Red Light - Tome 1

- XXXIII -

Hayleen

— Papa ! appelé-je. Regarde, j'ai cueilli des fleurs pour la tombe de maman !

Mon papa se retourne, il a l'air fâché. Qu'est-ce que j'ai encore fait ?

— Hay, ça ne sert à rien, arrête avec ces conneries.

Je fronce les sourcils, ma lèvre inférieure commence à trembler.

— Mais papa...

— Ne discute pas ! grogne-t-il.

Papa fait un grand pas vers moi puis m'arrache les fleurs des mains pour les jeter au sol. Il les écrase d'un geste ferme, avant de m'attraper par le bras. Il serre fort. J'ai mal.

— Maintenant, écoute-moi bien.

Sa voix est comme le grondement d'un monstre, j'ai envie de plaquer mes mains sur mes oreilles pour ne plus l'entendre. Le regard dans le vide, je reste immobile, j'attends que papa ait fini de me disputer.

— Tu vas retourner dans ta chambre pour apprendre tes leçons, c'est bien clair ? ordonne-t-il en serrant un peu plus fort mon bras, ce qui me fait grimacer. Ta mère n'a pas su se battre pour sa vie, passe à autre chose, maintenant. À moins que tu ne sois aussi faible qu'elle.

Papa se rapproche de moi, son visage énervé trop près du mien.

— Auquel cas tu m'es inutile et tu peux rejoindre ta salope de mère.

Je ne vois plus rien, mes larmes brouillent ma vue, mes mains tremblent et je n'entends plus rien d'autre que ma voix éraillée par mes pleurs. Papa a souvent été méchant, mais j'ai toujours pensé que c'était son travail qui l'énervait. Depuis que maman est partie, je comprends peu à peu que ça n'a rien à voir.

Papa est méchant.

— Mais... Mais papa... Ma... Maman... Elle était forte...

— Ta mère n'était rien de plus qu'une lâche, Hay, crache-t-il avec froideur, en me regardant d'un air mauvais. Et si tu ne veux pas finir comme elle, je te conseille vivement d'arrêter tes pleurnicheries. Il n'y a pas de place pour ces niaiseries. Ta génitrice a canné, tourne la page et réussis là où elle a échoué. Vis. Et surtout, arrête de me casser les couilles à tout bout de champ.

Il se redresse en me toisant comme si j'étais le caca tout frais de son rottweiler et que je le dégoûtais.

— File dans ta chambre pour étudier, je t'appellerai pour le dîner.

Ce soir-là je n'ai pas dîné. Mon père est parti en déplacement.

***

— Alors, ce contrôle ? demande mon père, d'un air détaché.

— J'ai eu dix-sept et demi sur vingt, papa.

— Ce n'est pas assez.

— Mais... commencé-je.

Mon père se lève d'un bond, et renverse sa chaise de bureau derrière lui, dans un vacarme assourdissant.

— Il n'y a pas de « mais » , Hay ! me coupe-t-il. T'es une putain d'incapable ! Ce n'est pourtant pas compliqué d'apprendre par cœur et de recracher sur une copie !

Je recule sous l'effet de la peur que m'inspire son aura menaçante, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Il me regarde d'un œil mauvais, le même que celui qu'il arbore lorsqu'il reçoit de mauvaises nouvelles du travail.