- XXIII -

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Hayleen

J'ai merdé. Mais genre, j'ai merdé grave. Je l'ai laissé franchir les limites que je m'étais juré de ne jamais dépasser. Et j'ai aimé ça. Pire, j'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais.

Je grimace quand je constate que Nikolaï ne quitte plus mes pensées depuis hier soir.

T'as complètement vrillé, ma pauvre Hayleen...

J'ai tout tenté pour qu'il sorte de mon crâne. Lecture, natation, promenade en moto pendant des heures... Mais non. Monsieur a décidé d'emménager dans ma tête et n'a pas l'air près de partir.

Je finis de me préparer dans un rire cynique. Quand je sors de la maison, je suis ravie de voir la Camaro qui m'attend déjà au bout de l'allée. Perchée sur mes New Rocks, habillée d'un short en jean et d'un crop-top, j'accueille avec plaisir la douce brise estivale qui me caresse les côtes.

— T'as été longue à te préparer ! râle Shane. J'ai cru qu'on devrait t'attendre jusqu'à demain !

Je réponds à la remarque de mon meilleur ami en lui tirant la langue, avant de saluer Keida, installée à l'arrière. Grâce au nombre d'heures supplémentaires incalculable qu'elle a effectué le mois dernier, elle passe plus de temps en repos qu'au travail.

— Salut, Kei ! lancé-je en me retournant sur mon siège tandis que Shane s'introduit dans la circulation. Ça ne te dérange pas qu'on aille au Red Light ? T'es en repos, tu aurais peut-être préféré...

— Il nous faut un endroit où tu te sens en confiance, ma belle, me coupe-t-elle en prenant un air sévère. Et la seule boîte à pouvoir t'offrir ce sentiment, c'est justement celle de Nikochou.

Je pouffe de rire devant ce surnom qu'il exècre tant.

Nikochou ? répète Shane en faisant une moue écœurée. Sérieux, je ne peux pas blairer ce gars, mais là je le plains s'il doit porter ce surnom ridicule.

— Il n'a pas vraiment le choix, renchérit Keida. Je l'appelle comme ça depuis des années, c'est à peine si je me souviens de son vrai prénom !

— N'abuse pas, Kei, tu n'en es pas si loin, rigolé-je.

Nous continuons de discuter de tout et de rien jusqu'à atteindre le Red Light. À l'intérieur, les enceintes crachent plus fort qu'il ne faudrait, les néons rouges m'agressent la rétine et la forte odeur de transpiration me retourne l'estomac. Quand mes deux amis jettent un œil dans ma direction, je les gratifie d'une grimace. J'ai beau connaître ce lieu par cœur, mon ventre fait des nœuds et mes intestins ressemblent à un scoubidou.

— Soirée raclette, ça ne vous dit pas ? C'est bien aussi, la raclette...

Keida secoue la tête en faisant une moue désespérée avant de m'agripper le bras pour me tirer jusqu'au bar. Un homme que j'ai eu l'occasion de croiser une ou deux fois occupe sa place, nous offre un accueil chaleureux.

— Salut, ma beauté ! crie-t-il par-dessus les basses à l'intention de Keida. Je te sers quoi ?

Elle lui rend son sourire en se penchant par-dessus le comptoir pour lui communiquer notre commande. Je me retrouve donc avec un bon verre de rhum, Keida une vodka et Shane une bière. Le barman en profite pour se présenter quand il me tend ma boisson.

— Tu dois être Hayleen, je suis Tommy ! Ravi de te rencontrer !

Je le gratifie d'un sourire poli, tandis que ses iris gris semblent me sonder. Ses cheveux blonds en bataille lui donnent un air sauvage qui s'accorde à la perfection avec son teint mat. Très vite mal à l'aise, je me concentre sur ma boisson avant de me voir entraînée sur la piste par Keida.

Red Light - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant