Red Light - Tome 1

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Hayleen

— On est presque arrivés ?

Je lève les yeux au ciel, exaspérée.

— Non, Isaac... soupiré-je en fixant la route face à moi. On n'est même pas encore sortis de Hempstead, et ça fait seulement cinq minutes qu'on roule...

Un long soupir se fait entendre sur la banquette arrière. Je jette alors un coup d'œil sur ma gauche pour toiser Nikolaï en silence. Ses mèches brunes se bataillent sur son front et surplombent son regard concentré qui ne quitte pas la route. Une main sur le volant, l'autre servant d'appui pour sa tête, il semble comme enfermé dans sa bulle. Lui qui pourtant ne manquerait pas une occasion d'envoyer bouler Isaac. Il semble préoccupé.

Sans doute à cause de ce changement de date soudain.

Je me mets à y songer à mon tour. Nikolaï a dit par le passé qu'Ignis s'intéressait à moi. Donc, à moins qu'il ne se soit trompé, le décalage du gala n'a probablement rien d'innocent, puisque le futur chef du groupe venait tout juste d'apprendre ma présence, quand on m'a informée de la modification. Et au vu de leur influence, ils ont pu faire pression pour avancer la date.

Quand je tourne à nouveau la tête vers Nikolaï, j'ouvre la bouche pour lui partager mes suppositions, mais suis interrompue par un son en provenance de mon téléphone, qui m'annonce l'arrivée d'un SMS.

Figée dans mes mouvements, je fronce les sourcils.

Qui ça peut bien être ?

Je prie très fort pour que ce ne soit pas Keida qui m'informe que Shane se trimballe à poil dans la rue et bourré. Je sors mon portable de ma poche d'une main tremblante, et fixe l'écran noir pendant de longues secondes, hésitant à jeter l'appareil par la fenêtre et faire la morte.

— Bah alors ? intervient Isaac. T'attends quoi pour lire le message ?

Sa tête fait irruption entre les deux sièges à l'avant du véhicule, et me sort de mes spéculations dans un violent sursaut.

— Ne me fais pas des trucs pareils, abruti ! m'insurgé-je.

Je lui donne une tape sur le front avant d'enfin déverrouiller mon téléphone. Mon teint doit sans doute perdre plusieurs teintes, si j'en juge par le regard inquiet que me jette Nikolaï, tout en gardant un œil sur la route.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquiert ce dernier. Hay, t'as une tête bizarre.

Et pour cause. L'auteur du SMS n'est nul autre que mon cher paternel.

[Michael :

Salut, Hay. Tu es libre ce week-end ? Je voulais qu'on passe un peu de temps ensemble. Histoire de repartir à zéro.]

Je ne réprime pas la grimace qui déforme mes traits.

Repartir à zéro ? Et puis quoi, encore ?

Les pouces suspendus au-dessus de mon écran, je m'apprête à lui rédiger ma réponse la plus courtoise, quand un détail me frappe et fige mes gestes, une fois de plus.

— Reed ?

— Mh ?

— Mon père n'est pas au courant pour Montauk ? demandé-je, les sourcils relevés.

Ses traits se crispent aussi sec.

— Éteins ton portable, Hay.

— Pourquoi ?