un s'écraser contre sa mâchoire. Il suffirait d'un mot supplémentaire. Et je jure que même ses excréments ne reconnaîtront plus le trou par lequel ils sont passés.