- IV -

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Hayleen

— T'es en retard, constate Nikolaï d'un ton dénué d'émotion.

— Bonjour, non ?

Je toise mon nouveau patron d'un œil noir.

— Change de ton, je suis ton supérieur Hay.

Je lève les yeux au ciel dans un soupir exaspéré.

— La seule chose dans laquelle tu es supérieur c'est dans le casse-couillisme, lancé-je avec un air de défi.

Nikolaï me lance un regard froid, et sa mâchoire se contracte. Il déglutit, comme pour ravaler les insultes qui semblent lui brûler la langue. J'incline la tête sur le côté, les mains sur mes hanches.

Ses iris noirs détaillent ma tenue sans scrupule, et s'attardent là où ils n'en ont pas besoin. Je suis habillée d'un jean cargo noir, d'un débardeur à l'effigie du groupe Bullet For My Valentine, et de mes New Rocks aux semelles archi-épaisses et archi-lourdes.

— Ça va, la vue te satisfait ? grogné-je. Ou tu veux peut-être que je me déshabille ?

Ses prunelles s'ancrent aux miennes alors qu'il se rapproche, me forçant à lever la tête pour maintenir le contact visuel. Je ne bouge pas, tandis que son corps se colle contre le mien.

Je dois mobiliser toute ma volonté pour ne pas céder aux pulsions qui rampent dans mes veines brûlantes. Sa simple présence réveille en moi un brasier incontrôlable, qui menace de faire fondre mes barrières.

Son but est de me faire flancher, de m'intimider. De mon côté, mon objectif est de le faire craquer en premier. Car il est hors de question que je tombe à nouveau dans le panneau.

Tu perdras à ton propre jeu, Reed.

Nikolaï plisse les yeux, et un sourire en coin se dessine sur ses lèvres. Il écarte une mèche de mes cheveux pour la placer derrière mon oreille, puis il se penche sur moi. Sa respiration caresse ma peau en la parsemant de frissons.

— Non, Hay, murmure-t-il contre mon oreille. Non, je ne veux pas que tu te déshabilles. Je veux le faire moi-même.

Ne pas réagir.

Son souffle chatouille alors mon cartilage.

Ne pas réagir.

Sa langue redessine ensuite le bord de mon oreille, elle glisse sur ma peau en partant de mon lobe pour remonter dans une lenteur mortelle.

NE. PAS. RÉAGIR.

Il se met à mordiller  la zone érogène, et mon corps se tend aussitôt. De ma mâchoire à mes poings qui se referment, mes ongles se plantant férocement dans mes paumes. De mes muscles contractés à mon menton fièrement relevé. Je ferme les paupières en me maudissant d'être aussi sensible à son contact.

Pourquoi suis-je si faible ? Pourquoi avec lui ?

Mes entrailles se tordent dans tous les sens, et mon bas-ventre semble vouloir une chose que je me refuse à désirer : le bouffon qui se trouve contre moi. Je rêverais qu'il se décide à assouvir mes besoins, et pourtant jamais je ne m'y autoriserais.

Tout mon corps est en ébullition, la chaleur qui émane de lui remue mes pensées et les rend contradictoires, lubriques. L'air me manque, comme si Nikolaï me le volait. Alors que je sais que c'est simplement sa présence qui m'embrase, qui m'étouffe. Six ans plus tard, je pensais avoir été anesthésiée. Quelle cruelle découverte que celle d'être encore aussi sensible à son charme.

Red Light - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant