- XXIX -

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Hayleen

— Pourquoi ils ont avancé la date ? demande Nikolaï.

Il me dévisage comme si j'avais la réponse à sa question, les sourcils froncés et les mains jointes devant sa bouche.

— Je n'en sais rien, Reed, soupiré-je en descendant du plan de travail, sur lequel je me suis hissée quelques minutes plus tôt. Je te rappelle que c'est ton monde, pas le mien.

Je le vois se crisper à mes mots, ce qui me fait arquer un sourcil.

Ce n'est pourtant pas un scoop...

Je décide d'ignorer sa réaction et me dirige vers le frigo pour m'emparer d'une petite bouteille d'eau.

— J'ai prévenu Isaac, nous partons demain soir, déclare enfin Nikolaï. Je vais t'apprendre à te servir d'une arme à feu.

Mes doigts se resserrent autour de ma boisson, tandis que je déglutis. Le fait qu'il veuille à tout prix m'apprendre ça avant d'aller au gala ne me dit rien qui vaille. J'avais donc vu juste. Je serai entourée de son monde. De criminels. De fous furieux avides de chair fraîche.

Nikolaï relève les yeux de son verre de rhum pour les planter dans les miens quand il m'entend maltraiter le plastique de ma bouteille. Et ce que je discerne dans son regard me réchauffe, l'espace d'un instant. Une lueur protectrice illumine ses ténèbres et font vibrer mon âme, qui se sent en sécurité quand la sienne est dans les parages.

— Ça ne va pas ?

— Je n'aime pas les armes à feu, grimacé-je.

— Personne ne les aime, Hay. C'est simplement une nécessité. Je ne pourrai pas être constamment collé à ton cul, il faut que tu saches te défendre.

***

Nikolaï

C'est faux.

Putain, je lui collerai au train toute la soirée, juste pour m'assurer qu'elle va bien. Mais je ne veux pas qu'elle se repose sur moi. Je la connais. Elle a autant de fierté qu'un bonhomme. Elle ne veut pas être protégée. Et je vois à son expression que l'idée ne l'enchante guère. Ce que je conçois.

— Écoute, commencé-je en pivotant sur ma chaise pour lui faire face. Je t'ai déjà appris à manier un couteau. Mais ce n'est pas toujours efficace. Je veux que tu sois capable de te servir d'un flingue si tu n'as pas d'autre alternative.

Elle hoche la tête en silence, puis desserre ses doigts sur la pauvre bouteille.

— Maintenant suis-moi, ordonné-je en finissant mon verre d'une traite avant de descendre de ma chaise. Je vais t'apprendre les bases.

Elle s'exécute, sans un mot. Pour mon plus grand malheur. Depuis que je l'ai rejetée, elle est moins loquace. Et le peu de fois où elle daigne m'adresser la parole, c'est pour le boulot ou pour m'insulter. Je vous laisse deviner laquelle de ces deux options est ma préférée...

Je l'entraîne jusqu'au fond du jardin, où se trouve un stand de tir, qu'elle n'a jamais dû remarquer vu les soucoupes qui remplacent ses habituels yeux vairons. Et pour cause, je ne voulais pas que ce soit à la vue de tous, j'ai donc fait en sorte que la végétation camoufle l'endroit.

— Tu veux m'apprendre à tirer dans le noir ?

— Tu sais que l'électricité y'en a partout, rassure-moi ? raillé-je.

Red Light - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant